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La vérité et le langage

Fiche : La vérité et le langage. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2018  •  Fiche  •  3 116 Mots (13 Pages)  •  1 657 Vues

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PHILOSOPHIE – QUESTION DE COURS « LA VERITE ET LE LANGAGE »

  1. Le langage est un système de signes utilisé pour établir une communication et pour s’exprimer.

  1. Les mots sont des symboles. Un symbole est un objet qui en représente un autre mais ce n’est pas seulement une image car il fait référence à une association arbitraire, culturelle et conventionnelle entre le signifiant, le signifié et le référent. Cette dimension arbitraire, culturelle et conventionnelle rend donc les mots imprécis pour parler véritablement des choses. De plus les mots ne portent pas sur les choses, sur l’extériorité, mais sur les pensées, sur des intériorités, des subjectivités ce qui les rend d’autant plus imprécis pour parler véritablement des choses.
  1. Selon Epicure, les mots ne disent pas vraiment les choses car il constate qu’une même chose génère des effets différents chez les individus (tel animal fait peur à tel homme et pas à tel autre…). Pour lui, il est normal que nous ne parlions jamais véritablement des choses en elles-mêmes, mais toujours de la manière dont nous percevons ces choses, de notre vécu, de nos impressions.
  1. La première approche quant à l’origine du langage est l’approche naturaliste défendu par Platon. Selon lui, on imagine, métaphoriquement, que tous les hommes parlaient au départ la même langue mais qu’ils ont perdu cette pratique, du fait d’une malédiction divine. Il justifie cela en expliquant qu’au départ le langage doit être identique pour tous les hommes sinon pourquoi auraient-ils parlé s’ils ne pouvaient pas se parler les uns aux autres. Le langage est donc une pratique naturelle consistant à décrire la réalité.  

La seconde approche quant à l’origine du langage est l’approche contractualiste défendu par Rousseau. Selon lui, pour les choses sur lesquels les hommes voulaient attirer l’attention, mais qui n’étaient pas visibles ou cachées, il a fallu inventer des signes de substitution : c’est à ce moment-là que sont apparus les mots. Par exemple, pour désigner des sentiments, ou de pensées, ou encore des projets dont on voulait informer autrui. Dans ces conditions, les mots ne désignent pas les choses, ils sont de nouvelles choses, qui sont invisibles ou n’existent pas dans la nature, ce sont des réalités culturelles. Le langage n’est donc pas naturel, ce n’est pas le rapport spontané que les hommes ont avec le monde, c’est simplement un contrat passé entre les hommes. Le langage obéit davantage à une logique culturelle et institutionnelle qu’à un principe naturel. Il ne sert pas seulement, voire pas du tout à décrire, il constitue une action culturelle.

  1. Le premier argument qui permet de dire que les mots remplacent les choses au lieu de les désigner, est qu’il y’a un nombre fini de mots alors qu’il y’a un nombre infini de choses.

Le second argument est que nous utilisons des « noms communs » qui ne tiennent pas compte des variations interindividuelles (le mot amour n’est pas précis car il y’a une infinité de formes d’amour), mais aussi que nous utilisons des noms propres qui ne tiennent pas compte des variations intraindividuelles, c’est-à-dire des changements qu’une même chose subit au cours de son existence (mon nom et mon prénom ne changent pas dans ma vie, pourtant je change clairement).

Le troisième argument est que quand je dis un mot, par exemple pour exprimer un sentiment (ex : je t’aime), je ne parle de rien je me réfère juste à une étiquette formelle utilisée par tout le monde, je ne décris pas automatiquement mon sentiment.

Enfin, le quatrième argument, est qu’à travers les mots nous cherchons à dire les choses alors que le réel change tout le temps. Il faudrait donc que le langage change tout le temps (passé d’un langage univoque à un langage équivoque) or le langage est figé et n’es pas en mouvement comme le réel.

  1. La première manière de penser la vérité est de croire en une vérité matérielle, une vérité inscrite dans la matière même des choses.

