Peut-on se mentir à soi-même?

Il est fréquent d'entendre dire d'une personne qu'elle ment et fait preuve de mauvaise fois. L'intention de tromper et donc de dissimuler sa pensée n'est qu'une parole émise différente de la pensée de celui qui l'énonce. Le mensonge est donc bien différent de l'erreur qui elle est conforme à la pensée de l'émetteur. Il faut donc pour mentir savoir la vérité afin de la modifier. Le mensonge implique donc de la part du menteur un double savoir, l'un vrai et l'autre modifié à ses fins comme Rousseau le décrit : « Mentir sans profit, ni préjudice de soi, ni d’autrui, n’est pas mentir : ce n’est pas mensonge, c’est fiction ». Se mentir à sois-même est une contradiction totale puisqu'il faudrait que le menteur ne sache pas qu'il ment pour être trompé.

Est-il donc possible d'être trompé par sois-même sans en être conscient ? Se mentir à soi-même serait-il impossible puisque l'on connait la vérité afin de la falsifier, ou paradoxalement l'individu serait-il capable de faire de son propre mensonge sa vérité ? La question porte sur la capacité de l'individu à être conscient de sa propre tromperie, de sa mauvaise fois. Savoir si il est possible de se mentir permet de savoir si je peux me faire confiance ou si ma conscience peut me trahir, si je suis capable de me tromper. Il faut donc savoir ce qu'est la conscience pour en comprendre si elle est seule ou double. De plus, il est nécessaire de savoir si je peux détenir la vérité ou si la vérité n'est qu'un but et si le mensonge y contribue.

Le mensonge est par définition la falsification de la vérité et la modification de sa pensée ayant pour intention de tromper son destinataire. L'emmeteur de l'information est donc conscient de la véracité de sa pensée et de la différence avec cette vérité qu'il exprimera à son récepteur. Cependant si l'emmeteur et le récepteur de cette informations fausse est la même personne, le récepteur est également conscient de la tromperie puisqu'il connaît la vérité. Cela pose donc la question de conscience, en lien avec le « soi-même ». Etre soi-même c'est être conscient de ses choix, et donc devenir ce que l'on est. Le mensonge n'est donc possible que lorsque l'emmeteur et le récepteur sont deux êtres psychiques différents.

Effectivement, il est impossible de se mentir à soi-même puisque si je me mens, c'est ma propre personne qui aura décidé de mentir. Je serais donc consciente de la vérité mais aussi de la modification de cette vérité. Lorsque je mens à une personne, je fais le choix de lui mentir, je fais le choix de la tromper. Mais me mentir à moi même serait m'infliger une autre vérité alors que je connais la vrai vérité. Mentir est une action que l'on décide et par conséquent, cette décision résulte de notre conscience. Même si je veux me persuader de quelque chose de faux, donc me mentir, je saurais ce qui est vrai et la vérité ne cessera d'être dans mon esprit et je penserais à cette vérité en essayant de la tromper.

Le mensonge à soi est donc exclu puisque je suis une seule et même personne, et je ne peux être inconsciente de mes pensées puisque j'ai la pleine connaissance de ma conscience, même si mes pensées sont fausses. Je ne peux donc être inconsciente du mensonge puisque je suis le menteur. Je sais ce que pense, je connais ma conscience et ma vérité, je ne peux donc pas être en contradiction avec mes pensées puisqu'elles me définissent. Pour pouvoir me mentir à moi-même, il me faudrait avoir deux consciences distinctes, pour que je puisse me cacher la vérité et donc me tromper. Or la conscience que je détiens est en quelque sorte la connaissance que j'ai de moi, et je sais que je suis une seule et même personne, que je ne suis pas une séparation de deux être psychiques, je ne peux donc pas me mentir puisque je ne suis pas double. Cependant, suis-je toujours conscient de la vérité, suis-je capable de discerner le vrai si je me mens.

De ce fait, si se mentir à soi-même était impossible, pourquoi dire de quelqu'un qu'il se ment à lui-même, qu'il se voile la face ? Mais dans quels cas peut-on se dire une fausse vérité ? Il est tout a fait concevable qu'une personne soit de mauvaise fois, qu'elle soutienne un discours dont elle sait pertinemment qu'il est faux. En effet,

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