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Par   •  29 Novembre 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 037 Mots (9 Pages)  •  753 Vues

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Recommandations pour la lecture des textes philosophiques

Qu’est-ce qu’un texte philosophique ?

        Un texte philosophique est un texte qui traite d’un certain thème, et qui a comme fonction de poser un problème, et de tenter d’y répondre, par une démarche argumentative philosophique, c’est-à-dire conceptuelle. Pourquoi « conceptuelle » ? Parce qu’elle mobilise des concepts.

La réponse au problème, sa solution, constitue la thèse de l’auteur. Attention : parfois la thèse « se cache » dans les plis du texte, et il faut l’expliciter.

La solution du problème posé dans et par le texte en question nous fait toujours « gagner » conceptuellement quelque chose : nous en savons davantage. Mais attention : « en savoir davantage » ne veut pas dire qu’on a « moins de problèmes » - au contraire. La réponse au problème nous permet par exemple de faire face à d’autres problèmes qu’on n’était pas en mesure de traiter avant ; parfois, elle dégage même de nouveaux problèmes dont on ne se serait même pas douté avant. Très souvent, la solution ouvre sur des choix problématiques : une fois la solution trouvée, on peut « en faire » des choses très différentes… Ce sont là les enjeux du texte.    

Qu’est-ce qu’il faut donc expliciter, dégager, dans un texte philosophique ?

Pour comprendre (et expliquer) un texte il faut repérer :

  1. Ce qui caractérise philosophiquement le texte ;
  2. Sa structure argumentative.

Attention : comprendre un texte (pour l’expliquer, ou pour l’utiliser dans une dissertation) veut dire chercher à savoir ce qu’un auteur a vraiment dit, et non pas ce qu’il aurait dit de vrai. Il faut se mettre en situation de réceptivité, et obéir au texte. Tant qu’on est en train de le comprendre et de l’expliquer, on est « chez lui » : il a donc « toujours raison ». Il faut d’abord se contenter de ce qu’on lit, et suspendre son jugement.

Cette attitude « naïve » et « obéissante » est très difficile, mais nécessaire, car ce qu’on croit savoir pourrait changer notre regard et changer la teneur objective du texte. Il faut interroger le texte, et non pas le violenter en le pliant à ce qu’on voudrait y trouver. Car c’est le texte lui-même qui est votre guide. Il n’est pas seulement un objet obscur, il est, vraiment, votre guide. Les difficultés du texte ont leurs solutions dans le texte. Si on ne perçoit rien, c’est qu’on a mal regardé, omis un terme important, oublié de confronter une proposition (c’est-à-dire une phrase) avec une autre.

C’est le texte qui fait foi, et lui seul. Vos connaissances philosophiques doivent être, au début, un « garde-fous » : elles doivent contrôler votre lecture et vous permettre d’éviter des interprétations hasardeuses, intempestives, ou fausses.

D’où la règle suivante :

Le sens est dans le texte. Il est donné, même s’il est « voilé ». Et on peut toujours arriver à lever les obstacles en considérant plus attentivement le texte lui-même.

Qu’est-ce qui caractérise philosophiquement un texte ?

        Ce qui caractérise philosophiquement un texte est ce qui en fait la pertinence, et qui nous permet de l’accepter dans le répertoire des textes « philosophiques », dignes d’être étudiés et d’être soumis à des étudiants. Tout texte n’est pas un texte philosophique, de la même manière que toute narration fictive n’est pas de la littérature, tout calcul n’est pas la solution d’un problème mathématique, tout récit d’un événement ne relève pas de la science historique.

        Un texte philosophique comporte :

  1. Un thème : l’objet du texte, ce dont il est question.
  2. Un problème qui s’y trouve posé : ce qui fait question. 
  3. Une position philosophique défendue sur ce problème, c’est-à-dire la thèse : la réponse à ce qui fait question.
  4. Les enjeux du texte : ce qu’impliquent le problème posé et la réponse à ce problème – ce qui en découle.
  5. En mettant en évidence le thème, le problème, la thèse et les enjeux du texte, et surtout en se penchant sur la manière dont l’auteur traite tout cela, on dégage du texte sa problématique. Comme le nom l’indique, la problématique est constituée par tout ce qui est « problématique » dans le texte, et qui en fait donc la difficulté et l’intérêt.

