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Molière

Commentaire d'oeuvre : Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Janvier 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  831 Mots (4 Pages)  •  668 Vues

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La femme est en effet le potage de l'homme; - Et quand un homme voit d'autres hommes parfois - Qui veulent dans sa soupe tremper leurs doigts, - Il en montre aussitôt une colère extrême.

Une femme d'esprit peut trahir son devoir, - Mais il faut, pour le moins, qu'elle ose le vouloir; - Et la stupide au sien peut manquer d'ordinaire, - Sans en avoir l'envie et sans penser le faire.

Qui rit d'autrui - Doit craindre qu'en revanche on rie aussi de lui.

En élaborant une poétique nouvelle du genre comique, Molière réussit une remarquable synthèse entre deux courants jusque là divergents, sinon contradictoires, de la vulgate comique : le premier, issu de Plaute et enrichi de l’ancienne farce, se caractérise par le seul désir de faire Rire en présentant une image caricaturale du monde ; le second, dans la lignée de Térence et du théâtre humaniste, nourrit la noble et séculaire ambition de la correction des mœurs, grâce à une peinture fidèle de l’homme. Une telle synthèse lui procure une large palette, riche des effets comiques les plus variés au sein desquels on distingue traditionnellement le comique de gestes ou de mots issu de la farce, le comique de situation, le comique de mœurs permettant une satire sociale, et le comique de caractère qui appartient en propre à notre poète, mais que depuis la IIIe République on a abusivement privilégié. Mais à cette classification peu opératoire et souvent flottante, nous préférons celle que propose Jean Molino en s’inspirant des travaux de Nicholas Grene. Elle permet de distinguer trois grandes formes du comique moliéresque : le comique fondé sur la satire du Ridicule, qui sous-tend la conception morale de la comédie ; le comique de fantaisie, qui se fonde sur le principe du monde renversé du carnaval, dans lequel l’accomplissement du désir supplante le principe de réalité ; et enfin un comique de l’absurde, dont la portée est plus ou moins large, selon que l’incongruité est passagère, ou que le poète met en jeu une vision du monde où le rire est la seule réponse du sage devant la folie du monde (Voir Jean Molino, « Molière, esquisse d’un modèle d’interprétation », Dix-Septième Siècle, 1994).

Molière fait du rire un élément essentiel à sa dramaturgie ; alors que, chez ses prédécesseurs, le rire était sporadique et souvent ornemental, il devient ici la clef de voûte du système théâtral. La comédie doit, selon lui, être comique, faute de quoi, elle est sans objet, comme il l’indique dans L’Impromptu de Versailles :

C’est une idée qui m’avait passé une fois par la tête, et que j’ai laissée là comme une bagatelle, une badinerie, qui peut-être n’aurait pas fait rire (sc. 1).

Dans cette perspective, l’éclat de rire du public est le signe que la peinture des ridicules humains est vraie. Cela explique que Molière ne méprise aucun des effets comiques transmis par le courant séculaire de la farce et de la commedia dell’arte, qui ravissent le parterre — voire le roi —, s’ils servent la visée de sa poétique, ce qui choque les esprits raffinés, incapables de mesurer la portée du phénomène : ses premiers ennemis le traitent du terme méprisant de « farceur », et Boileau réprouvera jusqu’au bout ce mélange des effets, indigne selon lui de la grande comédie

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