Explication de texte , Propos, Alain

Alain, Propos, avril 1908, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1956, p. 32-33

Dans cet extrait de Propos, Alain traite de la relation entre la raison et l’existence, plus précisément dans le cadre de la religion. Ces deux idées étant souvent floues, on convient alors de se demander en quoi consiste cette relation. D’abord, il apparaît que, dans la religion, la raison et l’existence vont dans des directions opposées. En effet, si nous prenons comme exemple Dieu, cet être parfait, créateur et omnipotent, il semble que son existence est irrationnelle. La religion amène donc à considérer l’existence de choses irrationnelles et dans ce cas, que l’existence et la raison ne font pas bon ménage dans le domaine de la religion. Cependant, on peut également prendre le problème dans l’autre sens et justifier l’existence de choses paraissant d’abord irrationnelles par la raison. En effet, dans un système logique de cause à effet, toute chose existante a donc une cause, un moment de création à moins que ce soit une chose éternelle ce qui peut paraître dénué de sens comme dans le cas de l’univers. Du coup, pour justifier des faits inexpliqués les hommes se sont tournés vers la religion pour donner une raison à certaines existences. Ainsi, la religion semble donner un sens à des choses existantes qui ne sont pas explicables de nos jours. La raison et l’existence semblent donc complémentaires l’un n’allant pas sans l’autre comme le montre le cas de la religion. C’est cette thèse que défend Alain dans cet extrait. Il nous présente la religion comme nécessaire pour les hommes car elle donne de la raison. La recherche de points de repère amène l’homme vers la religion qui lui apporte de réponses et balise son monde bien que certaines réponses semblent irrationnelles. Ici, Alain nous expose l’enjeu de connaître l’importance de la religion dans le développement humain, notamment dans le fait de raisonner par l’irrationnel. Alain nous propose alors un extrait où quatre parties se dégage, chacune ayant pour but de défendre sa thèse. D’abord il formule clairement cette thèse et la justifie en mettant en avant que la raison n’est pas omniprésent et que la religion apporte sa propre raison et ce rend donc indispensable. Ensuite, il fustige les hommes qui ne veulent pas reconnaître la raison de l’existence nécessaire de certains maux en insistant donc sur le fait que ces hommes ne comprennent pas la religion. Puis, Alain s’intéresse au fait que l’existence et la raison s’accorde dans une irrationalité et donc ne semblent pas nécessaire l’un à l’autre sur le plan rationnel. Enfin, Alain nous montre que la raison et l’existence sont ne s’expliquent pas l’un et l’autre et la raison apparaît contingente à l’existence et donc que la religion servirait à allier existence et raison.

Ainsi d’abord, la première phrase constitue la thèse d’Alain : « Il y a des choses qu’il faut bien accepter sans comprendre ». Dans ce raisonnement, il souligne alors la nécessité de la religion pour donner un sens à ce qui en est dépourvu. Dans cette optique, il utilise comme exemple l’Univers qu’il présente comme « un fait » et indique que « la raison s’incline » devant ce fait. En effet, l’origine de l’Univers étant inconnue, seule une cause irrationnelle, présente dans la religion et souvent symbolisé par Dieu, permet d’expliquer son existence de manière raisonnée. La nécessité de la religion s’impose donc par le fait que la raison ordinaire ne suffise pas pour expliquer l’existence de toutes choses contrairement à la religion, qui, avec la foi, rend rationnelles des existences irrationnelles ou du moins inexpliquées raisonnablement. Il nous fait apparaître également que cette religion est un refuge temporaire qui deviendra inutile lorsque l’on aura « compté toutes les étoiles », c’est-à-dire répondu à toutes les questions existentielles que soulève le monde, car il explique, en parlant de la raison, qu’ « il faut qu’elle se résigne à dormir ». Cela signifie que, bien que la réponse à une question existentielle ne semble pas rationnelle, il faut s’en contenter en se convaincant de la rationalité de l’existence et s’en servir pour trouver des repères et « dormir ». De plus, compter « toutes les étoiles » est une métaphore pour désigner un moment qui n’arrivera jamais et de ce fait, la religion sera toujours nécessaire à l’homme, les questions existentielles n’ayant pas de réponse.

Après cela, Alain évoque les hommes à qui

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