Attention :

  1. Si l’on voit un texte philosophique comme une espèce de « conversation » (l’analogie est pertinente, puisque tout texte philosophique met en scène, d’une certaine manière, une « discussion »), on pourrait dire que le thème représenterait le sujet de cette conversation. ATTENTION : Il faut et il suffit que le thème corresponde à la totalité du texte, et non à l’une ou à l’autre partie. Rappelez-vous que normalement le texte a été découpé en amont pour qu’il y ait un seul thème. Il faut pouvoir énoncer le thème par une seule phrase très brève. Une longue explication très articulée ne peut jamais présenter un thème. Le thème dominant constitue l’objet du texte, et il est donc, souvent, assez facile à trouver. Mais attention, car le thème n’épuise nullement le sens du texte…

  1. Mais il ne suffit pas de connaître le sujet d’une conversation : il est très important de connaître les positions des interlocuteurs quant à l’objet de la discussion, c’est-à-dire leurs thèses. De la même manière, la position philosophique de l’auteur, sa thèse, est essentielle pour comprendre le sens d’un texte. Attention : un texte peut présenter plusieurs thèses. Mais il y en aura toujours une dominante. La thèse est un noyau dur, qu’il faut identifier sans erreur et pouvoir exprimer en quelques mots, sans l’affaiblir dans trop de bavardages.

  1. Qu’est-ce que le problème ? Faites attention, car le problème très souvent n’est pas mis en avant de façon explicite. Le problème n’est pas le thème. Le problème est ce qui est présupposé par le thème et le rend pertinent. Reprenons l’exemple de la conversation : il ne suffit pas de savoir quel est le sujet d’une conversation, ni de savoir quelles sont les positions respectives des interlocuteurs quant au sujet de la conversation. Il est essentiel de savoir ce qui fait problème, c’est-à-dire pourquoi et à partir de quoi ils prennent position : autrement toute la discussion paraîtra arbitraire, inintéressante et dénuée de sens. Expliciter et poser le problème, en comprendre la légitimité, cela est très important, car cela permet de situer le texte par rapport aux autres problèmes et aux autres textes qu’on connaît.
  1. Nous avons déjà parlé des enjeux. Pris au pied de la lettre, c’est ce que le texte « met en jeu ». Les enjeux permettent d’évaluer la thèse quant à sa portée et à ses conséquences. La solution permet sans doute de gagner quelque chose (c’est là son intérêt), mais il faut comprendre aussi quel est le prix à payer : ce que la solution exclut, ce qu’elle renforce. Quels sont les risques, les gains, les pertes, dans tel domaine, à cause de tel énoncé ou position ? Il faut pouvoir exposer les enjeux de façon brève.
  1. La problématique du texte est dans sa structure même, c’est-à-dire la manière dont il se présente. Le fait que le texte soit ainsi fait et non pas autrement n’est nullement banal. En somme, il faut dégager tout ce qui n’est pas banal. Pourquoi l’auteur fait-il le choix de dire ce qu’il dit ? Pourquoi utiliser un mot au lieu d’un autre ? Pourquoi mettre en avant un certain exemple, ou un certain type d’argument ? Pourquoi choisir un certain ordre ? Y a-t-il des pièges ? C’est là qu’entre en jeu la structure du texte.    

Qu’est-ce que la structure argumentative du texte ?

La structure argumentative du texte est ce qu’on appelle traditionnellement son plan.

ATTENTION : il faut d’abord comprendre la fonction argumentative, logique, de chaque partie du texte. Il est inutile de comprendre le « contenu » thématique ou conceptuel d’une phrase ou d’une partie du texte si on ne comprend pas ce que l’auteur en fait.

Chaque partie du texte a une fonction : introduction, définition, illustration, démonstration, réfutation, réponse à une objection, hypothèse, citation, etc… Si on ne comprend pas la structure logique du texte, le hors-sujet est assuré. Pour comprendre ce que l’auteur dit avec les mots, il faut comprendre ce qu’il fait : introduire, illustrer, démontrer, réfuter, répondre, citer, etc. Chaque énoncé, chaque partie du texte joue un rôle par rapport à ce qui suit, par rapport à ce qui précède, ainsi que par rapport à tout le texte.

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