La rébellion, condition de la création et source d’inspiration
Étude de cas : La rébellion, condition de la création et source d’inspiration. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar necris • 5 Novembre 2014 • Étude de cas • 865 Mots (4 Pages) • 805 Vues
Introduction
« La création poétique est d’abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots », écrit le poète mexicain Octavio Paz dans L’Arc et la Lyre. La querelle entre rébellion et tradition n’est pas nouvelle : au xviie siècle, les « Modernes » se sont opposés aux « Anciens », parmi lesquels Boileau et La Fontaine, poètes eux aussi. Déjà se posait la question de savoir si la littérature, et plus spécialement la poésie, est nouveauté ou tradition, rébellion ou imitation. Le poète, pour créer, doit-il nécessairement se démarquer de ceux qui l’ont précédé, ou l’acte poétique doit-il s’inscrire dans une lignée ? Le secret de la création poétique ne serait-il pas dans un dosage dont la recette est sans cesse à réinventer ?
I. La rébellion, condition de la création et source d’inspiration
La plupart des poètes cherchent à s’affranchir de l’autorité de leurs prédécesseurs et se réalisent dans la révolte. Cela est dû à la nature même du poète et de la poésie.
1. L’histoire littéraire en témoigne : la poésie est rébellion
Si l’on en croit l’histoire littéraire, scandée par des révoltes parfois violentes contre la tradition, la poésie ne se conçoit que dans la rupture.
Ainsi, le romantisme est né de la contestation des règles classiques, jugées trop rigides et contraignantes : Hugo, dans « Réponse à un acte d’accusation », se présente comme le héros révolutionnaire du vers ou comme la Liberté guidant le peuple poétique. Mais il pouvait déjà sentir la rébellion naissante des Parnassiens, agacés par les élans lyriques de ces jeunes poètes romantiques laissant libre cours à leur « mal du siècle ».
Puis, fatigués des beautés hiératiques de l’art pour l’art prôné par Théophile Gautier, Baudelaire et Rimbaud renversent les principes formalistes du Parnasse. Plus tard, les dadaïstes se font les champions de la provocation : « Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; protestation aux poings de tout son être en action destructive : dada » (Tristan Tzara). On pourrait continuer ainsi jusqu’à la poésie contemporaine : la chaîne poétique se construit par une succession de « coups d’État ».
2. Une rébellion aux formes multiples et dans tous les domaines
À toutes les époques, cette rébellion prend les formes les plus diverses et n’épargne aucun domaine de la poésie.
La révolte poétique se manifeste de la façon la plus évidente dans la forme. Ainsi, un des piliers de la tradition poétique, le vers, s’est défini par opposition à la prose. Mais les poètes s’attaquent à lui : fils révoltés des vers réguliers des poètes humanistes ou classiques, les vers irréguliers ont été détrônés par les vers libres d’un Prévert ou d’un Reverdy, eux-mêmes « contestés » par les poèmes en prose (par exemple ceux d’Aloysius Bertrand) qui sont pour Baudelaire les plus aptes à la « description de la vie moderne », jusqu’à l’apparition du calligramme, mi-poésie mi-dessin.
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