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Faut- il de fier à ses opinions?

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Par   •  11 Novembre 2017  •  Dissertation  •  1 942 Mots (8 Pages)  •  3 144 Vues

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Faut il se fier à ses opinions ?

Intro:

« Ce n’est que mon opinion » est une locution que nous entendons souvent dans le langage courant. Quand quelqu’un, émettant son avis, ajoute cette locution, nous pouvons comprendre que celui-ci ne prétend à aucune vérité, et qu’il est conscient du manque d’objectivité et de démonstration de son opinion. Alors que la vérité se définit comme une conformité à la réalité, l’opinion est une croyance ou un assentiment qui échappe à l’examen critique. Cette définition de l’opinion rejoint celle du philosophe Emmanuel Kant qui, en 1781, dans La Critique de la Raison Pure, définit l’opinion comme « une croyance qui a conscience d'être insuffisante subjectivement aussi bien qu'objectivement ». De fait, l’opinion s’oppose en cela à la connaissance.

        Mais l’opinion est-elle capable de vérité ? Se fier à ses opinions, c’est prendre le risque de ne pas être dans la vérité, parce que l’opinion n’est qu’une apparence de savoir. Si l’on poursuit la quête de la vérité, contrairement à la doctrine du scepticisme (fondée par Pyrrhon d'Élis au IVe siècle avant J.- C) il faut rejeter l’opinion dans la mesure, où celle-ci, non fondée sur la connaissance, peut être trompeuse (I).  Il est pourtant certaines opinions capables de vérité (II).  Pour concilier, ces deux affirmations contradictoires, ne faut-il pas admettre que la fiabilité de l’opinion dépend de la vérité à laquelle l’on veut accéder (III) ?

1- L’opinion,  une apparence de savoir, constituant un obstacle à la vérité

Parce que l’opinion est avant tout une croyance qui n’est pas fondée sur nos connaissances, elle peut s’avérer fausse et, donc, fonctionner comme une illusion de connaissance qui nous entraîne vers l’erreur. C‘est ainsi que, dans son ouvrage La République VII, Platon  (−428/−427 av J-C- −348/−347 av J-C) décrit une scène fictive au cours de laquelle des hommes, enchainés depuis leur enfance dans une caverne, prennent des ombres pour la réalité. A travers cette métaphore de la réalité, Platon explique que les hommes ordinaires vivent dans un monde d’illusions, qui nous donne une fausse image du réel. Il affirme donc que, pour sortir de cette illusion, nous avons besoin de faire un effort de réflexion rationnelle, c’est à dire de philosopher. Philosopher, nous permettrait donc de percevoir la réalité à travers les apparences changeantes et de retirer les chaines qui entravent nos raisonnements. Ainsi, pour Platon, l’opinion peut être dangereuse pour l’individu car elle peut biaiser ses raisonnements ainsi que ses jugements. En effet, une personne certaine d’une opinion, ne pense pas à remettre en question ses jugements : elle se condamne donc à rester prisonnière de l’ignorance. L'opinion constituerait donc un obstacle à la découverte de la vérité : en rester à l'opinion serait se satisfaire d'une apparence de savoir.

Ce n’est pas seulement de l’opinion personnelle dont il faut se méfier, c’est aussi de l’opinion commune. Arthur Schopenhauer, philosophe allemand, le souligne dans l’Art d’avoir toujours raison. Selon lui, l’opinion commune part de l’opinion de deux ou trois personnes, qui s’est petit à petit répandue. Ainsi, un grand nombre d’individus se met à y croire sans même s’être donné la peine de l’examiner, par paresse intellectuelle. Dès lors, l’approbation de cette opinion devient un devoir. Cela explique que de nombreuses fausses opinions s’imposent longtemps dans nos sociétés. L’allégorie de la caverne déjà citée, illustre également cette idée d’obligation d’approbation de l’opinion commune. En effet, alors que quatre personnes étaient faites prisonnières dans une caverne depuis leur naissance, l’une d’entre elles parvient à se libérer. Elle décide donc de sortir de celle-ci pour découvrir la vérité. Plus l’ancien prisonnier avance vers l’extérieur, plus il se rend compte que son jugement sur la réalité était erroné. Cette sortie lui permet de rectifier tout ce qu’il croyait vrai, et de se rendre compte que les ombres, qu’il considérait comme la réalité, ne sont qu’en fait qu’une illusion de vérité. Le prisonnier décide donc de redescendre dans la caverne afin de raconter et d’expliquer à ses camarades ce qu’il a vu. Aucun de ses compagnons ne le croit et ils refusent tous de changer d’opinion afin d’admettre qu’une autre réalité est possible.

L’exemple du géocentrisme, un modèle physique qui affirmait que la Terre était au milieu de l’univers et que le soleil tournait autour de celle-ci, est un exemple d’opinion commune qui a été difficilement combattue, par Galilée. Grâce à une lunette astronomique qui grossissait 30 fois, il découvrit en janvier 1610 que 4 petites " lunes" tournaient autour de Jupiter, ce qui le convainquit que la Terre n'était qu'une planète comme les autres tournant, elle aussi, autour du Soleil. Ce démantèlement de la théorie du géocentrisme ne plut pas à l’Eglise qui condamna le savant italien à la prison à vie. Il fût obligé de nier lors de son procès ses convictions scientifiques. Cependant, Galilée aurait murmuré durant son procès : "Et pourtant elle tourne“. Mais au delà du fait d’avoir prouvé que la théorie du géocentrisme était fausse, Galilée n’a t-il pas montré que cette théorie reposait sur une opinion commune erronée ? Cet exemple montre qu’en science, il ne faut pas se baser sur l’opinion. 

Ainsi, Gaston Bachelard, théoricien français de la connaissance scientifique, souligne, dans La formation de l’esprit scientifique rédigée en 1938, la dichotomie entre la science et l’opinion, entre la croyance et le savoir : « la science dans son besoin d’achèvement comme dans son principe s’oppose absolument à l’opinion ». Selon Bachelard, pour établir une connaissance, il est nécessaire de se détacher de l’opinion qui apparaît comme incertaine, douteuse et totalement subjective. En effet, pour se forger une bonne opinion, nous avons besoin d'utiliser notre raison, mais aussi d'acquérir une grande connaissance. A travers cette œuvre, Bachelard démontre ainsi le caractère inconciliable de l'opinion avec la recherche scientifique. S'il  arrive à la science, « sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort ». Une opinion n'est donc pas toujours fausse mais elle ne peut être justifiée que par la science, par un raisonnement fondé. 

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