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L'inconscient dans la philosophie classique et moderne

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Par   •  4 Janvier 2014  •  Analyse sectorielle  •  3 067 Mots (13 Pages)  •  708 Vues

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Si l’on affirme qu’il y a en nous des désirs, des impulsions, des mécanismes qui nous sont inconnus et inaccessibles car fondamentalement étrangers à notre conscience, alors c’est le projet même des philosophies de la conscience qui se trouve profondément remis en question. Car le présupposé fondamental de cette philosophie est que toutes nos activités psychiques peuvent être saisies réflexivement par la conscience, rien ne pouvant, en droit, échapper à celle-ci. Si dans les faits nous ne sommes peut-être pas conscients à tout moment de notre activité psychique, cela ne supprime aucunement la possibilité que nous le soyons. L’inconscient perturbe cette conception car il pose qu’il y a un autre de la conscience qui lui est totalement étranger. Cet inconscient, cela peut tout d’abord être un « infra-conscient » (et pourquoi pas un « supra-conscient »), composés de sensations trop faibles pour parvenir à la conscience (ou de réflexions qui vont au-delà de la conscience). Il peut être également composé des instincts ou des puissances de la vie, souvent liés à la nature corps de l’homme. Mais, et c’est là que se situe la découverte de Freud, l’inconscient peut-être conçu comme une entité psychique à part entière, ayant sa propre structure et son propre fonctionnement, et n’ayant donc pas moins « droit de cité » dans le système psychique que la conscience.

L’inconscient dans la philosophie classique et moderne

« D'ailleurs il y a des marques qui nous font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et réflexion, i.e. des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que ces impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre, ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais, jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage. » Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain.

C’est Leibniz qui le premier a démontré l’insuffisance de la conception cartésienne de la conscience (ou cogito). Pour Descartes, conscience et pensée étaient intrinsèquement mêlées dans le cogito de telle manière que tout ce que nous pensions nous en avions immédiatement conscience. Leibniz dissocie quant à lui pensée et conscience en affirmant que bien que nous pensions toujours nous ne sommes pas toujours conscients de ce que nous pensons. C’est le cas des petites perceptions qui le conduit à avancer cette thèse. Il faut distinguer celles-ci des aperceptions ou perceptions réfléchies, ces dernières étant ce que nous reconnaissons comme étant les perceptions que nous avons, ce dont on a proprement conscience. Comment puis-je avoir des perceptions et ne pas savoir que je les ai ? Il y a une première raison : j’ai certaines perceptions, mais y suis tellement habitué ou suis tellement captivé par autre chose que je les ignore. Leibniz affirme que nous sommes à tout moment assaillis par une infinité de perceptions ; une sélection parmi celles-ci est donc nécessaire. La seconde raison, que Leibniz développe plus amplement, est la suivante : il y a certaines perceptions en moi qui sont trop faibles pour parvenir à la conscience. Suivons l’argument de Leibniz en nous appuyant sur son exemple privilégié, celui du brut de la mer. Nous avons des petites perceptions de chaque vague, de chaque goutte peut-être ; ces perceptions s’agrègent (ou plutôt s’intègrent au sens mathématique car le modèle de Leibniz est le calcul intégral qu’il a découvert en même temps que Newton) formant ainsi des perceptions plus globales qui, si elles dépassent un certain seuil d’intensité, parviennent à la conscience. Autrement dit, si nous demeurons en deçà de ce seuil, nous n’aurons pas conscience du bruit de la mer mais nous n’en continuerons à en avoir des petites perceptions. Leibniz fait plus ici que limiter les pouvoirs de la conscience car il explique l’émergence de la conscience à partir de l’inconscient.

Leibniz n’use pas explicitement du terme d’ « inconscient ». Ce sont les philosophes romantiques, au premier rang desquels Schelling, qui sont les premiers à le faire. L’inconscient est pour eux le fondement de la vie humaine en ce sens qu’il dévoile l’union de l’esprit et de la nature, une force qui dirige tout l’univers et se différencie donc de la conscience humaine. Schopenhauer quant à lui identifie l’inconscient à l’action chez l’homme de l’instinct sexuel et de l’instinct de conservation. L’inconscient est une volonté aveugle, non maîtrisée. On peut enfin citer Nietzsche pour qui la conscience n’est que l’effet de la lutte inconsciente des multiples instincts ou pulsions qui habitent le corps de l’homme.

Freud et la naissance de l’inconscient

Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique." Freud, Introduction à la psychanalyse.

Cette brève présentation des prédécesseurs de Freud laisse entrevoir des sources d’influence possibles (en premier lieu Schopenhauer). Mais Freud va également puiser à une toute autre source, les travaux des psychiatres et médecins aliénistes (Janet, Ribot, etc.), principalement français, de la deuxième moitié du 19ème siècle. Les phénomènes psychopathologiques de la vie inconsciente découverts par eux (par exemple les dédoublements de personnalité) et expliqués en termes d’automatismes psychomoteurs ou encore de symptômes hystériques, vont profondément l’intéresser. Mais il va néanmoins considérablement transformer l’origine, le sens et la fonction des phénomènes inconscients et promouvoir l’inconscient lui-même en tant qu’entité du système psychique.

Freud privilégiant une démarche scientifique (ses critiques de la philosophie sont souvent acerbes), il est nécessaire de situer sa découverte de l’inconscient dans

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