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La Liberté

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Par   •  21 Avril 2015  •  2 215 Mots (9 Pages)  •  801 Vues

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Qu'entend-on par la notion de liberté ? Souvent, on l'assimile à la possibilité de faire tout ce qu'on veut sans limites, qu'elles soient naturelles ou conventionnelles.

Mais la liberté n'est pas la possibilité de tout faire, puisqu'il existe toujours des contraintes et des déterminismes naturels. Par exemple, un animal ou un homme sera considéré comme libre s'il n'est pas enfermé ou enchaîné. Pourtant, il est évident qu'il n'a pas la possibilité de tout faire : il ne peut pas devenir un dieu ou défier la gravité. De même, un homme ne voit pas sa liberté réduite s'il est dans l'impossibilité de comprendre un texte philosophique : il s'agira alors d'un problème de puissance plutôt que de liberté.

La liberté individuelle peut donc être définie comme la possibilité de faire tout ce qu'on a la puissance physique et mentale de faire.

« D'après le sens propre (et généralement admis) du mot, un HOMME LIBRE est celui qui, s'agissant des choses que sa force et son intelligence lui permettent de faire, n'est pas empêché de faire celles qu'il a la volonté de faire. »

Léviathan, Hobbes, 1651

2Les contraintes légales

Il semble donc que la loi, qui impose des droits et des devoirs, soit une entrave à la liberté individuelle. En effet, lors de la fondation du contrat social chez Hobbes, les hommes décident de déléguer leurs libertés individuelles au Léviathan. De même, chez Rousseau, ils choisissent de limiter leurs libertés individuelles au profit de la volonté générale. Nous serions donc plus libres à l'état de nature qu'à l'état de droit.

« L'homme est né libre, et partout il est dans les fers. »

Du contrat social, Rousseau, 1762

Dans ce cas, pourquoi l'homme limite-t-il volontairement sa liberté individuelle par la loi ?

BLes lois, condition de la liberté collective

1Le respect de la loi

La licence désigne une liberté excessive qui tend au dérèglement moral. Ce qui est licencieux est contraire à la décence.

Si l'on considère que la liberté équivaut à la licence (qui est la possibilité de tout faire en respectant les limites naturelles), cela pose un problème sémantique. En effet, si le mot « liberté » a une connotation positive, il n'en est pas de même pour la « licence », vue comme une cause de décadence morale. Il y aurait donc une différence essentielle entre les deux notions. Si la liberté n'est pas la possibilité de faire tout ce que l'on veut, comment la définit-on ?

La liberté a une définition plus modérée : il s'agit de pouvoir faire ce que l'on veut, mais dans les limites de la loi. En effet, un citoyen est dit libre s'il n'est pas soumis au pouvoir et s'il a la possibilité d'exercer ses droits.

En fait, comme l'explique Rousseau, la liberté ne consiste pas à exercer tous ses désirs mais au contraire à obéir à une loi qu'on s'est imposée soi-même.

« L'impulsion du seul appétit est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. »

Du Contrat social, Rousseau, 1762

2Liberté individuelle et liberté collective

Si l'on considère que la liberté est la possibilité d'agir selon la loi, c'est parce que les lois sont en fait la condition de la liberté collective. Il existe plusieurs explications à ce constat :

Il est logiquement impossible de considérer que la liberté individuelle doit être illimitée : dans le cas où un homme agirait uniquement selon ses désirs, alors il détruirait la liberté individuelle d'autrui (« La liberté des uns s'arrête là où commence celles des autres »). Une liberté infinie annihilerait la liberté.

De plus, la loi assure la sécurité aux hommes car elle limite la liberté de tous : c'est le but du contrat social. Or la sécurité est la condition de la liberté: comment être libre si l'on ne peut pas sortir de chez soi sans risquer sa vie ?

Finalement, les lois sont la condition nécessaire à la vie en société, or l'homme a évidemment plus d'opportunités d'action s'il peut agir collectivement (par exemple, le contrat est la condition de la liberté d'entreprendre).

Spinoza affirme ainsi que nous sommes plus libres en communauté, soumis à la loi, que dans la solitude.

« L'homme raisonnable est plus libre dans la cité où il vit sous la loi commune que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui-même. »

Éthique, Spinoza, 1677

Hobbes résume, en comparant l'état de nature à l'état de droit, à quel point les lois sont bénéfiques à la liberté.

« Hors de l'état civil, chacun jouit sans doute d'une liberté entière, mais stérile ; car, s'il a la liberté de faire tout ce qu'il lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qu'il leur plaît. Mais, une fois la société civile constituée, chaque citoyen ne conserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre bien et vivre en paix, de même les autres perdent de leur liberté juste ce qu'il faut pour qu'ils ne soient plus à redouter. Hors de la société civile, chacun a droit sur toutes choses, si bien qu'il ne peut néanmoins jouir d'aucune. Dans une société civile par contre, chacun jouit en toute sécurité d'un droit limité. Hors de la société civile, tout homme peut être dépouillé et tué par n'importe quel autre. Dans une société civile, il ne peut plus l'être que par un seul. Hors de la société civile, nous n'avons pour nous protéger que nos propres forces ; dans une société civile, nous avons celles de tous. Hors de la société civile, personne n'est assuré de jouir des fruits de son industrie ; dans une société civile, tous le sont. On ne trouve enfin hors de la société civile que l'empire des passions, la guerre, la crainte, la

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