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Doit-On être Heureux?

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Par   •  11 Décembre 2014  •  1 854 Mots (8 Pages)  •  1 172 Vues

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Il ne saurait être moral de rendre tout un ensemble de gens plus malheureux qu’ils ne l’étaient au bénéfice de quelques uns. Par ailleurs l’action morale nécessite un minimum de bien-être.

Ces quelques arguments rendent légitime de se demande si on doit être heureux.

agir en faveur du bonheur du plus nombre à première vue semble défendable dès lors qu’on l’envisage comme lutte contre les conditions matérielles et culturelles qui causent le malheur du plus grand nombre. Mais peut-on contraindre et imposer au nom de la morale une quelconque forme de bon,heur individuel et collectif ? Toute contrainte extérieure obligeant au bonheur semble en quelque sorte contraire aux libertés élémentaires et donc immoral. Si on envisage la morale comme un commandement intérieur, il paraît peu raisonnable de croire qu’il est possible et légitime de se contraindre intérieurement par un acte de volonté au bonheur.

On peut se contraindre à accepter une situation au sens de se résigner à quelque chose dans la mesure où son refus ne serait pas rationnel et nous conduirait à un mal-être plus grand nous rendant moins capable d’action morale. Mais ce type d’acceptation en vue de conserver son potentiel d’action morale ne nous conduit pas à un contentement intérieur qu’on peut appeler bonheur. Par ailleurs le bonheur personnel paraît bien égocentrique tandis que la morale se fonde sur une réflexion rationnelle désintéressée.

Tout au plus, la morale rend-elle digne d’un bonheur ou en tant qu’idéal la morale fait naître l’espérance de la disparition du malheur c’est-à-dire l’émergence du bonheur qui s’ensuivrait.

Le bien absolu comprend le bonheur dès lors que la cohérence morale en forme l’espérance. Mais admettant ceci, n’y aurait-il pas contradiction à vouloir le bien et à en refuser dès maintenant le bonheur lié à sa participation ? Soit le bien comprenant le bonheur est une illusion soit il est légitime du point de vue moral de chercher le bonheur à la condition qu’il serve un dépassement de nos positions égocentriques.

Ainsi dans un premier temps nous envisagerons s’il nous est possible de concevoir une société où le malheur diminue. Le devoir moral serait au moins de diminuer le malheur.

Dans un deuxième temps nous confronterons la question du bonheur à l’exigence morale proprement dite. La diminution du malheur collectif a un sens politique et elle vient donner un contenu au droit à la recherche du bonheur mais l’exigence morale de chercher un bonheur non égocentrique se pose à nous seuls et ne s’impose à nulle autre.

Enfin dans un troisième temps nous verrons en quoi le bonheur est oui ou non inhérent à un couronnement des vertus comme réalisation du bien en soi.

I - Le bonheur de notre personne n’est pas un devoir moral mais le devoir moral rend digne de ne plus être malheureux.

A - Être heureux met en jeu l’intérêt, la morale le désintéressement.

Le désintéressement moral se conçoit comme universalisation possible de notre maxime d’action. Le bonheur personnel met en jeu des préférences irrationnelles. Bonheur et morale ne sont pas du même ordre. Le bonheur personnel est un idéal de l’imagination alors que la morale est un idéal rationnel qui doit prévaloir sur nos idéaux de l’imagination. Être moral peut conduire à sacrifier son bonheur personnel.

Pour la morale, le libre-arbitre est supérieur au serf-arbitre : le choix moral conduit toujours à augmenter notre capacité à décider rationnellement. Certains choix nous conduisent à diminuer notre indépendance de choix. Nous avons ici un critère pour jauger nos conceptions du bonheur personnel du point de vue moral.

B - Le devoir moral rend notre personne digne d’être heureux et fait de l’espérance une vertu.

Agir moralement n’aurait pas de sens si le bien ne pouvait pas triompher du mal. agir moralement implique de postuler une espérance en faveur de l’accomplissement du bien. Agir moralement suppose l’accomplissement du bien et donc la disparition du mal qui fait obstacle à notre bonheur, cette disparition impliquant une harmonie entre nos désirs de bonheur et notre victoire morale sur le mal. En ce sens la morale rend digne d’être heureux.

C - La compassion rend digne de ne plus être malheureux.

1 - Le bonheur comme imaginaire n’est-il pas décevant et illusoire. Souvent on pense le plaisir comme une satisfaction positive. Mais le plaisir n’est-il pas le plus souvent qu’une simple diminution de la souffrance due au manque caractéristique du désir ?

Schopenhauer a un verdict autre que Kant puisque selon lui la morale ne nous rend pas digne d’être heureux mais nous permet de saisir que la vie est souffrance et de nous opposer à cette poussée aveugle de la vie qui écrase les humains de souffrances.

2 - Il faut se libérer du désir pour échapper au malheur, la morale fait partie de cette ascèse selon Schopenhauer.

Par la compassion (Mitleid en allemand veut dire souffrir avec), je perçois que la vie est souffrance. Celui qui ne développe pas sa compassion rajoutera à la vie sociale des souffrances en faisant le mal aux autres ou à soi. Développer sa compassion signifie ne plus désirer participer à la vie qui implique la souffrance (à commencer par celle de la mort qu’elle inflige aux individus). Vivre heureux est impossible du point de vue pessimiste que la compassion (au sens de Schopenhauer) implique. La compassion pour soi et les autres permet de vivre moins malheureux en vue de se délivrer de la vie. Plus on est libre du désir et donc de la vie, moins on sera malheureux.

3 - L’idée qu’on puisse prescrire le bonheur comme une moralisation totale des conduites peut conduire à justifier des pouvoirs politiques totalitaires aussi bien religieux qu’athées.

La compassion comprend que le désir égocentrique d’être heureux conduit au malheur. Les idéalistes qui ont prétendus apporter un mieux au vivre-ensemble en imposant aux hommes par la force une transformation ont échoué.

Schopenhauer compare les hommes à des porcs-épics. Vouloir les rapprocher

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