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Le travail est-il une valeur ?

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Par   •  24 Mars 2020  •  Dissertation  •  4 847 Mots (20 Pages)  •  1 258 Vues

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Le travail est-il une valeur ?

 

  "ce qui est détestable dans la gauche c'est : "Mais tu ne fais pas ça pour l'argent ! Tu es un homme qui aime les hommes toi ! " […] Si je faisais pas ça pour l'argent je serais un grand névrosé!". "Moi je n'aime pas dans la gauche la désertion de l'individualité, et puis de ne pas voir la nature humaine telle qu'elle est ! […] Tu peux adorer ton métier mais vouloir d'une récompense concrète. Tu peux avoir besoin d'avoir ta paye !".

Dans cet interview à C à vous en décembre 2013, Fabrice Luchini dans une de ses diatribes politiques qui lui sont familières s’oppose à l'hypocrisie d’une “certaine gauche culturelle” qui ferait du travail une valeur suprême, suffisante-à elle même, qui inciterait voire obligerait moralement l’individu à se passer de son salaire par pure humanisme. Lui au contraire souligne ses origines modestes pour rappeler que le salaire reste une motivation première de son travail :  “ tous les soirs on comptait la caisse” ( dans l’épicerie de ses parents).

La question est donc de se comment peut-on en arriver à se demander si le travail, activité fondamentalement contraignante, a une valeur en soi qui ferait que l’on pourrait se passer de la récompense associé à ce travail et si la jouissance personnelle de son salaire serait  dévalorisée dans notre société.

Il faut tout d’abord à venir à la définition même du travail, qui regroupe une grande variété de situations.

Définition des termes :

1-        D’un point de vue philosophique : On peut penser le travail comme le moyen à la disposition de l’homme pour transformer la nature et satisfaire ses besoins. C’est ce qui a contribué à l’homme de sortir de l’état de nature.

2-  Il nous faut donc une définition plus concrète et actuelle : Le travail c’est l’activité productrice de bien et de services dont le but est de satisfaire les besoins et/ou désirs des autres qui sont susceptibles d'acheter ou d'exiger le produit du travail. Il s’oppose ainsi aux activités de loisir dont le but est de se satisfaire soi-même et des activités domestiques gratuites qui concernent la famille et les proches.

On pense bien sur à l’ouvrier dans une usine automobile, à l’employé de bureau mais aussi à l’auto entrepreneur, l’artiste, le “ gamer” qui vit de ses vidéos de stream, le fonctionnaire, l’employé d’Amazon . Malgré la grande diversité des situations,, toutes ces personnes en un commun le fait se lever chaque matin ( ou se coucher tard le soir ) pour exercer une activité qui va servir à la société, ils ont tout une direction à suivre.

C’est bien cette idée de sens, de direction qui est au coeur de l’étymologie du terme même de travail. Ce terme ne viendrait ainsi pas de tripalium (= instrument de torture) mais de trabajar (en espagnol) sous entendant une idée de « tension vers un but rencontrant une résistance ».

On peut donc penser le travail comme la capacité de l’homme à se choisir librement et rationnellement une activité, un but exigeant mais valorisant et de s’y consacrer avec constance et  abnégation.

Concernant le terme valeur, on peut tout d’abord le conceptualiser d’une manière très concrète : C’est ce que rapporte une chose à son propriétaire ou à celui à qui elle est attribuée : combien ca vaut ? combien ca coute ? C’est la caisse que Fabrice Luchini évoquait dans l’interview de C à vous.

La valeur, c’est aussi: le sens que l’on donne à notre existence,  la fin universelle de la vie pour soi et les autres. Il existe deux domaines « axiologiques », c’est à dire relevant du monde des valeurs: l’éthique (la justification ou le jugement d’une éthique) et l’esthétique (la critique du goût).

Le terme valeur institue donc une relation entre l’individu et la société dans lequel il vit. La notion de valeur est donc complexe car subjective. Ainsi toute valeur est par nature excluante. De plus pour qu’il y ait valeur, il faut qu’il y ait choix et l’on ne peut parler de choix pour ce qui est une nécessité. A plus forte raison, encore moins pour ce qui pourrait devenir une contrainte.

C’est tout la problématique de lier travail et valeur :

C’est se demander pourquoi toutes ces personnes que j’ai décrites tout à l’heure, quelque soit leur contraintes et motivations personnelles,  se lèvent  chaque matin pour travailler.

Réfléchir si le travail a une valeur c'est s’interroger sur sa finalité hors de lui-même : valeur au sens économique :  le salaire et donc le loisir, l’auto subsistance. Poesis : le travail pour subvenir au besOin

Dire que le travail est une valeur (valeur-travail) c’est réfléchir à la valeur inhérente du travail pour lui même : la valeur au sens de l’éthique et de l’esthétique : Praxis  “Mais tu ne fais pas ça pour l'argent “

Si on revient à une conception spinozienne de la valeur: c’est le désir qui engendre la valeur. il faut se demander ce que sont les désirs qui pousseraient les hommes à travailler. De quelle façon l’homme s’accomplit-il par le travail ? Qu’est ce qu’il y cherche plus que la subsistance de ses besoin vitaux ?

Or aujourd’hui,  malgré le progrès technologique et social, le travail garde une place très importante dans notre société, que ce soit dans le temps (35 heures), dans l’espace (quartier de la Défence etc), dans la représentation des individus eux-mêmes, dans la politique… Cela nous amène à nous demander si le travail résulte nécessairement d’un choix délibéré qui contribuerait à émanciper et humaniser l’individu.  Ce slogan de 1968 : métro boulot dodo » souligne en effet le caractère englobant du travail qui par sa monotonie et son aspect sans issu semble emprisonner l’individu.  

Problématique :

Sommes-nous condamnés à perdre notre vie  à la gagner ?

Il s’agit de s’interroger sur les conditions sociales d’exercice du travail : peut-on considérer que le travail est en soi un acte libre mais exigeant à travers laquelle l’homme s’émancipe et se réalise au service des autres  ? Ou n’est il devenu qu’une activité contrainte et nécessaire, expression d’un rapport de force de domination et d’exploitation qui conduit à la déshumanisation de l’individu et à la perte de sens de son existence ?

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