Doit-on toujours savoir la vérité?

DESCHANELS                                                                                                                                                        TS4 Marine

        Pour le sens commun, ou l’opinion générale, la vérité est un mot signifiant la conformité de ce que l’on dit avec ce qui est.

Dès notre plus tendre enfance, notre entourage nous apprend à toujours dire la vérité, que c’est « mal » de mentir. En effet, le mensonge est le plus souvent considéré comme la faute morale par excellence. Même si la Religion ne considère pas le mensonge comme un péché capital, celle-ci va quand même l’estimer comme la « Sainte Horreur du mensonge ». Mais alors, pourquoi est-ce mal de mentir ? Pourquoi devrions-nous toujours dire la vérité, toute la vérité ? Quand bien même, quelle vérité ?

Néanmoins celle-ci ne peut-elle pas, dans certains cas, nous apporter plus de mal que de bien ? Ne dit-on pas, au contraire, que « toute vérité n’est pas bonne à dire » ? Est-il bon de la rechercher ?

        Nous sommes alors en droit de nous demander s’il faut toujours savoir la vérité ?

        Nous allons donc, dans un premier temps, montrer que la vérité est nécessaire, voir même indispensable, à l’Homme et à sa façon de percevoir ce qui l’entoure. Nous verrons, cependant, que parfois, dans certaines circonstances, dans certains contextes, que toute vérité n’est pas bonne à connaître. Pour finir nous étudierons l’aspect subjectif de cette vérité et donc la complexité de la tâche, en laquelle persiste, ce besoin de connaître toutes les vérités.

        La vérité est, par excellence, ce que nous désirons tous savoir. Elle apparaît comme un idéal, que tous se proposent d’atteindre.

        La réalité fait partie intégrante des Religions et est même un pilier de l’enseignement de leurs croyances. Dans les Religions, figure parmi les péchés les plus graves. Ne dit-on pas dans les commandements « Tu ne mentiras point ». En effet, mentir est interdit chez les croyants, c’est une lourde faute qui mérite punition. Il est même dit dans le concile de trente, reconnu par l’Eglise catholique, « Il y a six choses que le seigneur hait et une septième qui est en abomination devant lui : […], un Homme menteur, un témoin faux ». Les Religions peuvent donc s’avérer être la raison pour laquelle il faudrait toujours dire la vérité, et donc plus particulièrement toujours savoir la vérité. Mentir va donc à l’encontre de la morale qui fixe une ligne de conduite, surtout aux croyants, qui redoutent le jugement dernier, qui est l’expiation des péchés afin de rejoindre le paradis.

        On peut également parler de l’importance de la lutte contre l’ignorance et l’illusion, qui est une conception déformée de la réalité qui trouve son origine dans nos désirs, qui s’opposent à la connaissance de la vérité. En effet, si on peut maintenir les Hommes dans l’ignorance et leur faire croire n’importe quoi, on peut aussi les manipuler et les asservir.                                                    Connaître la vérité est dans la nature de l'Homme, c’est pourquoi les Hommes ne pourraient survivre dans un milieu qu’ils ne connaissent pas, puisque contrairement aux animaux, les Hommes n’ont pas d’instinct pour survivre dans la nature. Ils doivent s’adapter. Le savoir est donc indispensable. La recherche de la vérité est un trait à part entière qui caractérise l’Homme, celle-ci est libératrice et émancipatrice, ce qui permettre alors à l’Homme de se distinguer de l’animal. Même si les Hommes peuvent accepter l’illusion et le mensonge, cela n’empêche pas certains individus à consacrer leur existence à la recherche de la vérité. C’est le cas dans « V pour Vendetta » où un homme masqué mène une révolution comme la tyrannie et l’ordre établi afin de faire ressortir la vérité. On peut notamment souligner cette citation « Par le pouvoir de la vérité, j’ai de mon vivant conquis l’univers » qui montre qu’être dans le mensonge, c’est mourir en ayant raté notre seule chance de vivre.

La connaissance de la vérité est donc indispensable pour l’Homme.

Il est vrai que malgré l’importance de dire et de connaître la vérité et d’être honnête, certaines situations peuvent conduire une ou plusieurs personnes, voir même un gouvernement entier, à dissimuler la vérité.

Pour Machiavel, la politique est à distinguer de la morale, exigeant parfois que l’on use du mensonge, qu’il soit par omission ou non. En effet, la morale, d’un point de vue philosophique, s’entend comme l’ensemble des principes et des règles de conduite qui l’Homme doit respecter en vue du bien. Celle-ci peut varier selon les vécus, l’appartenance à un groupe, ou l’opinion d’une personne. C’est pour cela que la morale est subjective et doit être dissocier de la politique.                   Il est souvent dit « la fin justifie les moyens », où la fin représente la stabilité et l’unité de l’Etat et les moyens tout ce qui seront nécessaires, même s’ils sont contraires à la morale : comme le mensonge. Effectivement, c’est le cas de la France, au lendemain de la seconde guerre mondiale, sous le gouvernement du Général de Gaulle. La France va alors se reconstruire dans l’amnésie des crimes, dans le refoulement des mémoires et des témoignages de juifs, et dans le mythe résistancialiste. C’est la nécessité de panser les blessures et de retrouver une fierté nationale, qui ont poussé de Gaulle à cacher la vérité au peuple français. Il a alors mis en place une mémoire sélective. Comme dit Platon dans la République, « A ceux qui gouvernent la cité […] revient la possibilité de mentir, que ce soit à l’égard des ennemis où à l’égard des citoyens quand il s’agit de l’intérêt de la cité ».

        La quête du bonheur entre également en jeu lorsqu’il s’agit de connaître la vérité. Bien que tout Homme aspire au bonheur, qu’importe le bonheur recherché et les moyens de l’obtenir. Imaginons que notre bonheur repose sur la vérité. Admettons maintenant que nous soyons parvenus à la vérité. Cette vérité que nous avons découverte ne risquerait-elle pas d’être insupportable et de nous rendre tous bonheur impossible ? La vérité est dangereuse puisqu’elle bouleverse nos convictions les plus intimes, les plus rassurantes, les plus réjouissantes pour nous. La vérité n’est pas sans effets sur nos croyances, elle les détruit et c’est notre existence tout entière qui est bouleversée. On ne trouve plus de sens à notre existence. C’est angoissant, déstabilisant, et profondément insupportable. L’Homme est déboussolé et ne peut que réagir violemment à celui qui lui dit la vérité en la prouvant. Pourquoi vouloir la vérité ? Pourquoi ne pas s’être contenté d’un monde rassurant ? L’illusion n’est-elle pas préférable à la vérité ?                                            

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