Peut-on Vouloir Le Mal ?
Rapports de Stage : Peut-on Vouloir Le Mal ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mimie33 • 16 Janvier 2013 • 1 356 Mots (6 Pages) • 2 563 Vues
PHILOSOPHIE
Dissertation: « Peut-on vouloir le mal? »
[Introduction]
Le mal subi, dramatique ou banal, suscite le besoin d'explication, pour justifier ce qui arrive ou pour accuser quelqu'un
ou quelque chose. L'idée d'une fatalité, d'un destin auquel on n'échappe pas, répond en partie à ce besoin, en posant
plus ou moins confusément un ordre dans ce désordre. Il reste qu'une part essentielle de ce qui fait souffrir est, au
contraire, directement imputable à l'action d'autres hommes: il faut rendre compte du mal commis, de la faute, qui peut
être volontaire ou involontaire. De plus, l'homme peut exercer un mal conscient avec cruauté, ce qui semble indiquer
un plaisir à faire le mal et pas simplement une négligence égoïste envers le mal ressenti par autrui. Autant
d'expériences qui semblent démentir la thèse socratique selon laquelle "nul ne veut le mal" (« nul n’est méchant
volontairement ») et qui justifient la question "peut-on vouloir le mal?". L’enjeu est de taille : cette thèse, si elle se
révélait finalement défendable, instaurerait un lien essentiel entre la volonté et le bien: par essence, seul le bien serait
susceptible d'être l'objet de la volonté. Mais une telle thèse ne suppose-t-elle pas de nier l'ampleur de la liberté
humaine qui se manifeste, justement, dans la possibilité de vouloir le mal? Si la méchanceté est volontaire, c’est
l’orientation même de l’être qui doit être corrigée ; si le mal est une erreur sur ce qui apporte son bien propre, c’est
avant tout l’éducation qu’il faut développer, pour éclairer le jugement.
[I- La volonté vise toujours le bien subjectivement compris]
Qu'est-ce que la volonté? On appelle volonté une certaine relation d'un individu, celui qui veut, à un certain état du
monde qui n'existe pas encore, mais qu'une action de cet individu peut réaliser. La volonté est d’abord une qualité de
caractère qui manifeste de la persévérance et de la décision dans ses choix. La volonté est ce par quoi un
caractère s’affirme, elle est un principe d’activité. Elle désigne le mouvement qui nous conduit à accomplir une action
dont l’agent, volontaire, est cause. L’acte volontaire implique le travail d’une intelligence qui puisse poser un objectif
précis et construire les moyens en vue de cette fin. Elle doit être distinguée du désir, simple inclination vers un objet
dont nous espérons une satisfaction sensible et immédiate. Ainsi, par ex. vouloir réussir à un examen, c'est travailler à
ce succès, s’investir en ce sens.
Que veulent les hommes? Nous voulons tous les choses que nous jugeons bonnes. L'homme qui sacrifie son
intérêt personnel veut accomplir ce qu'il juge être le bien. De même, l'homme qui place son intérêt personnel audessus
de valeurs comme l’altruisme veut accomplir ce qu'il juge être le bien; plus précisément, il veut accomplir ce
qu'il juge être bénéfique pour lui, même si cela peut être contradictoire avec ce qu'autrui juge être bon. Kant illustre ce
conflit des volontés par l’exemple de la recherche du bonheur : que serait un monde où régnerait en maître le
principe de la recherche du bonheur? Tous les hommes poursuivraient le même but, le bonheur, càd subjectivement
des buts différents. L’harmonie qui règnerait dans ce monde serait semblable, dit Kant, à celle, pitoyable, d’un
couple désuni : « deux époux qui se ruinent : ô merveilleuse harmonie, ce qu’il veut elle le veut aussi» à savoir,
s’humilier l’un l’autre.
Nous pouvons alors conclure que ce n'est pas la fin visée par leur volonté qui distingue les hommes: tous veulent
le bien. Ils se distinguent par la représentation de ce qu'ils appellent bien. Si tel est le cas, il est légitime de soutenir que
nous voulons tous le bien, et que ce qui nous distingue les uns des autres c'est la connaissance ou l'ignorance
du bien véritable. L’homme mauvais (le tyran) fait avant tout une erreur : il croit, en faisant le mal, agir pour son propre
bien. Les théories éthiques de l'Antiquité renvoient toutes à la connaissance de ce qui est parfait, absolument bon, d'où
l'idéal du sage pratiquant le bien parce que la raison théorique le lui fait connaître : c’est cet «intellectualisme éthique »
qu’affiche la formule de Socrate « nul ne veut le mal », autrement dit le méchant n’est qu’un ignorant.
[Transition] Est-il cependant vrai que nous ignorons le bien quand nous négligeons le bien moralement compris? Y at-
il défaut de
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