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Peut On Vouloir Le Mal

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Par   •  23 Février 2015  •  4 280 Mots (18 Pages)  •  2 912 Vues

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Peut-on vouloir le mal ?

page créée le 17/08/2003

Dans ce cours, je reprends une question classique et ses deux grandes explications, afin d'apporter aux élèves des arguments classiques. Puis, en parlant de la Shoah (génocide juif, qui préfigure la notion de crime contre l'humanité), figure contemporaine du mal, à travers la thèse d'H. Arendt (Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalisation du mal), j'essaie de montrer l'actualité mais aussi l'aspect moral et en somme "urgent " de la question (i.e. : l'urgence de se positionner clairement en faveur d'une réponse à cette question, car elle est de grand enjeu pour l'humanité).

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Introduction

I- Matrix, un film " idéaliste " (le monde dans lequel nous vivons est une illusion)

II- L’idéalisme problématique (Descartes) : l’hypothèse du Malin génie, précurseur de Matrix

1) Descartes, continuateur des sceptiques

2) Existe-t-il au monde quoi que ce soit de certain ?

3) Le Malin Génie et Matrix

III- L’idéalisme absolu (Berkeley)

1) Idéalisme et immatérialisme

2) Difficultés de l’idéalisme

3) Avantage (philosophique !) de l’idéalisme

Conclusion

INTRODUCTION

D’abord, de quel mal s’agit-il ? Car il y a plusieurs sortes de mal :

le mal métaphysique : il concerne la constitution du monde, l’arrangement des choses et des événements dans le monde. En l’occurrence, il s’agit de l’imperfection du monde.

le mal moral : il qualifie l’action des hommes, et plus particulièrement, l’action non conforme à ce qu’il est "bien " de faire (= action non conforme à la "loi morale "). Péché, crime.

le mal physique : qualifie les sentiments des hommes, face à la fois au mal moral et au mal métaphysique : souffrance, tristesse, misère…

Il s’agit bien entendu, dans notre question, du mal en un sens moral, puisqu’il s’agit de l’action de l’homme. Le mal est ce qui s’oppose au bien moral, à l’exigence de la loi morale.Le terme de "vouloir " renvoie à la volonté, au principe de l’action et/ ou du choix de ces principes. Elle suppose la conscience et la liberté. Si je veux quelque chose c’est que j’en décide librement, rien (c’est-à-dire : ni les passions, ni l’inconscient, ni l’ignorance ne peut en être l’origine) ni personne ne m’y a poussé. La question de savoir si on peut vouloir le mal signifie donc : peut-on faire le mal en connaissance de cause, librement, en sachant que ce que l’on fait est mal ? Ou bien ne fait-on le mal que par aveuglement, à cause des passions, ou de notre histoire passée, en n’ayant pas vraiment conscience de faire le mal ? Et elle sous-entend qu’il paraît impossible de vouloir faire le mal, de faire le mal en sachant que c’est le mal, de faire le mal pour faire le mal. Et évidemment, elle présuppose encore que la thèse selon laquelle on pourrait vouloir faire le mal, est à la fois incompréhensible, et insupportable.L’enjeu est important, car selon la réponse à la question, nous serons menés à admettre qu’il y a des hommes inhumains, ou bien que l’homme n’est pas ce qu’on croyait. Fait-on le mal parce que l’on est essentiellement un "méchant ", un pervers, un monstre, un démon ? Y a-t-il une volonté diabolique ? Ou bien encore faut-il dire qu’il y a des hommes qui ne seraient pas des hommes, et donc, que la réalité du mal implique de penser qu’il y a des êtres inhumains ?

I- REPONSE CLASSIQUE : ON NE PEUT FAIRE LE MAL QUE SI ON EST IGNORANT

Nous avons vu que la façon dont est posée la question sous-entend que l’on ne peut pas vouloir faire le mal, i.e., on ne peut pas vouloir faire le mal pour le mal. Afin de voir quelles raisons on peut apporter à cette impossibilité, nous allons étudier les arguments les plus classiques en faveur de cette thèse. On trouve deux sortes de solutions "non volontaristes " : 1) La thèse platonicienne : celui qui fait le mal ne sait pas ce qu’il fait, et se trompe : il veut faire le bien, mais il prend le mal pour le bien Cette thèse apparaît très nettement dans deux textes de Platon : Protagoras, 352b-357a ; Ménon, 77b-78a. Pour Platon, celui qui connaît le bien le fera nécessairement, et évitera le mal. On ne fait donc jamais le mal volontairement. NB : la thèse de Platon renvoie à l’enseignement socratique, que l’on qualifie d’ " intellectualisme moral " (thèse selon laquelle on ne peut savoir le bien et ne pas le faire).Mais que signifie "involontairement" ? On distinguera trois cas :

je mets du cyanure dans le café de mon mari en croyant que c’est du sucre : involontairement signifie ici non intentionnellement, du fait d’une ignorance.

on me pousse et je casse un vase en tombant : involontairement signifie ici aussi non intentionnellement, même s’il n’y a pas d’ignorance.

je mets du cyanure dans le café de mon mari sous la menace d’une arme : ici, involontairement signifie sans ignorance, intentionnellement, mais, sans libre-arbitre.

Ce que dit Platon, c’est qu’on peut faire le mal involontairement au sens de (1) et de (2).

Cf. Ménon, 78 a

Il est donc évident que ceux-là ne désirent pas le mal, qui l’ignorent, mais qu’ils désirent des choses qu’ils croyaient bonnes et qui sont mauvaises, de sorte que ceux qui ignorent qu’une chose est mauvaise et qui la croient bonne désirent manifestement le bien, n’est-ce pas ?

Argument :

si

...

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