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De Quel Droit L'état Exerce-t-il Un Pouvoir

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Par   •  29 Avril 2014  •  2 456 Mots (10 Pages)  •  1 934 Vues

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De quel droit l'État exerce-t-il un pouvoir ?

Dans Criton, Platon raconte la manière dont Socrate, condamné par sa cité et informé de sa mort prochaine, justifie son refus face à la proposition que Criton lui fait de prendre fuite. Socrate montre tout d'abord qu'il faut respecter le jugement des lois, dont l'autorité est souveraine. Platon fait ainsi imaginer à Socrate le discours qu'auraient les lois si elles apprenaient son désir de fuite. Telle est la personnification des lois qui parlent par la bouche de Socrate. Il décrit également le sort indigne qui l'attendrait s'il s'enfuyait, contraint de subir en enfer la colère des lois de sa cité trahie. Par ce discours il montre à quel point l'homme est redevable à la cité et à ses lois, par lesquelles seules il peut acquérir une éducation et discipliner sa nature sensible. Mais il montre aussi que condamner le jugement des lois reviendrait à remettre en question tous les fondements de l'État ainsi qu'à renier ses bienfaits. La cité a ici la faculté d'exercer sur Socrate une domination telle que l'on obtienne de lui des actes ou un comportement qu'il n'aurait pas adopté spontanément.

Dès lors se pose la question de la coordination des hommes entre eux et de leur subordination à un pouvoir lui aussi exercé par des hommes. De quel droit l'État exerce-t-il un pouvoir ? Par quels moyens obtient-il une obéissance allant jusqu'à l'acceptation sa propre mort tel que le fait Socrate en acceptant la sentence de ses juges? À quelles conditions ce pouvoir est-il légitime ? Le pouvoir de l'ensemble des institutions organisant la vie d'une société doit-il être fondé sur la justice ou sur la force? L'État est-il un arbitre entre les acteurs sociaux ou bien l'instrument de la domination d'une classe sociale sur les autres ? Celui qui est désigné souverain reçoit donc le pouvoir mais où est la limite de l'exercice de son pouvoir ?

Rien à première vue ne légitime ce pouvoir. Mais sans lui, aucune sécurité ne semble pouvoir être assurée en société. Ce pouvoir apparaît à la fois arbitraire et nécessaire. Quelle légitimité faut-il lui accorder ? Il convient d'examiner les limites des modèles de sociétés sans État pour comprendre le recours nécessaire à la création de ce dernier. Cependant si l'État se doit d'exercer un pouvoir pour assurer la souveraineté qui lui a été confiée par la nation, il peut à travers ses abus, représenter une menace pour la liberté et la justice. Il est alors nécessaire que l'exercice d'un pouvoir étatique soit fondé dans une optique de réalisation rationnelle soucieuse du bien général.

Si elle n'était pas capable d'établir des lois et de les faire respecter, la société ne serait pas viable. L'État acquiert de ce fait un statut et un rôle déterminant dans la prise en charge de la vie sociale. Il peut ainsi se définir comme l'ensemble des structures (législative, exécutive et judiciaire) du pouvoir politique, chargées d'organiser une société en exerçant la souveraineté qui lui a été confiée par la nation. Or dans la cité antique, communauté de citoyens où les liens politiques entre les hommes apparaissent comme la réalisation de leur nature, une langue et des vertus communes auraient rassembler ces mêmes hommes pour leur permettre de bien vivre. C'est ce qu'appuie l'idée défendue par Aristote dans le livre III de La Politique selon laquelle « l'homme est par nature un animal politique ». Cependant, les théoriciens de l'État à l'âge classique opposent l'état de société à l'état de nature. À l'état de nature, les hommes de part la rareté des objets désirés ou bien la limitation de leurs moyens rendrait un monde invivable. Il faut donc que l'État vienne borner les désirs de chacun en élaborant des lois favorisant la coexistence entre les individus et le respect des droits fondamentaux (liberté, sécurité, propriété).

Dans Léviathan, Hobbes légitime un État au pouvoir absolu nécessaire à la plupart des grandes sociétés modernes pour leur imposer une organisation et des règles de justice que les hommes seraient incapables d'établir par eux-mêmes. Considérant que « tout homme est un loup pour l'homme », Hobbes définit l'homme comme fondamentalement agressif ce qui les rendrait incapables de vivre en société par eux-mêmes, sans pouvoir. Seule la création artificielle d'un État autoritaire pouvant être comparé au « grand Léviathan », monstre mythique évoqué dans la Bible se caractérisant par ses dimensions colossales, pourrait ainsi assurer aux hommes paix et sécurité afin qu'ils puissent se suffire à eux-mêmes et vivre de façon satisfaisante.

Les individus vont alors procéder à un calcul faisant entrer en jeu leur raison et dans lequel tout l'enjeu va être leur survie. Ils réaliseront alors qu'ils ont intérêt à mettre en place un État les sécurisant des menaces de l'état de nature. Aussi devient-il nécessaire de limiter le droit de nature par la loi civile, dans le cadre de l'État pour vivre en sécurité. Mais pour cela, il faudrait qu'ils parviennent à se défaire de leur liberté pour la confier à cette souveraineté. Tel est, pour Hobbes, le principe qui devrait servir de fondement au contrat définissant l'État et imposant aux sujets de « confier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme ou à une seule assemblée ». Ainsi en aliénant tous leurs droits au profit du souverain, les hommes obtiennent protection et c'est de cette manière que le pouvoir est absolu car il est reçu sans condition. Il tire alors sa légitimité du contrat qui rend le souverain capable d'instaurer une sécurité publique. L'État absolu serait donc garant de justice sociale se chargeant de la restaurer par la répression quand elle serait bafouée, exerçant de cette manière un moyen au service d'une fin : le bien commun.

Quant à Machiavel, le pouvoir ne serait pas fondé sur un droit sur l'habileté du Prince. Ainsi ce pouvoir peut parfois recourir à la force voire la violence pour se faire respecter tel que le montre le théoricien dans Le Prince. Un homme politique doit maintenir son pouvoir coûte que coûte pour maintenir son régime en place et la force et la ruse s'avèreraient beaucoup plus efficaces que la recherche de la vertu. Le but du prince n'est pas d'être vertueux, ni de rendre ses sujets vertueux mais c'est d'assurer à son pouvoir, et donc à la

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