Étude du discours de la méthode de Descartes: le bon sens
Rapports de Stage : Étude du discours de la méthode de Descartes: le bon sens. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tito94 • 2 Décembre 2013 • 2 526 Mots (11 Pages) • 1 173 Vues
Corrigé du devoir sur le texte de Descartes,
extrait du début du Discours de la Méthode (1637).
« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée; car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent.
Pour moi, je n'ai jamais présumé que mon esprit fût en rien plus parfait que ceux du commun; même j'ai souvent souhaité d'avoir la pensée aussi prompte, ou l'imagination aussi nette et distincte, ou la mémoire aussi ample ou aussi présente, que quelques autres. Et je ne sache point de qualités que celles-ci qui servent à la perfection de l'esprit; car pour la raison, ou le sens, d'autant qu'elle est la seule chose qui nous rend hommes et nous distingue des bêtes, je veux croire qu'elle est tout entière en un chacun; et suivre en ceci l'opinion commune des philosophes, qui disent qu'il n'y a du plus et du moins qu'entre les accidents, et non point entre les formes ou natures des individus d'une même espèce. »
N.B. : Ont été soulignées les idées principales, les connecteurs logiques et leur exploitation pour la compréhension du raisonnement de l’auteur. Certains éléments d’explication ont été ajoutés en bleu foncé et entre crochets : […]
Cette synthèse du travail préparatoire (réalisé en 1 heure au brouillon) sur le texte de Descartes est ce qui sert de base pour la rédaction du devoir (les 3 heures restantes).
Introduction
A travers cet extrait, Descartes aborde le thème de la raison et de la spécificité de l’homme. Il s’efforce de résoudre le problème de savoir comment les hommes peuvent soutenir des opinions divergentes alors qu’ils sont tous dotés également de la même raison. L’enjeu de ce texte est la recherche de la vérité. Pour résoudre ce problème, l’auteur soutient la thèse selon laquelle si tout homme est pourvu de raison, tous ne conduisent pas cette faculté avec la même correction ou avec la même efficacité. Mais comme Descartes distingue la possession universelle de la raison (c'est-à-dire commune à tous les hommes) de l'usage singulier que chaque homme peut en faire, on peut se demander s’il suffit d’être doué de raison pour atteindre la vérité.
Plan détaillé
I. Tous les hommes sont pourvus de raison.
I.1. Affirmation de cette première partie de la thèse.
Tous les hommes sont pourvus de raison ou du moins, au début du texte, « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Mais quelle forme prend ce partage ? S’agit-il d’une simple égalité ou s’agit-il d’une distribution équitable du bon sens à chacun selon sa nature ou ses besoins ? La suite du texte permettra de répondre à ce questionnement.
I.2. Argument : personne ne réclame davantage de raison.
Pour défendre cette idée et la préciser, Descartes propose un argument comme l’indique la conjonction de coordination "car".
L’argument invoqué par l’auteur est que personne ne se plaint de ne pas posséder assez de bon sens, même les gens d’ordinaire les plus exigeants. [En effet, personne n’est prompt à réclamer davantage de bon sens car cela reviendrait à se reconnaître stupide et à se dévaloriser et cette plainte ne rapporterait rien alors que les gens n’hésitent pas à réclamer toutes sortes d’avantages. Sans doute aussi cela signifie-t-il que le bon sens ne peut être distribué ou augmenté après la naissance, après son partage initial.]
>> ironie de Descartes et limitation d'un tel argument qui repose sur l'opinion des gens et non sur une réflexion argumentée.
>> volonté de choquer le lecteur.
I.3. Justification de cet argument (« En quoi il n’est pas vraisemblable que… »): tous ne peuvent se tromper.
Descartes analyse néanmoins cette opinion (« En quoi… ») : l'opinion de chacun d'être pourvu de raison est si unanimement partagée que tous ne peuvent pas se tromper. Le consensus (l'accord de tous) sur ce point est ici utilisé par Descartes comme un critère de vérité de cette opinion mais cet argument n'énonce qu'un fait "vraisemblable", c'est-à-dire semblable au vrai mais qui n'est pas encore prouvé par des arguments suffisamment fiables et incontestables.
I. 4 Conséquence de cette explication (« mais plutôt cela témoigne que… »): être raisonnable, c’est simplement être capable de juger, ce que tout homme sait faire.
Descartes d'ailleurs en tire alors une conséquence ("cela témoigne que") plus modeste mais qu'il juge préférable ("mais plutôt"). Si la raison est la "puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux", autrement nommée le "bon sens", alors tous les hommes sont dotés de raison puisqu'ils portent tous des jugements, [c'est-à-dire qu'ils sont tous capables d'affirmer ou de nier quelque chose à propos de ce qu'ils comprennent plus ou moins bien. Notons ici que la raison est une faculté de juger, de porter un jugement, c'est un acte de la volonté par rapport à l'entendement alors que l'entendement serait la faculté de comprendre.]
II. Conséquence corrélative et deuxième partie de la thèse : la diversité des opinions s'explique par le fait que les hommes ne conduisent pas leur
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