La seconde manière est de croire en une vérité formelle, c’est-à-dire une vérité inscrite dans la forme du discours et dans la forme de la perception dont ce discours découle.

  1. La première utilisation du décalage entre les mots et les choses s’intitule le relativisme protagoréen. Pour Protagoras, tout est relatif : la vérité dépend des personnes, des avis, des opinions…Si quelqu’un dit quelque chose, c’est vrai pour lui-même si c’est faux pour les autres. C’est une vérité faussée, une vérité qui n’est pas unique et partagée par tous, mais une vérité fragmentée, contradictoire, qui varie. Cette utilisation est antiphilosophique car elle consiste à dire joliment les choses pour tromper son interlocuteur et à imposer ses idées à son adversaires (rhétorique).

La seconde manière est la dialectique platonicienne qui consiste à échanger ses idées et convenir ensemble de la vérité. Pour Platon, il faut opposer les discours contraires pour qu’ils révèlent leur insuffisance, pour qu’on se rende compte qu’ils ne fonctionnent pas, et qu’on les dépasse vers un discours synthétique collectif. Selon lui, il faut que les mots soient en décalage, qu’ils se contredisent, qu’il y’ait débat, pour qu’on puisse voir que ce n’est pas parce que l’on dit quelque chose, qu’on dit forcément la vérité. Cette utilisation est philosophique car elle consiste à dialoguer et discuter.

  1. Les cases théoriques par lesquelles notre perception et notre pensée passent forcément sont la quantité (unité ; pluralité ; totalité), la qualité (réalité ; négation ; limitation), la relation (substance/accident, cause/effet ; réciprocité) et la modalité (possibilité/impossibilité ; existence/inexistence ; nécessité).

  1. On peut dire que sans les mots les choses n’existent pas comme le prouve Kant. Certes, il y’a peut-être en dehors de ma pensée, « une chose en soi » indépendante de moi. Pour autant pourquoi chercher les choses telles qu’elles sont-elles-mêmes puisque je serais toujours en contact avec les choses telles qu’elles sont pour moi. Pour voir la chose en elle-même, il faudrait que je la voie sans mes yeux, que je sorte de mon corps, ce qui est absurde. Par conséquent, ce n’est pas tellement que l’objet échappe au sujet ou que les choses échappent aux mots, c’est plutôt que l’objet c’est ce que le sujet désigne comme objet et donc que les choses n’existent pas sans les mots. Les choses n’existent pas indépendamment des mots.
  1. Parménide est opposé à la question du langage. Il défend l’univocité du langage et de l’être. Pour lui, si les langages varient selon les contextes, s’ils changent, alors ils n’ont rien à voir avec « ce qui est ». Exprimer quelque chose qui n’est pas, c’est dire du rien, donc ne rien dire : ce n’est pas du langage. Dès lors, ces langages ne sont que des bruits, une partie des changements multiples du monde, sans aucun rapport avec l’être : ils ne parlent pas de la réalité. Selon lui, le vrai langage qui dit ce qui est n’existe pas encore, mais s’il existait, il dirait la vérité. Ce qui oppose donc Parménide au langage c’est le fait qu’un langage qui parle de ce qui n’est pas, parle du néant, donc il ne parle de rien, il ne dit rien. De même, des mots qui désignent des non-choses, désignent du rien, donc ils ne sont pas des mots.

Au contraire, Héraclite s’oppose au langage en défendant la légitimité d’un langage équivoque, qui n’est pas fixe, car le réel n’est pas fixe. Pour lui, fuir l’équivocité du langage c’est fuir le réel, vouloir se rassurer en ramenant du l’inconnu à du connu, chercher le Même alors que le monde est toujours de l’Autre. Héraclite valorise ainsi la forme linguistique du poème plutôt que la forme linguistique rationnelle et logique. Par exemple, pour lui, « Je suis plein du silence assourdissant d’aimer » (Aragon) exprime mieux l’amour que n’importe quelle réflexion rationnelle sur le désir. Parménide avec son langage univoque et Héraclite avec son langage équivoque, s’opposent tous deux à leur manière et avec leurs justifications à la question du langage.

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