Faut-il avoir peur du progrès technique ?
Dissertation : Faut-il avoir peur du progrès technique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lacc506 • 3 Novembre 2016 • Dissertation • 2 716 Mots (11 Pages) • 16 372 Vues
Faut-il avoir peur du progrès technique ?
(Entrée en matière=> introduire l’énoncé) L’expression « on n’arrète pas le progrès » est utilisée tantot pour manifester son enthousiasme face aux innovations techniques, tantot pour avouer une sorte de fatalisme face à une évolution qu’on sent être hors de notre contrôle. Paradoxalement, elle suscite ainsi l’espoir le plus excessif… mais aussi les craintes les plus irrationnelles. Alors, faut-il avoir peur du progrès technique ? (définir les concepts pour expliquer le problème). Autrement dit : a-t-on raison de voir en lui un danger ? Il semble a priori absurde d’avoir peur : le « progrès » est une amélioration, alors pourquoi craindre ce qui constitue une évolution positive ? ce qui est conçu par l’homme (la technique) comme un moyen d’améliorer ses conditions d’existence ? Le problème est donc de savoir s’il y a un danger effectif, et donc si la technique reste un simple moyen à notre service ou, si, au contraire, son développement en change la nature et les effets. (Plan : ) Nous verrons dans un premier temps pourquoi que cette crainte peut paraître irrationnelle et le progrès technique être bénéfique pour l’humanité. Nous exposerons ensuite pour quelles raisons, à un certain niveau du développement, celui-ci devient réellement dangereux. Pour finir, on se demandera si la peur, à supposer qu’elle soit maîtrisable, est la meilleure attitude à avoir pour éviter le danger, s’il est vraiment utile et souhaitable d’avoir peur ?
I- UNE CRAINTE IRRATIONNELLE
De tout temps, les progrès techniques ont provoqué des peurs irrationnelles parce qu’ils repoussent les limites de la puissance humaine naturelle : dans la mesure où elle est un moyen d’action sur le monde, de transformation (=/= la théorie), on craint ses effets. Dans le mythe de Prométhée déjà, la punition de Prométhée (qui vola le feu et la technique aux dieux pour les offrir aux hommes) symbolise le sentiment de culpabilité que les hommes ont lorsqu’ils repoussent les limites de leur pouvoir, lorsqu’ils se mesurent aux puissances naturelles ou divines. A vrai dire, c’est d’abord la crainte de l’inconnu qui se manifeste (on ne connaît pas les conséquences de nos actes). Ex : on craignait la vitesse des premières locomotives (40 kms /h ! !), en y voyant un danger pour la vie humaine ! C’est cette ignorance qui a toujours conduit les hommes à des représentations irrationnelles du progrès technique: il nourrit l’imaginaire de la science fiction. (On résume l’idée :) nous voyons donc que nous pouvons avoir peur sans qu’il y ait de raison objective d’avoir peur, comme un enfant a peur des fantômes qui n’existent pas… mais la peur a cette particularité qu’elle s’auto-justifie en s’inventant des raisons d’être.
Par ailleurs, la technique n’est qu’un moyen dont l’usage dépend des hommes : il n’y a donc aucune raison d’avoir peur du progrès technique lui-même. En effet, une technique est un procédé qui permet d’obtenir un effet désiré, « la » technique désigne quant à elle l’ensemble des méthodes et des instruments inventés pas l’homme pour améliorer ses conditions d’existence. Elle n’existe pas et ne peut donc rien sans l’intelligence et la volonté humaines : les armes ne tirent pas d’elles-mêmes leurs balles, et les ordinateurs ne calculent rien sans la pensée qui les programme…
Pour finir, les progrès techniques sont la condition sine qua non de l’émancipation humaine : il n’y a pas lieu d’avoir peur de ce qui nous sauve La technique nous libère des contraintes naturelles et accroît notre indépendance à l’égard du joug de la nature. Les maladies ne sont plus une fatalité, on peut faire pousser des champs de blé ou de riz sur des terres pauvres, on peut même déplacer les montagnes… Sans être devenus, contrairement à ce que dit Descartes « maîtres et possesseurs de la nature », au moins pouvons-nous ne plus subir ses lois, mais au contraire les mettre au service de nos fins. La technique, et a fortiori le progrès technique, multiplient nos possibilités d’action et nous délivrent de nos craintes ancestrales ( vis à vis de la nature) et en ce sens participent à un progrès de la rationalité ( =/= supersistion). Plus encore, elle apparaît dans le mythe de Prométhée comme la condition non seulement de la puissance mais aussi de l’existence humaines : sans elle, l’homme est « nu, sans chaussure, sans couverture (…) » et ne pourrait se défendre face aux autres animaux et à la nature. Elle apparaît donc bien comme l’intermédiaire nécessaire entre la nature et nos besoins, d’autant mieux satisfaits qu’elle se développe.
Pourtant, l’histoire nous a montré que progrès technique n’est pas forcément synonyme de progrès pour l’humanité, dans la mesure où il donne aux désirs humains les plus monstrueux les moyens de se réaliser. Bien entendu, ce n’est pas la technique elle-même qui est en cause (cf. I.2), mais connaissant la faiblesse morale de l’homme, notre crainte n’est-elle pas justifiée ? Bergson disait ainsi, en parlant de la technique, que « ce corps agrandi attend un supplément d’âme… » . Si notre puissance s’est accrue, en est-il de même de notre sagesse ? Ce décalage (un pouvoir plus grand, mais une sagesse toujours limitée) ne justifie-t-il pas notre peur ?
II – UNE CRAINTE JUSTIFIEE
C’est à un certain niveau du développement des techniques qu’il y a un danger réel. Bien sûr, nous ne craignons pas les couteaux ni les calculatrices… pourquoi craignons nous les armes nucléaires et les ordinateurs ? Tout simplement parce qu’ils sont infiniment plus puissants, et infiniment plus complexes et délicats à maîtriser. La peur apparaît donc avec le développement et non avec « la technique » : la technophobie contemporaine porte sur la technologie, càd sur l’application technique de connaissances scientifiques qui échappent au grand nombre. Les techniques se perfectionnent, deviennent de plus en efficaces, et de plus en plus nombreuses. C’est dans ce contexte de prolifération, de sophistication, d’omniprésence de la technique qu’il y a des dangers réels.
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