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Faut-il être heureux pour être raisonnable?

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Par   •  12 Avril 2019  •  Dissertation  •  3 219 Mots (13 Pages)  •  2 038 Vues

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« Quand le tonneau est rempli on n’a ni joies, ni peines, et ce qui fait l’agrément d’une vie, c’est d’y verser le plus possible ». Ainsi fut la parole de Calliclès dans Gorgias de Platon. Il répondait à Socrate, qui voulait montrer que laisser libre cours à ses désirs, c’est se condamner à une éternelle frustration. Ainsi ces deux visions s’affrontent. Les deux philosophes ne s’accordent pas sur l’accomplissement des désirs et si cet accomplissement permet le bonheur. Tout ceci est relié directement au concept de la raison, avec l’homme condamné à remplir incessamment son « tonneau percé » en toute vanité : l’homme de Calliclès, et qui lui verrait à ses côtés l’homme raisonnable et sage de Socrate, remplissant et conservant ses tonneaux de choses non-fugasses. On interprétera ces deux hommes comme, en premier, l’homme de la société, qui vit sa vie en se divertissant et en profitant à chaque instant, contre l’homme qui réfléchit, qui se donne des doutes, afin de trouver les meilleurs choix et ne remplir que ses besoins primaires.

Dans l’histoire de la philosophie, on ne cessa de débattre la relation entre ces deux thèmes majeures de la nature humaine : La rationalité / le raisonnement, et la volonté de se procurer le bonheur. En tentant de les définir, on essayera de voir dans quelles mesures ils sont compatibles. Qu’est-ce que le bonheur ? La satisfaction de tous les désirs est-elle la seule manière d’obtenir ce « bien suprême » ? Est-ce que cette satisfaction est la limite de l’obtention du bonheur absolue ? Ou doit-on au contraire éviter cette satisfaction, puis, doit-on entièrement renoncer même à chercher le bonheur ? Enfin, Quelle est le lien entre bonheur, raison, et liberté ?

On traitera ainsi la question majeure qu’est : Faut-il être raisonnable pour être heureux ? en répondant à ces questions. On débutera avec une partie en corrélation avec l’opinion commune, pour contrer avec une vision paradoxale, qui me semble le plus juste, et qui semble être celle de Socrate, celle de Pascal, ainsi que celle d’Epicure.

Tout d’abord, le bonheur est une satisfaction durable reposant sur un sentiment de plénitude. La satisfaction des désirs amène le bonheur, et celle-ci est traduite par un état de satisfaction. Mais est ce que le bonheur est limité à une satisfaction ? Cette satisfaction amène une frustration et des addictions (voir désirs mortifères). Le non-accomplissement des désirs amène au malheur. Il faut satisfaire ses désirs car le désir c’est par quoi le corps parle à l’esprit, et par quoi l’esprit parle au corps. Il est donc indispensable.

Il est assez spontané que de penser que la raison ne fait que limiter l’accomplissement de nos désirs, et donc par conséquent notre bonheur. En effet, le non-accomplissement des désirs mène au malheur. Une recherche universelle, le bonheur est le but final, le « bien suprême » selon Aristote. Le moteur de la vie, tous les buts apparents, pointent en fait tous vers le bonheur. Veut-on être riche ? C’est pour pouvoir acheter les choses que l’on désire, et qu’à l’obtention desquels on est satisfaits. On pourrait aussi vouloir l’être pour pouvoir faire tout ce que l’on veut, ce qui nous permettrait de faire les choses qu’on aime faire, qui nous rendent heureux. On pourrait rêver d’être riche pour pouvoir ne plus avoir à réfléchir sur les problèmes de notre vie, pour se débarrasser des choses désagréables, pour se divertir… Ainsi, tous les désirs mènent à l’unique chose que tout humain recherche, le bonheur.

L’humain ne dispose qu’une centenaire pour faire tout ce qu’il veut faire, et encore, ce temps est réduit par la vieillesse et l’enfance. Dès qu’on vit la vie active, on ne peut hésiter, il faut y aller. Il vaut mieux être un homme heureux, mais qui par quelque imprudence improbable, écourte sa vie de quelques années, mais qui aurait vécu cent fois plus qu’un homme passif, oublié, dans son coin, en pleine réflexion pendant toute sa vie, sans prendre des choix concrets.

Pourquoi réfléchir maintenant, alors que plus tard on ne pourra plus du tout agir ? Laissons le raisonnement et la sagesse aux anciens. On les rejoindra à un moment ou un autre… Mais en attendant, il ne faut pas survivre, mais vivre.

Pourquoi raisonner, alors que la plupart du temps, faire confiance à son intuition suffit à faire les bons choix ? Par le raisonnement, on se donne beaucoup trop de choix, et, accompagnant les choix, de nombreuses doutes. Ces doutes, des expressions d’indécision, ne vont que nous livrer des inquiétudes, qui ne riment pas avec bonheur. Déjà en raisonnant donc, on se fait du malheur.

Mais, en changeant de point de vue, n’est-il pas mieux, en raisonnant, de pouvoir séparer les « bons » désirs, amenant à une satisfaction, des désirs non-naturelles, vains et sans fin ? Par le raisonnement / la sagesse, on peut distinguer une ligne de partage entre ces bons et mauvais désirs. En effet, remplir le tonneau constamment avec des plaisirs temporaires est béat. Les remplir, au contraire, avec des choses qui ne disparaitront pas, c’est cela qui amène à la satisfaction totale. Le savoir / les connaissances sont involatiles alors que le divertissement / le confort sont futiles et auront constamment besoin d’être alimentés. Le choix est donc évident.

On pourrait commenter une citation d’un écrivain brésilien connu, Paul Coelho, qui dit que « Pour être heureux dans la vie, il faut simplement laisser venir ce qui vient et laisser partir ce qui s’en va ». Inspirant en premier coup d’œil, cette citation vaut la parole de tout homme qui va sans raisonner.

Déjà, laisser partir ce qui s’en va, veut dire oublier le passé. Ceci est une terrible erreur. Comment peut-on vouloir vivre sans prendre en compte l’expérience acquise auparavant ? On ne peut pas progresser à cette manière.

Puis, un homme qui laisse venir sans exception tout évènement qui lui arrive, sans se donner la responsabilité de prendre le choix d’accepter, de refuser, ou de mettre sous conditions ces choses, est un homme dépourvu de raison de jugement, un homme vain. Sans réfléchir aux options proposées, et aux conséquences qu’ils engendront, on peut facilement perdre le contrôle, et se perdre soi-même…

Car, Où est l’originalité, l’unicité, de l’homme, si il ne raisonne pas, mais suit le reste ? Un homme qui suivrait ainsi le premier sort qui lui serait proposée, est un homme instrumentalisé, programmé, facilement influençable ; un robot, une machine.

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