Machiavel sur la dignité
Commentaire de texte : Machiavel sur la dignité. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar morta • 9 Mars 2015 • Commentaire de texte • 374 Mots (2 Pages) • 1 114 Vues
Machiavel oppose l'apparence à la réalité en inversant l'ordre des valeurs : l'apparence de vertu vaut mieux qu'être réellement vertueux. Une vertu est une qualité considérée comme moralement désirable. Il est important de noter que Machiavel ne dit pas que le prince doit être immoral. Il dit seulement qu'il ne doit pas nécessairement être moral. Il est au-dessus de la morale ordinaire. Cependant, il doit paraître moral aux yeux de ses sujets. On retrouve ici l'idée de simulation et dissimulation évoquée au début du texte. Ainsi, pour le prince, la morale n'est pas une fin en soi, elle n'est qu'un moyen. Remarquez que Machiavel parle de nécessité là où on attendait une obligation. On voit par là que le prince est guidé non par des principes mais par la force des choses. C'est un des aspects du réalisme politique de Machiavel: il vaut mieux m'en tenir, dit-il, "à la réalité des choses que de me livrer à certaines spéculations"On pourrait alléguer des exemples innombrables dans le temps présent, montrer combien de traités, combien d'engagements sont partis en fumée par la déloyauté des princes ; et celui qui a su le mieux user du renard en a tiré les plus grands avantages. Toutefois, il est bon de déguiser adroitement ce caractère, d'être parfait simulateur et dissimulateur. Et les hommes ont tant de crédulité, ils se plient si servilement aux nécessités du moment que le trompeur trouvera toujours quelqu'un qui se laisse tromper. […]
Il n'est donc pas nécessaire à un prince de posséder toutes les vertus énumérées plus haut (1); ce qu'il faut, c'est qu'il paraisse les avoir. Bien mieux, j'affirme que s'il les avait et les appliquait toujours, elles lui porteraient préjudice ; mais si ce sont de simples apparences, il en tirera profit. Ainsi, tu peux sembler - et être réellement - pitoyable, fidèle, humain, intègre, religieux : fort bien ; mais tu dois avoir entraîné ton cœur à être exactement l'opposé, si les circonstances l'exigent. Si bien qu'un prince doit comprendre - et spécialement un prince nouveau (2)- qu'il ne peut pratiquer toutes ces vertus qui rendent les hommes dignes de louanges, puisqu'il lui faut souvent, s'il veut garder le pouvoir, agir contre la foi, contre la charité, contre l'humanité, contre la religion.
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