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Analyse D'Andromaque de Racine

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Par   •  28 Mars 2013  •  1 289 Mots (6 Pages)  •  1 465 Vues

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Intérêt philosophique

Pour Aristote, la tragédie, en provoquant la catharsis, grâce à laquelle l’âme du spectateur serait purifiée de ses passions excessives, a une vocation didactique, c’est-à-dire qu’elle vise à enseigner une vérité morale ou métaphysique au public.

Ainsi, dans ‘’Andromaque’’, Racine, avec ses personnages, mit à nu notre propre coeur, nous proposa une vérité qui nous concerne.

Il fit de l’amour un thème essentiel. Il le montra sous différentes formes : l’affection maternelle, la fidélité conjugale, le désir éperdu, ou l’amitié attentive. Il joua de plusieurs registres : la tendresse, l’élan, la timidité, la sincérité, la jalousie surtout qui manifeste la manière dont la passion amoureuse est vécue : dans la solitude soupçonneuse, car chacun n'atteint de I'autre que l'image fantasmée qu'il s'en fait ; et dans la rivalité, car le rejet dont il est l’objet accumule dans le coeur aimant une haine qui par essence et logique ne peut porter sur l'être aimé et trouve donc dans I'image tout aussi fantasmée d'un rival, heureux et abhorré, un exutoire.

Il eut cet aphorisme subtil : «Il faut se croire aimé pour se croire infidèle» (vers 1350).

S’il reprit le thème de la chaîne des amours contrariés, où l’on repousse qui nous aime et où l’on aime qui nous refuse, c’est que, comme les moralistes de son temps, il pensait que, dans la mesure où I'amour est ambition de conquête, celui qui m'aime déjà ne me motive plus, tandis que celui qui me dédaigne ne m'en attire que davantage. Pour Molière d'Essertines, dans ‘’Polyxène’’ (1632), «les désirs regardent toujours ce que nous ne possédons pas», et «la possession ôte le goût de ce que nous avons désiré auparavant». Toutefois, le refus de la demande d'amour et son inversion en haine vengeresse ne s'expliquent pas seulement par la vérité psychologique et l'intérêt dramaturgique de ce mécanisme : ils procèdent aussi du fait que les personnages, comme s'ils relevaient de visions, voire d'époques différentes, ou s’ils figuraient des instances distinctes de notre personnalité, ne sont pas de même nature, ce qui les range dans un ordre hiérarchisé que I'amour cherche en vain à transgresser.

Racine démystifia encore l’amour, par sa peinture sans complaisance de la passion néfaste, infernale même, qui rend aveugle, injuste, oublieux. Il montra, toujours comme les moralistes de son temps, que I'amour, qui a pour principe I'amour de soi, le besoin absolu de se faire reconnaître, est une ambition de s'imposer à la liberté d'autrui (et si possible d'un être supérieur) ; que cette ambition est avivée par toute résistance, et exaspérée par le refus, qu'elle perçoit comme un insupportable dédain. Il fit apparaître les désastreuses conséquences de Ia passion, la haine (toute une psychologie de l’amour sort du vers 416 : «Ah ! je l’ai trop aimé pour ne le point haïr.» ; du vers 540 : «Je vous haïrais trop - Vous m’en aimeriez plus.») qui, chez lui, est plus proche de l’amour que l’indifférence, est décuplée par le pouvoir que possèdent des personnages de rang princier, déclenche des violences latentes : violence verbale, violence imaginée (l’enlèvement d’Hermione par Oreste), violence bien réelle, de I'assassinat de Pyrrhus au massacre du peuple de Troie pour la beauté d'une femme.

La mort ne cesse ainsi de planer sur le texte, mort dans la nuit, nuit du tombeau, présence fantomatique des ombres, menaces de mort, stratégie de suicide, appel du néant enfin, dont la folie résume les manifestations variées, de la fureur ivre de carnage à la fureur ivre d'orgueil, de I'illusion à I'hallucination pour que s'épanouisse dans ce néant ombreux la sensation que le destin a tout organisé, aveuglant chaque personnage dans son amour, sa jalousie, sa haine, sa violence et sa folie jusqu'à le faire lui-même s'anéantir.

Ce qui fait d’'’Andromaque’’ une oeuvre véritablement tragique, c’est qu’on y assiste à une inversion historique des valeurs. Le héros Pyrrhus, frustré de sa valeur constitutive,

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