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Suis-je l'auteur de mes pensées

Dissertation : Suis-je l'auteur de mes pensées. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Juin 2016  •  Dissertation  •  1 123 Mots (5 Pages)  •  5 359 Vues

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L’homme définit le « je » comme la notion du sujet et d’être pensant doté de connaissances. Le sujet « est », c’est-à-dire qu’il existe. Il existe car il est capable d’affirmer qu’il pense, de se rendre compte de ses pensées immédiates. Mais l’homme est-il auteur de ces pensées ? Et si oui, quelle est sa position exacte ? Est-il celui qui détient l’autorité sur elles ; le créateur de la chose autrement dit la cause de leur existence ou celui qui en est responsable ? En apparence, la réponse parait exclusive. On semble plutôt demander ici si on est le seul à diriger nos pensées. Globalement, la doxa affirme que la pensée est propre à chacun. En effet, quand je pense, personne n’est informé de ce qui se passe dans mon esprit. La pensée ne serait donc pas collaborative. Mais si je suis l’auteur de mes pensées, si j’ai le plein pouvoir sur elle, comment expliquer les « pensées inattendues » (comme une musique qui reste dans notre tête inlassablement, ou des pensées plus sombres ou étonnantes) qui nous surprennent nous-même ?

Il y a en effet, régulièrement, des pensées qui semblent nous échapper. Celles-ci donnent l’impression d’être en dehors du contrôle habituel que nous avons de nous-mêmes. Par exemple, quand une musique tourne en boucle dans notre esprit alors qu’on voudrait justement arrêter d’y penser, il est évident que nous n’avons plus la main mise sur nos pensées. Si nous détenions réellement l’autorité sur elles, il nous serait donc parfaitement possible de les créer ou de les supprimer quand bon nous semble : force est de constater que ce n’est pas le cas. Mais si je ne détiens pas l’autorité sur elles, qui peut bien le faire à ma place ? Il faudrait donc envisager le fait que des choses puissent se passer dans mon esprit sans que j’en sois immédiatement informé. C’est le problème que développe Freud dans L’inquiétante étrangeté, en développant la thèse de l’inconscient psychique. Il affirme qu’on n’aurait pas accès à tout ce qui se passe à l’intérieur de nous, donc à toutes nos pensées. Tout ce qui est considéré par ce que Freud appelle le « surmoi » comme incompatible avec les règles qu’on s’est fixées à soi-même ou les interdits de la société ne devient pas conscient, et donc reste dans l’inconscient. Néanmoins, ces pensées refoulées se manifestent de temps en temps, par exemple dans les rêves, dans les lapsus… Nous n’avons donc pas la pleine autorité sur nos pensées : en tout cas pas sur toutes. Si nous n’avons donc pas une totale emprise sur elles, en sommes-nous le créateur ?

Le créateur est toujours défini comme « le premier auteur de quelque chose » quel que soit le domaine. Or, nous sommes constamment influencés par un tas de facteurs extérieurs : les règles de la société, les affinités politiques des gens autour de nous, les goûts musicaux de nos amis… Nous entendons une multitude d’avis différents chaque jour, de vérités arrangées, de positions personnelles. Et tout ceci joue énormément sur nos pensées (entendons ici des pensées qui impliquent un raisonnement) et nos actions futures. En conséquence de quoi nous ne pouvons jamais affirmer si nous sommes réellement auteur d’une pensée ou si elle a été influencée par les avis des autres. Pour proposer des pensées pures, il faudrait donc presque ne jamais avoir entendu l’opinion de qui que ce soit. Car inévitablement, notre entourage proche ou les gens que l’on admire déteignent sur nous : on retrouve donc dans la plupart de nos pensées des similitudes avec celles des autres. En définitive, nos pensées ne seraient que la somme de plusieurs avis différents qui aboutiraient au notre. Notre propre corps peut également nous influencer. Il crée des pensées telles que la faim, la soif… Qui n’apparaitraient pas par la simple présence de l’esprit. C’est ce que défendra Spinoza quand il affirmera que « Les hommes se croient libres pour la seule raison qu'ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par quoi elles sont déterminées. », ce qui est similaire au fait qu’on prétend que nos pensées nous sont propres parce qu’elles nous appartiennent, alors qu’on ignore les causes qui les ont déterminées. En définitive, nous ne sommes donc pas le créateur de nos pensées : peut-on donc à ce moment affirmer que nous en sommes responsables ?

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