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Quelles raisons peuvent nous conduire à l'idée que la connaissance scientifique est basée sur l'expérience

Analyse sectorielle : Quelles raisons peuvent nous conduire à l'idée que la connaissance scientifique est basée sur l'expérience. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Janvier 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 593 Mots (7 Pages)  •  823 Vues

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Depuis Platon, on a opposé communément la science (epistemê) à la simple opinion (doxa) (La République, livre VI, 509d-511e, «exposé de la ligne»). L’opinion tient des énoncés pour vrais sans se soucier de savoir s’ils le sont effectivement, elle relève donc de l’ordre de la vraisemblance. En revanche, la science serait une connaissance certaine et relèverait donc de l’ordre de la vérité. Ce caractère certain qu’on attribue à la connaissance scientifique nous incite à penser que cette dernière est «fondée», c’est-à-dire qu’elle est soutenue par un ensemble de justifications. Quelle est la nature de ces justifications ? Il semble communément admis qu’elles relèvent de l’expérience. La connaissance scientifique serait vraie en ceci que l’expérience prouverait la correspondance entre ses énoncés théoriques et la réalité pratique. La connaissance scientifique produirait des énoncés nomologiques sur la réalité, c’est-à-dire des lois de la nature universellement et nécessairement vraies. Mais l’on remarque dans la pratique qu’il y a toujours un certain écart entre les énoncés nomologiques et leur application à la réalité. Dès lors, il convient de s’interroger sur la question suivante : peut-on fonder la connaissance scientifique sur l’expérience ? Le problème sera de déterminer quelles sont les raisons qui nous poussent à nous fonder sur l’expérience mais aussi quelles en sont les limites puis il faudra tenter de saisir l’enjeu qui résulterait d’une impossibilité de fonder la connaissance scientifique sur l’expérience : peut-on trouver une manière alternative de la fonder ou bien cela revient-il à devoir se passer de tout fondement pour la connaissance scientifique ? Dans cette dernière hypothèse, en quoi la connaissance scientifique pourrait-elle être encore qualifiée de scientifique ?

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Dans ce premier temps de la réflexion, nous allons analyser quelles sont les raisons qui peuvent nous amener à penser que la connaissance scientifique se fonde sur l’expérience.

La notion d’expérience renvoie au fait que l’homme ne pourrait établir de connaissance scientifique à partir de seules idées abstraites qu’il produirait sans aucune relation au réel au moyen de son esprit mais aurait besoin de se référer à la réalité concrète au moyen d’une activité pratique.

Le «Cercle de Vienne» a publié un célèbre Manifeste en 1929 soutenant une doctrine de l’empirisme logique. La connaissance scientifique étant définie pour eux comme l’énoncé de faits observables, il semble alors logique que le seul fondement à celle-ci se trouve dans l’observation. L’idée que la science soit entièrement fondable par l’expérience de l’observation est la thèse du courant fondationnaliste.

Pourquoi le «Cercle de Vienne» soutient-il cette thèse ?

S’interroger sur le fondement de la connaissance scientifique ramène à la positionner devant le trilemme de Fries :

soit l’on postule que le fondement de la connaissance scientifique se trouve dans l’autorité de la parole de scientifiques

soit l’on postule que le fondement de la connaissance scientifique se trouve dans le fait qu’elle apporte une justification à chacun de ses énoncés

soit l’on postule que la connaissance scientifique trouve son fondement dans l’expérience sensible immédiate (psychologisme)

Carnap, auteur éminent du «Cercle de Vienne», explique que seule la dernière position est soutenable dans la mesure où la première relève d’une attitude dogmatique, ce qui est contraire à l’essence même de la science et que la deuxième aboutit à une régression à l’infini des justification, ce qui au final ne nous apportera jamais de fondement.

Carnap va alors développer trois thèses concernant les «énoncés protocolaires» à la base de toute connaissance scientifique.

La première thèse, parue en 1931 dans un article intitulé «Le dépassement de la métaphysique par l’analyse du langage logique», nous dit qu’un énoncé protocolaire est un énoncé pur, c’est-à-dire indépendant de toute théorie, établi au seul moyen de l’observation.

La deuxième thèse nous dit qu’une connaissance scientifique procède obligatoirement d’un énoncé protocolaire.

Enfin, la troisième thèse soutient que le langage protocolaire est un langage subjectif privé car seule notre expérience subjective nous donne une certitude absolue.

Or le langage protocolaire étant un sous-langage physicaliste qui est objectif, on peut voir une difficulté avec la troisième thèse mais Carnap répond que le système d’observation étant le même chez tous les êtres humains, le langage subjectif est parfaitement traduisible en langage objectif.

Nous avons vu dans ce premier temps de la réflexion qu’il fallait recourir à l’expérience comme observation pour fonder absolument la connaissance scientifique.

* * *

Mais nous pouvons nous demander : la seule observation recouvre-t-elle entièrement l’expérience dont aurait besoin, pour se fonder, la connaissance scientifique ? De plus, le geste consistant à passer de l’observation à la théorie apporte-t-il véritablement une connaissement absolument certaine ?

Neurath, un autre auteur du «Cercle de Vienne» va critiquer point par point les thèses de Carnap :

Contre la première thèse, il va récuser le fait qu’une observation puisse être pure de toute théorie,

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