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Faut-il se méfier de ses désirs ?

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Par   •  13 Décembre 2022  •  Dissertation  •  2 804 Mots (12 Pages)  •  836 Vues

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Faut-il se méfier de ses désirs ?

        Introduction : Le désir est, selon Spinoza, l’essence même de l’être humain, c’est là donc l’effort pour persévérer dans son être. Pourtant beaucoup l’accablent car il conduit à des réactions démesurées et, potentiellement, à la souffrance. Mais sont-ils nécessairement sources de souffrance ? Peut-on se méfier de ses désirs puisque désir implique désir de vivre et donc la mort si on ne suit plus ses désirs ? Le désir inviterait donc à mourir si on ne devait pas l'écouter mais en même temps, il détient notre volonté de vivre, notre raison d'être...

        La question est de savoir s’il faut se méfier de ses désirs. La tournure impersonnelle « il faut » fait penser à la notion d'obligation, de contrainte. D’un autre côté le verbe « se méfier » signifie être prudent, porter attention à quelque chose, penser que cette chose peut possiblement être nuisible à notre égard, voire même craindre cette chose. Enfin, « désir » provient de desiderare, « être face à l’absence d’étoile » on peut proposer une première définition de désir comme une tendance à vouloir assouvir un plaisir irréductible, un manque. Son antonyme est la confiance en quelque chose. Il s’agit donc de se demander si on doit craindre ces manques, ces tendances à vouloir assouvir nos plaisirs. Doit-on donc se méfier des désirs comme le propose le sujet ou bien les écouter car ils semblent être notre effort de vie, ou plus encore, avoir confiance en eux ? Nous étudierons dans un premier temps la nature du désir pour identifier s’il est mauvais ou non. Par la suite, nous verrons qu’il est possible de maîtriser ses désirs pour ne pas s’en méfier. Enfin nous expliquerons que le désir est à écouter car il est créateur de notre être.

I La nature du désir permet de comprendre s’il est nocif ou non.

                1. Épicure : classifier les désirs permet de comprendre leur nature.

        On recherche tous le bonheur et pour Épicure, c’est le but suprême de la vie. Pour lui, un désir non satisfait conduit à l’insatisfaction et, si on définit le bonheur simplement par un sentiment de satisfaction durable, l’insatisfaction s’oppose au bonheur, et survient donc, le malheur. Si je désire aller sur la Lune, mais que je ne suis pas en mesure d’y parvenir, je deviens inévitablement frustré, ou triste. Épicure dit alors simplement qu’il faut éviter d’avoir des désirs non satisfaits car le bonheur repose sur la tranquillité de l’âme (ataraxie) et du corps (aponie).

        Pour comprendre ce qui est bon ou mauvais pour nous, il faut à l’avance établir des types de désirs, pour ainsi décider d’un éventuel rejet du désir, si on le juge mauvais, ou d’écouter ce dernier, si on le juge mauvais. Ainsi, Épicure classe les désirs selon deux sortes (Lettre à Mécénée): les désirs naturels et les désirs vains. Parmi les désirs naturels, il constate les désirs nécessaires et les désirs non nécessaires. Un exemple de désir vain serait l’immortalité : je désire être immortel, pourtant les lois de la nature ne définissent aucun être immortel, mon désir est irréalisable et me conduit à souffrir.

        Ainsi, pour atteindre cette tranquillité, il faut renoncer aux désirs vains, c’est-à-dire les désirs qui mènent inévitablement à la douleur. Savoir distinguer les différents types de désirs permet de conduire au bonheur comme absence de troubles. On doit pouvoir établir un calcul rationnel qui nous permettrait d’évaluer les conséquences de la recherche de certains plaisirs. Épicure prône d’ailleurs ce qu’on appellerait aujourd’hui la sobriété heureuse, savoir se satisfaire de peu, se questionner sur la difficulté à réfréner nos désirs non nécessaires. Par exemple, on pourrait se questionner sur notre société de consommation qui nous fait acheter des choses dont on a pas nécessairement besoin.

                2. Le rapport désir/besoin : le manque, le désir insatiable est mauvais : il faut s’en méfier.

        Parfois, avoir besoin c’est désirer, par exemple lorsque j’ai faim, le besoin de manger devient un désir. Par contre, avoir besoin de manger et désirer manger par gourmandise sont deux choses bien distinctes. Dans les deux cas, le manque est présent.

        Ainsi on peut établir deux définitions : le besoin serait un manque, que l’on pourrait « mesurer » par rapport à un état d'équilibre prédéterminé, abstraction faite de ce que la personne de ce que la personne concernée en pense. À l'inverse, le désir serait subjectif, il définirait ce que la personne concernée éprouve, nécessite, en dehors de ses besoins. Parallèlement, la lacune désigne ce dont on est effectivement privé, tandis que la frustration est le sentiment d'insatisfaction, lié à une déception quelle qu’elle soit.

        Certains désirs apparaissent donc comme non nécessaires, notre volonté peut les arrêter, alors que le besoin évoque la nécessité : on ne peut reprocher à quelqu’un de manger pour sa santé, mais on peut lui reprocher d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Bien distinguer désirs et besoins permet de se rendre compte de ce qui est réellement bon ou mauvais pour nous.

        Il faut garder à l’esprit que le manque créé par les désirs contient une dimension insatiable. Dès que j’obtiens ou réalise quelque chose que je désirais, j’en désire une autre, etc. Cette dimension insatiable du désir, appelée transitivité du désir (cf. Tonneau des Danaïdes), est mauvaise car elle mène dans sa finalité à l’insatisfaction, qui, comme nous l’avons établi précédemment, a pour conséquence la souffrance. On peut montrer un parallèle avec les dépendances aux drogues par exemple. Je fume une cigarette car la nicotine me fait du bien. Puis plus tard, je me dis qu’une autre me ferait du bien, puis une autre, etc. Ainsi, nous devenons dépendant de nos désirs, si je n’ai pas cette cigarette, je me sens mal et donc je ne suis pas heureux. De surplus, la cigarette est nocive sur le long terme, ce qui contribuera à ma souffrance à l’avenir. En ce sens- là, il faut se méfier de ses désirs dans sa dimension insatiable car ils peuvent conduire à notre souffrance. Soit le désir est mauvais par nature et alors il doit être écarté, soit il est simplement dangereux pour moi et alors il doit simplement être contrôlé.

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