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Que va devenir Robinson sur son île déserte, sans autrui ?

Analyse sectorielle : Que va devenir Robinson sur son île déserte, sans autrui ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Novembre 2013  •  Analyse sectorielle  •  1 390 Mots (6 Pages)  •  671 Vues

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« Que va devenir Robinson sur son île déserte, sans autrui ? », cette interrogation de Michel Tournier dans Vendredi ou la vie sauvage exprime un souci récurrent de l’être humain : en quoi les autres nous sont-ils nécessaires, peut-on réellement vivre en l’absence de nos semblables?

Le sujet proposé à notre réflexion : ‘‘Que peut nous apporter la rencontre avec autrui ?’’ nous invite à examiner cette dimension sociale de l’être humain et à nous interroger sur les différents types de rencontres qui jalonnent nos vies. Cette question présuppose de définir deux concepts mouvants, en effet si je dis autre c’est que je me définis sujet différent de l’autre. C’est la définition même d’autrui. Elle pose problème puisque le concept d’autre n’est pas simple. Et une rencontre est définie par son imprévisibilité elle est toujours une confrontation réelle qui ne peut pas exactement correspondre avec ce que nous attendons et désirons.

Dans un premier temps, nous verrons que dire ‘autrui’, c’est déjà se poser soi-même et nous essaierons d’analyser dans quelle mesure la conscience de soi ne passe pas effectivement par la rencontre avec l’autre.

Dans un deuxième temps, une fois posés comme sujet, nous passerons en revue les différents types de rencontre et ce qu’elles nous apportent.

La rencontre avec l’autre serait en tout premier lieu la condition pour avoir conscience de soi.

En effet, si l’on cherche le sens de ‘autre’ en latin et en grec, on trouve que l’autre est le non-semblable, le différent. Ainsi, parler de l’autre ou d’autrui, c’est parler de ce qui n’est pas moi. Or, les philosophes ont très tôt été conscients de l’interaction étroite entre ces deux concepts : le ‘moi’ ne préexiste pas à l’autre mais se découvre ‘soi’ uniquement quand il se déclare ‘non-autre’.

Le langage révèle cette ambivalence quand il donne pour synonyme d’autrui les mots ‘semblable’ et ‘prochain’. Ainsi, avant d’être autre, et avant d’être sensible aux différences, je suis sensible aux similitudes, au fait que les autres êtres humains me confirment et peut-être même, m’instaurent en tant qu’être humain. Aristote exprime cette idée lorsqu’il parle de l’alter ego : alter, autre ; ego, moi. Pour me connaître moi-même et pour savoir qui je suis, il me faut un autre moi-même. Dans L’Alcibiade,

Socrate amène Alcibiade à s’interroger sur la possibilité de se voir soi-même. Alcibiade répond qu’il faut un miroir, c’est alors que Socrate lui montre que le regard de l’autre est un miroir. Le dialogue se poursuit sur la nécessité de voir l’âme de l’autre et de soi comme miroirs l’une de l’autre dans un concept supérieur qui serait le divin, mais sans aller aussi loin, on peut constater que pour les philosophes de l’Antiquité, le « connais-toi toi-même » passe par l’autre.

Descartes instaure ce ‘moi’ comme certitude première à l’issue d’un doute systématique mais Hegel reprend le problème en montrant que la conscience de soi passe par la reconnaissance par une autre conscience. Sartre insiste sur ce point lorsqu’il déclare qu’autrui est le « médiateur indispensable entre moi et moi-même ».

La psychologie et la psychiatrie ont beaucoup approfondi ce phénomène en étudiant cette rencontre primordiale qui est celle de la mère (ou l’adulte responsable) et de l’enfant. Ce dernier ne se constituerait en tant que personne humaine que dans la mesure où cette première rencontre existe et tout dysfonctionnement dans cette première rencontre laisserait des troubles ineffaçables.

La tradition hébraïque telle qu’elle s’exprime dans le récit de la Genèse contient des détails surprenants. Suivant l’ordre de Dieu, Adam aurait donné un nom à toutes les créatures vivantes et n’aurait pas trouvé une seule aide semblable à lui ; c’est à ce moment que Dieu aurait créé la femme qu’Adam aurait alors appelé « ischa ». Quand on sait qu’en hébreu, homme se dit « isch », on comprend mieux la valeur symbolique du texte, il n’y a pas de « isch » sans « ischa », un autre être humain est indispensable à l’existence d’un être humain. Les exégètes insistent sur ce fait en expliquant que le passage en revue de toutes les autres créatures vivantes était un moyen didactique utilisé par Dieu pour faire prendre conscience à

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