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Le Travail En Philosophie

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Par   •  18 Mars 2014  •  1 920 Mots (8 Pages)  •  1 465 Vues

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1. Pourquoi dans l’antiquité un homme ne peut pas à la fois être libre et travailler ?

Dans l’antiquité, le travail qualifie l’esclave et la liberté est l’apanage du citoyen. Étymologiquement, le mot travail, du latin « tripallium », signifie « instrument de torture » et le mot liberté, du latin « liber », signifie « celui qui n’est pas esclave ». Le travail est envisagé uniquement comme une activité manuelle qui vise à produire des objets utiles à la survie du corps, et non de l’esprit ; il était en quelques sortes ce qui était commun entre l’homme et l’animal. Ainsi, le citoyen libre était celui qui, affranchi des contingences matérielles, agissait socialement et politiquement (praxis) et non celui qui produisait manuellement des objets (poiesis). Un homme dans l’antiquité ne pouvait donc à la fois être libre et travailler.

2. Sur quelles pensées s’appuyer pour remettre en cause cette opposition antique entre le travail et la liberté ?

Plusieurs pensées remettent en cause l’opposition antique entre le travail et la liberté. Toutes ont en commun de faire du travail un espace de libéralisation de l’homme, d’accession à l’humanité.

La première est la conception judéo-chrétienne du travail : le travail est certes utile aux besoins biologiques, mais il permet avant tout à l’homme de se réaliser en maitrisant la nature dont la création résulte du travail même de Dieu ; le travail révèle alors sa propre nature à l’homme (idée de la vocation). On retrouve ces arguments chez Descartes dans son Discours de la méthode pour qui le travail permet à l’homme d’être « maîtres et possesseurs de la nature » afin de préserver sa santé ou chez Kant pour qui le travail est un devoir (« l’homme est le seul animal qui soit voué au travail dans Traité de Pédagogie).

La seconde est celle qui place le travail au centre de la construction sociale et en fait le principe de toute société. Dans De la richesse des nations, Adam Smith nous propose une conception libérale du travail : le travail fait la richesse des nations et la puissance productive d’une société. Par son organisation avec notamment la division du travail, le travail permet à tous de profiter de l’opulence générale devient. Le travail devient une valeur.

Mais c’est principalement la conception qui définit le travail comme processus d’humanisation et source de libération qu’il faut retenir ici : on y retrouve La dialectique du maître et de l’esclave décrite par Hegel dans La phénoménologie de l’esprit ainsi que les arguments de Marx développés Le Capital. Pour Hegel, le travail nous rend maître des choses, donc des hommes ; c’est par le travail que l’on atteint la reconnaissance d’autrui ; le travail humanise. Pour Marx, c’est la technique qui libère l’homme : le travail, grâce à la mécanisation et au progrès technique et hors contexte de l’aliénation, mène à la disparition du travail sous sa forme pénible au point d’être apprécié comme un loisir, comme une activité permettant de s’épanouir. Il distingue le travail animal, sans conscience, du travail humain qui présuppose une conscience du projet et donc de l’objet.

3. Expliquez l’analyse hégélienne du travail (voir texte)

Pour Hegel, le travail est le moyen privilégié pour obtenir ce que l’homme recherche profondément : la reconnaissance d’autrui. C’est par le travail et le conflit que nous obligeons autrui à nous reconnaître comme valeur. En transformant les choses par son travail, l’homme se transforme lui-même et se libère de la nature : le travail est ce qui nous humanise.

La dialectique du maître et de l’esclave présuppose l’existence d’un conflit originaire dans lequel deux individus luttent pour le pouvoir ; au terme du conflit, l’un se soumet ; il devient esclave, nie sa propre liberté et se dissout dans la conscience du maître, il devient l’instrument de la liberté du maître.

Hegel nous décrit ensuite la relation de servitude : le maître n’est plus en rapport avec la nature, il jouit passivement des choses, donc sa conscience ne se développe plus ; il a besoin de l’esclave qu’il le reconnaît alors comme moyen de sa survie. A l’inverse, l’esclave prend conscience de lui-même, il extériorise sa conscience et ses projets en humanisant la nature en objectivant son talent qui s’incarne dans un objet. Il prend conscience de soi, et du fait qu’il est maître de la nature. Il découvre également qu’il est maître de soi, contrairement au maître qui reste dominé par ses désirs et ses passions. Il se libère donc. Il est reconnu comme moyen par le maître mais l’esclave ne reconnaît pas le maître.

Finalement l’esclave s’émancipe ; il prend conscience que c’est par accident qu’il est esclave, que le maître n’a rien de supérieur à lui, qu’au contraire il dépend de lui. Il va donc se révolter et exiger que le maître le reconnaisse comme son égal. Le travail libère donc l’homme : être maître sans travailler est une impasse alors que le travail dans lequel la conscience se fait objet est la voie de la libération humaine.

4. Travailler remplit-il l’existence humaine ?

Si l’on considère que le travail ne représente en moyenne que 14% de la vie éveillée d’un homme, et si l’on considère le travail uniquement comme un processus d’aliénation et que son seul objectif est d’atteindre la satisfaction immédiate alors il est facile de répondre que le travail non seulement ne remplit qu’une faible partie de notre existence mais surtout qu’il néantise notre humanité. C’est en considérant le travail comme une condition nécessaire mais non suffisante à notre humanité que l’on peut affirmer que le travail remplit l’existence humaine.

Tout d’abord le travail est ce qui distingue l’homme de l’animal. Il est la réalisation d’un projet préalable. L’homme construit dans sa tête avant de construire dans la réalité. Cette médiation par un projet conscient montre que le travail n’est pas qu’un simple moyen visant à atteindre la satisfaction.

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