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Peut-on considérer l'absence de désir comme la condition du bonheur?

Dissertation : Peut-on considérer l'absence de désir comme la condition du bonheur?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Octobre 2015  •  Dissertation  •  1 692 Mots (7 Pages)  •  1 008 Vues

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Le bonheur est un état de satisfaction complète, caractérisé par sa stabilité et

sa durabilité. Il ne suffit pas de ressentir un bref contentement pour être heureux. Une

joie intense n’est pas le bonheur et un plaisir éphémère non plus. Le bonheur est un

état global.

La notion de bonheur est intimement liée au désir, il faudrait les satisfaire pour atteindre

un état de plénitude. Mais certains modes de vie, certaines religions laisseraient croire

que la clé tant recherchée du bonheur réside dans la modération et la limitation de ces

désirs. Pourtant, il est naturel que l’être humain ait des désirs.

Dès lors, on peut se demander pourquoi nos désirs devraient-ils être limités.

Qu’adviendrait-il si, au contraire, nous laissions libre cours à nos envies ? Serions-nous

malheureux ? L’absence de tout désir peut-elle être considérée comme la condition du

bonheur ?

L’imagination correspond à la faculté de se représenter quelque chose d’absent.

Je n’imagine un soda que lorsque je n’ai pas le soda en question. S’il était présent, je ne

l’imaginerais pas, je le verrais. Le désir apparaît dès lors qu’un morceau de rêve est lié à la

représentation d’un objet, d’une image. Tout désir comporte ainsi une part d’imaginaire :

il est la recherche d'un objet que l'on imagine être source de satisfaction. « Un tel soda me

permettrait d’étancher ma soif... ». On ne désire que ce dont on ne dispose pas. Le désir

s'accompagne donc du sentiment de manque, de privation.

Avoir des désirs est naturel. Les satisfaire, combler tous ces manques nous permettrait

alors d’être heureux. Nous ne souffririons plus de privation, tous nos désirs seraient

satisfaits. L’homme accomplit les objectifs qu’il s’est fixé, ceux qui ont une valeur pour lui

et ainsi, comme l’enfant qui a eu tous les jouets qu’il a demandé pour Noël, il est satisfait,

heureux.

Seulement, le désir humain, étant en proie à l’imaginaire, ne connaît pas de limites.

De plus, la société nous crée de nouveaux désirs ce qui fait du désir une chose qu’il est

difficile de pleinement satisfaire.

Platon, philosophe de la Grèce Antique, compare le désir au tonneau des Danaïdes. Selon

la mythologie, les Danaïdes ont été condamnées à remplir d'eau un tonneau percé. De la

même façon que le tonneau ne sera jamais rempli, le désir n'est jamais satisfait.

« Ce soda m’a donné encore plus soif, il me faudrait plutôt un verre de lait. Et un petit

biscuit ne me ferait pas de mal non plus. Oh si seulement j’avais un canapé pour mieux

savourer cet en-cas ! ». À peine accompli, il renaît car de la satisfaction passée naît le

regret qui est nouveau désir... En ce sens, assouvir tous ses désirs n'est nullement une

recette de bonheur. Celui qui choisirait cette règle de vie serait sans cesse en mouvement,

incapable d'atteindre la sérénité de l'âme que suppose le bonheur.

Ainsi, cette insatiabilité nous rendrait malheureux. En effet, le désir est un manque.

Lorsque ce manque est comblé, le désir disparaît et se déporte sur quelque chose d’autre.

Or, dès lors, la jouissance devient impossible car comment pourrions-nous jouir de ce

qu’on ne désire pas ? D’où la formule de Lucrèce, poète latin du Ier

siècle : « nous tournons

toujours dans le même cercle, sans pouvoir en sortir ».

Tantôt on désire ce qu’on n’a pas, et on souffre de ce manque ; Tantôt on a ce qu’on ne

désire plus et on se dépêche de désirer autre chose.

Mais alors, modérer voire supprimer tous nos désirs casserait la boucle de ce

cercle vicieux. Seulement, serions-nous heureux pour autant ? Ne plus rien désirer

mènerait-il à la sérénité ?

Avec une telle analyse, on peut penser que finalement, ne sont heureux que ceux

qui limitent leurs désirs.

En effet, ceux-là ne seraient pas enfermés dans la spirale ; à l’inverse de ce que disait

Schopenhauer, leur vie n’oscillerait pas, comme un pendule, de la souffrance que crée le

manque à l’ennui d’avoir ce qu’on ne désire plus.

Ainsi, ceux qui modèrent leurs désirs font preuve d’ascèse : ils s’imposent des privations

pour mieux se détacher de leurs désirs. Pour Épicure, cela correspond à la métriopathie.

Mesurer et modérer ses désirs permettrait de limiter le manque et donc la souffrance.

C’est lui-même qui dira : « Celui qui ne sait pas se contenter de peu ne sera jamais content

de rien ». Autrement dit, celui qui ne se satisfait pas de peu, celui qui en veut toujours

plus, celui qui ne modère pas ses désirs, ne connaîtra jamais la paix, ne sera jamais

heureux.

Cette discipline serait donc primordiale à quiconque souhaitant atteindre

...

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