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Hegel, Traduction Et Analyse: La Belle âme En déchirement

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Par   •  24 Septembre 2012  •  3 382 Mots (14 Pages)  •  3 265 Vues

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            La belle âme –die schöne Seele-   rassemble un des derniers moments critiques du cheminement de la conscience, avant le saut dans le savoir absolu. Elle dépasse les formes de moralité des âmes actives analysées dans les premiers temps de la section. La belle âme comme bonne conscience vit la tension avec l'universel, mais se comprend encore comme bonne conscience, c'est à dire comme liberté du Soi à l’intérieur de soi-même. Cette universalité cherchée par la belle âme ici étudiée laisse ainsi place, dans la moralité, à des traits esthétiques qui teintent la jouissance du Divin. Ses traits restent ceux incarnés par les figures centrales de l'idéalisme allemand pré-hégélien. La conscience objective de la belle âme déployée ici fait écho aux articulations de Schiller, Novalis, Jacobi, Schelling et Schleiermacher. Elle se présente comme une évolution vis à vis de la critique du « moralisme » de Kant et Fichte dans une critique redoublée de l'idéalisme esthétique et religieux. Elle cherche alors à rejoindre la participation communautaire où le Soi de chacun fait relais avec le Soi universel. S’installe ici une critique de l'essence de la conscience morale -Gewissen- analysée jusqu'alors comme l'absolu de la conviction, la bonne conscience. Agir selon sa conviction comme belle âme, c'est ainsi agir dans le concret du Dasein, c'est rejoindre le Soi qui se sait absolu. Mais cet aspect moral où chacun, dans la communauté, agit selon l'inspiration de son cœur et selon son intuition, est encore loin du savoir absolu. Il laisse encore trace à un idéalisme subjectif qui néglige la nature objective et l'action concrète auquel la belle âme doit laisser place. Il laisse aussi trace à une prédominance de l'universel. Pour Hegel, ce mouvement dialectique doit conduire à sa propre philosophie comme moment de la réconciliation spirituelle. Le commentaire de Jean Hyppolite1 propose les mots de Goethe: « J'ai eu soudainement la semaine dernière une inspiration singulière qui par bonheur dure toujours. J'ai été pris d'une envie de mettre sur le pied le livre religieux de mon roman, et, comme le sujet repose sur les plus nobles duperies et sur la plus subtile confusion du subjectif et de l'objectif, il m'a fallu une application plus intense et plus de recueillement2». Hegel ne cherche pas moins à se recueillir sur la question posée par la belle âme dans ses multiples traits. La moralité cherchait ainsi, selon l'expression de Jean François Marquet, à éprouver le « jeu du sujet et de la Loi ». Dans ce texte, se précise un type de tension marquée par les premières lignes : tension entre la certitude absolue de soi-même et la conscience de son écho mourant. Notre traduction laisse relais à des traductions antérieures, ainsi qu'à des pistes de ponts en littérature. L'enjeu de son articulation ne consiste que dans l'ambition d'une mise en perspective de l' « échos mourant » ici abordé, c'est à dire de la problématique singulière que ces lignes laissent saisir.

 

           Il ne pourrait être question, par-là, de saisir l’intelligibilité exhaustive de la vision d'Hegel de la belle âme en déchirement dans la Phénoménologie de l'esprit3. Sil nous a semblé pertinent de synthétiser notre analyse en un titre si global, c'est en raison d'une saisie progressive d'un problème singulier posé dans ces lignes. Cet apport nous apparaît comme un moment significatif d'une interrogation plus globale qu'il conviendrait de mettre en évidence. Toute l'ampleur de notre ambition, à travers la traduction et les esquisses de commentaires, se détermine cependant en ces mots : faire émerger le problème de ces lignes à mesure que la lettre elle-même nous en présente linéairement le déploiement.

          

 « Die absolute Gewißheit seiner selbst schlägt ihr also als Bewußtsein unmittelbar in ein Austönen, in Gegenständlichkeit seines Für-sich-seins um; »

Cette première phrase part de l’installation de l'analyse de la belle âme dans un second plan d'étude. En effet, Jean Hyppolite nous montre en note : « Les trois grandes divisions de ce chapitre correspondent la première à la prédominance de la singularité  dans cette certitude immédiate du Soi (c’est le côté de la liberté du Soi qui agit), la seconde à la prédominance de l’universalité  (c’est la belle âme qui finit par se refuser à l’action), la troisième à la réconciliation dialectique (le mal et son pardon4 ». Cette phrase présente une perspective tout à fait ciblée de la belle âme ici analysée : « Elle est la génialité morale qui sait que la voix intérieure de son savoir immédiat est voix divine5 ». La belle âme ici évoquée est celle de la pauvreté du cœur qui permet à la conscience de l'engloutir dans le divin, elle peut ainsi se changer « immédiatement » dans l'objectivité qu'elle recherche. « L'écho mourant » ici évoqué fait largement référence à la place centrale du verbe dans la dynamique hégélienne. La belle âme aux portes du savoir absolu est ainsi l'affrontement avec un dernier égarement, cet écho mourant qui né de la réduction de l'universel au langage lui-même, dans lequel l'immédiateté de la conscience mystique qui se contemple soi-même dans la « certitude absolue de soi-même » supprime toute extériorité. Le langage dont l' « écho mourant » installe ici la critique fait à la foi référence à Novalis, comme le signalent tous les commentateurs, mais aussi à toutes les discutions sur le caractère antéprédicatif du langage. La belle âme certaine d'elle même se perd

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