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Souveraineté classique du sujet

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Par   •  8 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 501 Mots (7 Pages)  •  605 Vues

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Le sujet

1 Souveraineté classique du sujet

Le sujet comme substance

• Dans le langage commun, le terme « sujet » est d’un usage très divers : il désigne indifféremment le sujet d’un énoncé grammatical, celui d’une discussion, voire d’un tableau, mais on évoque aussi les « sujets » d’un despote en opposant leur infériorité à sa toute puissance, et même le sujet d’un examen. Le recours à l’étymologie (le mot vient en français du latin subjectum : ce qui est dessous) signale l’idée de quelque chose qui est toujours « dessous », l’équivalent d’un support ou d’une substance.

• Dans les textes philosophiques du Moyen Âge, le terme subjectum est déjà appliqué à n’importe quelle réalité, et pas seulement à l’être humain.

L’opposition à l’objet

• – La philosophie « moderne » (celle qui commence à la fin de la Renaissance) a progressivement spécialisé l’usage du mot, en l’opposant notamment à la notion d’objet (littéralement : ce qui est placé devant), et en y supposant l’existence d’une âme ou, de manière moins religieuse, d’une « subjectivité » caractérisant chaque individu.

Le sujet a une responsabilité

• – Être sujet, c’est se considérer comme un être libre et responsable, capable de rendre compte, notamment par la connaissance, du monde et de soi-même. Le Cogito cartésien constitue sans doute la première affirmation forte d’une opposition de nature entre l’extériorité et un « je pense » présent en tout homme.

L’activité unificatrice du sujet

L’autonomie de ce sujet se confirme chez Kant, qui comprend le « Je » comme capacité d’unifier toutes les représentations, mais surtout comme ensemble des lois universelles a priori de la pensée (sujet pur ou « transcendantal »). En régentant la connaissance, le sujet constitue ainsi la seule version du monde accessible à l’homme. Face au sujet et en dehors de lui, il n’y a que des objets inertes, ou d’autres sujets qui ont avec lui des points de ressemblance.

2 Ébranlement du sujet classique

Le sujet : principe ou produit ?

• Cette maîtrise est mise en cause par un certain nombre de réflexions, qui tendent à montrer que le sujet est en fait soumis à des forces ou déterminations sur lesquelles il ne peut exercer de contrôle. Au lieu d’être principe ou origine (de la connaissance et du sens), le sujet devient le produit de plusieurs facteurs.

• Selon Marx, il est le produit de sa « classe » et des conditions sociales dans lesquelles il vit, s’il est vrai que « la conscience est d’abord un produit social et demeure telle, aussi longtemps que les hommes existent » (Idéologie allemande, 1845), ou encore que « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience » (Critique de l’économie politique, 1859).

• Selon Nietzsche, le sujet conscient tel que l’affirme Descartes, n’est rien de plus que le résultat d’une habitude grammaticale qui suppose à tout acte un sujet agissant… Il en résulte que, bien que nos actes soient incontestablement « personnels, uniques, infiniment individuels », ce n’est pas en les rendant conscients que nous trouverons leur vérité : la conscience implique en effet l’intervention du langage, donc de concepts par définition collectifs, qui ne peuvent que banaliser le singulier. La subjectivité véritable est toujours ailleurs : dans l’effervescence de la vie, dans l’approbation de ce qui nous invite à nous dépasser en permanence.

• Freud montre l’existence de processus qui sont bien internes au sujet, mais qui ne parviennent pas à sa conscience. Dans de telles conditions, il semble pour le moins difficile de continuer à souligner la connaissance lucide qu’il peut avoir de lui-même.

L’efficacité du langage

Enfin, certains linguistes admettent que le « sujet » et la « subjectivité » sont produits par le fonctionnement même de la langue : si leur existence a bien des retentissements dans les échanges verbaux entre personnes, il n’est pas pour si peu nécessaire de concevoir cette existence en termes de métaphysique ou de psychologie ; il serait alors plus prudent d’évoquer une « subjectivité du discours », ainsi que le souligne Émile Benveniste en montrant que, si « je jure est un engagement, il jure n’est qu’une description, au même plan que il court, il fume. On voit ici, dans des conditions propres à ces expressions, que le même verbe, suivant qu’il est assumé par un « sujet » ou qu’il est mis hors de la « personne », prend une valeur différente » (Problèmes de linguistique générale, 1971).

Comment maintenir l’autonomie ?

Même si le point de vue freudien n’est pas philosophique, il rend

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