Leibniz, préface aux Nouveaux essais sur l'entendement humain

« Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens ne donnent jamais que des exemples, c’est-à-dire des vérités particulières ou individuelles. Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu’ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit point que ce qui est arrivé arrivera de même (…) D’où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures et particulièrement dans l’arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquence des témoignages des sens, quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d’y penser. »

Leibniz, Préface aux Nouveaux essais sur l’entendement humain.

Les sens sont liés aux fondements de la connaissance, mais suffisent-ils à nous donner toutes les connaissances actuelles? Cette thèse exposée par Leibniz dans cet extrait fait appel au thème la raison et le réel et plus particulièrement la vérité, la démonstration, la matière et l’esprit.

Le problème philosophique suivant peut être dégager: Les sens sont nécessaires mais sont-ils suffisants à l’accès aux connaissances ? L’enjeu de ce questionnement que nous propose Leibniz est de comprendre la place des sens dans l’acquisition des connaissances.

Pour cela il acte son raisonnement en deux parties, premièrement il explique que les sens (nécessaires à la connaissance) donnent des exemples mais pas de vérités nécessaires (pour qui les sens ne suffisent pas pour les démontrer) : « Les sens […] de même ». Dans un second temps il nous enseigne que les vérités nécessaires se retrouvent dans les mathématiques pures et ne doivent pas dépendre des sens (bien qu’ils soient nécessaires pour les démontrer) : « D’où il paraît […] d’y penser. ».

Leibniz expose que les sens sont nécessaires à la connaissance. Il est de fait que les sens permettent une expérience sensible qui permet d’acquérir des connaissances. Or il a été prouvé qu’aucune connaissance actuelle n’est innée, les sens sont donc nécessaires à leur apprentissage. Comment savoir que deux fois deux font quatre sans l’apprendre par un autre individu ou le lire (action rapportant à la vue, et la lecture s’acquière par enseignement)? C’est impossible. L’apprentissage des connaissances actuelles par d’autres individus n’est pas envisageable sans les sens. Sans les diverses fonctions de la sensibilité on ne peut rien apprendre des autres individus. Il est de même pour l’apprentissage personnel en effet sans l’expérience ou les sensations l’apprentissage des connaissances semble dévié/utopique. Ainsi la mémorisation des connaissances actuelles n’est possible que par l’action des sens.

Leibniz émet l’idée selon laquelle les sens ne donnent que des exemples et non des vérités générales. Pour l’étudier un exemple parait inéluctable. Dire que deux fois trois font six est un exemple de la vérité nécessaire : multiplier un chiffre par un chiffre pair donne un chiffre pair. Cet exemple vient des sens comme nous l’avons montré précédemment, mais ne démontre pas la vérité nécessaire. Une vérité nécessaire exige une démonstration qui est vraie pour tout cas. Un exemple ne peut donc pas le faire car il ne serait pas correct d’énoncer une règle à partir d’un cas particulier de cette dernière. En effet le ressenti ou l’expérience que l’on peut réaliser avec un objet ou une idée, ne sera pas forcément la même pour l’expérience suivante. Prenons un exemple concret: si on jette une balle contre un mur et qu’elle revient vers nous rien ne prouve qu’elle

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