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Le travail est-il toujours une valeur fondamentale ?

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Par   •  5 Mars 2013  •  4 153 Mots (17 Pages)  •  1 890 Vues

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Le travail

Le travail est-il toujours une valeur fondamentale ?

Introduction

Tripalium : instrument de torture. Telle est l'origine du mot travail.

On comprend alors que ce dernier n'a pas toujours eu la connotation positive que notre société lui prête aujourd'hui.

Résidu du pêché dans la tradition biblique, l’homme est condamné à travailler pour avoir commis le péché originel, la travail signait donc le malheur des hommes dans le monde .

Dans l'Antiquité, il était réservé aux esclaves, au Moyen-Âge, il était affaire de serfs et de vilains et, pour un noble, travailler revenait à déroger à sa condition, travailler était un signe d’abaissement voire d’indignité sociale.

Mais avec l'approche de la révolution industrielle nous assistons à une valorisation du travail.

Dès le xvie siècle, le travail qui amène la richesse devient pour les protestants le signe de l'élection divine, si on suit l'analyse de Max Weber.

Le regard porté sur le travail se modifie : il devient un mode normal d’insertion sociale.

Au xviiie siècle, Adam Smith place le travail au centre de l'activité humaine, il voit en lui l'origine de l'enrichissement collectif, et dans sa division la cause principale de la croissance économique.

Dès lors, le travail se trouve valorisé ; que ce soit dans la paysannerie, la classe ouvrière ou la bourgeoisie, c'est désormais celui qui ne travaille pas, le « fainéant », qui n'attire que mépris et mise à l'écart. C’est pourquoi, fait exceptionnel dans l’histoire des civilisations, même les classes dominantes se résolvent progressivement à renonce à l’oisiveté en Occident.

Le travail est ainsi devenu une valeur fondamentale de notre société. Par « valeur », on entendra un grand principe d'ordre généralement moral qui dicte la conduite des hommes en leur donnant une idée du « bien » et du « mal ».

Les valeurs finissent par s'imposer aux individus comme des évidences incontournables et forment un système global qui correspond aux idéaux que se donne une société.

Depuis la fin du xviiie siècle, le travail s'est hissé tout en haut dans la hiérarchie des valeurs, auprès de nos grands principes (liberté, égalité, solidarité, etc.) et des valeurs familiales.

En outre, l’extension au 19ème a étendu la valeur travail dans toutes les couches sociales. Travailler devient l’occupation sociale normale et intégratirce : c’est pourquoi les femmes vont revendiquer au 20ème l’accès au travail comme une forme d’émancipation. « travailler rend libre » notait Hegel au début du 19ème.

Néanmoins, les évolutions qu'a connues notre société, devenue une société de consommation au sein de laquelle se développent les principes hédonistes, remettent en cause le rôle du travail qui, de plus, se raréfie (chômage de masse depuis les années 1970) et change de nature.

Ces évolutions posent la question de la place qu'occupe désormais le travail dans notre société. Est-il toujours une valeur fondamentale ? Nous verrons que si le travail a perdu de son importance dans notre société et qu'il connaît des transformations de nature à remettre en cause sa place première dans la hiérarchie des valeurs, il conserve cependant une place essentielle.

I. Le travail a perdu de son importance dans notre société…

A. L'avènement de la société de consommation a remis en cause le rôle du travail et amené une perte de valeur

À partir de la révolution industrielle, le travail a été considéré comme le pourvoyeur de tous les biens et services utiles à l'homme.

Le travail est alors condition de prospérité tant individuelle que collective.

Même le capital utile pour produire était considéré comme du « travail cristallisé » (pour Ricardo) ou bien encore comme du « travail mort » (pour Marx).

À une époque où le niveau de vie était très bas, se procurer le minimum pour vivre devenait une nécessité absolue que, pour beaucoup, seul le travail pouvait garantir. D'où son rôle fondamental et une valeur très élevée qui lui étaient accordés. Mais à la fin du 20ème siècle, la logique va pourtant radicalement s’inverser notamment avec la hausse du niveau de vie et l'avènement de la société de consommation, le strict nécessaire semble assuré à la plupart avec une quantité de travail bien moindre.

Il est alors possible de diminuer la durée du travail qui, en France et du début à la fin du xxe siècle, a été divisée environ par deux en nombre d'heures annuelles, et bien davantage si l'on compte le nombre d'heures de travail effectuées au cours d'une vie

. Le travail se situe ainsi moins au centre de l'existence des individus et l'on assiste à l'avènement d'une société de loisirs. Les individus peuvent même choisir d'arbitrer entre travail et temps libre, ce qui ne pouvait être envisagé du xixe siècle jusqu'au milieu du xxe siècle.

À mesure donc que la volonté de disposer de plus en plus de temps libre augmente dans la société, le travail régresse dans la hiérarchie des valeurs.

Le débat sur les 35 heures illustre bien ce phénomène. Au départ, l'idée avancée était celle du partage du travail, valeur fondamentale dont chacun devait pouvoir profiter.

Mais devant l'efficacité discutée et même contestée de cette mesure pour réduire le chômage, le mérite essentiel des 35 heures semble être d'améliorer la qualité de la vie en réduisant le temps de travail, pour s'occuper davantage de soi et de sa famille, pour vivre mieux.

Ce débat souligne ainsi l'affrontement entre des valeurs plutôt axées sur l'individu et la famille d'une part et des valeurs fondées sur le travail. L'affirmation de ces nouvelles valeurs témoigne d'une volonté d'accéder à des satisfactions immatérielles.

Or le travail correspond avant tout à une valeur que l'on peut qualifier de « matérialiste » puisqu'il est à l'origine de la production et, par les revenus qu'il procure, de la consommation.

Abraham Maslow, célèbre psychologue américain, a montré dans les années 1960 que les individus cherchent d'abord

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