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La guerre peut-elle être juste

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Par   •  17 Février 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 242 Mots (13 Pages)  •  1 228 Vues

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sujet: La guerre peut-elle être juste ?

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7 mars 2012, 09:29

Pour n’importe quel pacifiste, le recours à la violence est injustifiable. Toute guerre est profondément injuste car elle engage une escalade sans fin dans la logique de la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Le point d’arrêt de cette surenchère de violence est la défaite de l’une des deux parties en présence, ce qui implique aussi que ce n’est pas forcément celui qui a raison qui l’emporte, mais toujours le plus fort. La guerre peut-elle être juste ?On peut condamner le phénomène de la guerre en lui-même, il n’en reste pas moins que le recours à la violence est parfois nécessaire, ne serait-ce que pour se défendre. Mais la justification de ce recours est problématique : un Etat trouve toujours une bonne raison de faire la guerre à un autre. Il semble donc important de mettre en place un droit international et supra étatique, ainsi qu’une instance internationale qui soit chargée de le faire appliquer. Dans cet optique, l’enjeu est de définir un droit à la guerre (jus ad bellum) qui permette de juger quand est-ce qu’un Etat peut recourir à la violence contre un autre. On peut également édifier un droit dans la guerre (jus in bello) afin que la situation de guerre ne soit pas une suspension du droit. Mais cette conception juridique du recours à la violence n’est pas évidente. L’application de ce droit n’est pas toujours possible, car personne en temps de guerre n’est en mesure de faire respecter ce droit international, s’il n’est pas reconnu ex ante par les deux belligérants. La guerre en effet, reste un phénomène entre Etats, donc entre deux conceptions du droit différentes. Il faut également souligner que la signature de traités internationaux doit reconnaître la souveraineté des Etats sur le territoire, et par conséquent non seulement impose d’admettre les frontières telles qu’elles sont établies, mais en plus suppose de concéder aux Etats la légitimité de leur monopole de la violence légitime. Enfin la guerre est un phénomène éminemment politique, c’est-à-dire un conflit de pouvoir entre des peuples. Par conséquent, la morale n’a pas une prise facile sur la situation dans ce contexte : toute guerre semble en deçà du bien et du mal, en deçà de toute morale en ce qu’elle laisse finalement le droit du plus fort décider de l’issue de la guerre.A quelles conditions la guerre peut-elle échapper à l’arbitraire du droit du plus fort ? Comment justifier la légitimité d’une guerre juste ? Tout d’abord, nous établirons en quoi le droit est la condition de possibilité de toute justification de la guerre, puis nous montrerons les limites de la justification juridique de la violence, enfin nous chercherons à savoir quel type de loi peut justifier une guerre.

I. Le droit comme condition de la justification de la guerre

A. Un ordre raisonnable contre le droit du plus fortDans le Gorgias, le sophiste Calliclès soutient que, dans la nature, la marque du juste est la domination du puissant sur le faible. De même, Thrasymaque dans le Livre I de la République affirme que la justice n’est « rien d’autre que ce qui profite au plus fort ». Le point de vue de ces sophistes est le suivant : la loi est une invention des hommes faibles qui se sont alliés ensemble pour faire peur aux hommes les plus forts. Ainsi la loi positive, le droit telle qu’il est fait par les hommes dans les cités, est un droit profondément injuste vis-à-vis du droit naturel qui est, selon ces hommes, le droit du plus fort. Platon consacre la majeure partie de sa vie à lutter contre un tel point de vue. Non pas qu’il porte en son cœur les lois de la démocratie athénienne (elles ont permis la condamnation à mort de Socrate), mais il est persuadé que le législateur peut instituer dans la cité l’ordre et la justice en faisant appel à la raison. Le droit du plus fort est arbitraire, il ne repose sur aucune justification rationnelle de la violence. N’importe qui peut en faire usage du moment qu’il est (ou qu’il se croit) le plus fort. Dans ce contexte, on voit mal comment les sophistes peuvent condamner l’union des faibles contre le plus fort, si justement, une fois réunis, les plus faibles sont plus forts que lui.

B. Un droit naturel fondé sur la raisonL’enjeu est donc de pouvoir parvenir à la définition d’un droit naturel qui soit capable de nous servir de pierre de touche pour vérifier que nous sommes bien en présence d’une guerre juste. Le droit naturel indique quelles sont les lois morales tirées de la nature. Il définit également quels sont les droits de l’individu, ainsi que ses devoirs envers les autres hommes. Mais comment fonder ce droit naturel ? Pour le courant qu’on appelle le rationalisme juridique ce fondement est la raison universelle propre à l’ensemble du genre humain. A partir de là, des juristes comme Pufendorf vont définir un jus gentium, un droit des gens. Le droit des gens désigne le droit commun à tous les hommes. Ce droit relève du droit international. Les juristes rationalistes souhaitent moraliser les rapports interétatiques par des réglementations supra étatiques. Pour cela, ils reconnaissent l’homme comme un être rationnel, ce qui permet de justifier un fondement naturel au droit international moderne. Dans Du droit de la nature et des gens, Pufendorf défend la thèse d’un droit naturel et incontestable de « se défendre contre les insultes d’un injuste agresseur, et de maintenir par la force l’usage de ses droits, lorsque les autres y donnent quelque atteinte ». La guerre juste pour Pufendorf est une guerre de légitime défense.

C. Un droit cosmopolitique pour échapper à l’état de nature On peut néanmoins souligner les manques de cette théorie. En effet, d’une part la légitime défense est un concept assez flou : un pays peut justifier son recours à la violence simplement parce qu’il a le sentiment d’être menacé. D’autre part, elle victimise le pays attaqué et ne va pas voir quels peuvent être les motifs justes d’un recours à la violence. Un moyen de sortir de ce relativisme peut consister à poser une instance internationale, un gouvernement mondial, un super Léviathan qui soit capable de statuer dans quels cas le recours à la guerre peut être légitime. Cette idée sera celle de Kant dans L’Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique. Pour justifier cela il recourt à une analogie entre la sphère domestique et la sphère internationale. De même que les individus s’unissent en un Etat pour leur sécurité et sorte ainsi de l’état de nature, de même au niveau international,

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