Peut-on considérer l'absence de désir comme la condition du bonheur?
Dissertation : Peut-on considérer l'absence de désir comme la condition du bonheur?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zazou83 • 14 Octobre 2015 • Dissertation • 1 692 Mots (7 Pages) • 1 009 Vues
Le bonheur est un état de satisfaction complète, caractérisé par sa stabilité et
sa durabilité. Il ne suffit pas de ressentir un bref contentement pour être heureux. Une
joie intense n’est pas le bonheur et un plaisir éphémère non plus. Le bonheur est un
état global.
La notion de bonheur est intimement liée au désir, il faudrait les satisfaire pour atteindre
un état de plénitude. Mais certains modes de vie, certaines religions laisseraient croire
que la clé tant recherchée du bonheur réside dans la modération et la limitation de ces
désirs. Pourtant, il est naturel que l’être humain ait des désirs.
Dès lors, on peut se demander pourquoi nos désirs devraient-ils être limités.
Qu’adviendrait-il si, au contraire, nous laissions libre cours à nos envies ? Serions-nous
malheureux ? L’absence de tout désir peut-elle être considérée comme la condition du
bonheur ?
L’imagination correspond à la faculté de se représenter quelque chose d’absent.
Je n’imagine un soda que lorsque je n’ai pas le soda en question. S’il était présent, je ne
l’imaginerais pas, je le verrais. Le désir apparaît dès lors qu’un morceau de rêve est lié à la
représentation d’un objet, d’une image. Tout désir comporte ainsi une part d’imaginaire :
il est la recherche d'un objet que l'on imagine être source de satisfaction. « Un tel soda me
permettrait d’étancher ma soif... ». On ne désire que ce dont on ne dispose pas. Le désir
s'accompagne donc du sentiment de manque, de privation.
Avoir des désirs est naturel. Les satisfaire, combler tous ces manques nous permettrait
alors d’être heureux. Nous ne souffririons plus de privation, tous nos désirs seraient
satisfaits. L’homme accomplit les objectifs qu’il s’est fixé, ceux qui ont une valeur pour lui
et ainsi, comme l’enfant qui a eu tous les jouets qu’il a demandé pour Noël, il est satisfait,
heureux.
Seulement, le désir humain, étant en proie à l’imaginaire, ne connaît pas de limites.
De plus, la société nous crée de nouveaux désirs ce qui fait du désir une chose qu’il est
difficile de pleinement satisfaire.
Platon, philosophe de la Grèce Antique, compare le désir au tonneau des Danaïdes. Selon
la mythologie, les Danaïdes ont été condamnées à remplir d'eau un tonneau percé. De la
même façon que le tonneau ne sera jamais rempli, le désir n'est jamais satisfait.
« Ce soda m’a donné encore plus soif, il me faudrait plutôt un verre de lait. Et un petit
biscuit ne me ferait pas de mal non plus. Oh si seulement j’avais un canapé pour mieux
savourer cet en-cas ! ». À peine accompli, il renaît car de la satisfaction passée naît le
regret qui est nouveau désir... En ce sens, assouvir tous ses désirs n'est nullement une
recette de bonheur. Celui qui choisirait cette règle de vie serait sans cesse en mouvement,
incapable d'atteindre la sérénité de l'âme que suppose le bonheur.
Ainsi, cette insatiabilité nous rendrait malheureux. En effet, le désir est un manque.
Lorsque ce manque est comblé, le désir disparaît et se déporte sur quelque chose d’autre.
Or, dès lors, la jouissance devient impossible car comment pourrions-nous jouir de ce
qu’on ne désire pas ? D’où la formule de Lucrèce, poète latin du Ier
siècle : « nous tournons
toujours dans le même cercle, sans pouvoir en sortir ».
Tantôt on désire ce qu’on n’a pas, et on souffre de ce manque ; Tantôt on a ce qu’on ne
désire plus et on se dépêche de désirer autre chose.
Mais alors, modérer voire supprimer tous nos désirs casserait la boucle de ce
cercle vicieux. Seulement, serions-nous heureux pour autant ? Ne plus rien désirer
mènerait-il à la sérénité ?
Avec une telle analyse, on peut penser que finalement, ne sont heureux que ceux
qui limitent leurs désirs.
En effet, ceux-là ne seraient pas enfermés dans la spirale ; à l’inverse de ce que disait
Schopenhauer, leur vie n’oscillerait pas, comme un pendule, de la souffrance que crée le
manque à l’ennui d’avoir ce qu’on ne désire plus.
Ainsi, ceux qui modèrent leurs désirs font preuve d’ascèse : ils s’imposent des privations
pour mieux se détacher de leurs désirs. Pour Épicure, cela correspond à la métriopathie.
Mesurer et modérer ses désirs permettrait de limiter le manque et donc la souffrance.
C’est lui-même qui dira : « Celui qui ne sait pas se contenter de peu ne sera jamais content
de rien ». Autrement dit, celui qui ne se satisfait pas de peu, celui qui en veut toujours
plus, celui qui ne modère pas ses désirs, ne connaîtra jamais la paix, ne sera jamais
heureux.
Cette discipline serait donc primordiale à quiconque souhaitant atteindre
...