Peut-on Se Mentir à Soi-même ?

Peut-on se mentir à soi-même?

Il semble que l'Homme soit un être doté de conscience et libre de ses décisions. Il pourrait donc sans problème décider de se mentir à lui-même pour des raisons multiples: il n'accepte pas la vérité, il veut se protéger d'une vérité etc... De plus, on sait que l'Homme est à la recherche perpétuelle du bonheur et qu'il est très attiré par la recherche de la vérité, de la connaissance (du monde et de soi). Pourtant, il faut se demander si l'Homme en est réellement capable. En effet, grâce à cette conscience justement, il devient difficile de se mentir à soi-même. Mentir, c'est nier le vrai, consciemment. Dans ce cas-là, se nier le vrai tout en sachant qu'on est en train de le faire est un peu contradictoire et paradoxal. En effet, lorsqu'autrui me ment, il sait une chose que je ne sais pas, et qu'il me cache. En revanche, me mentir à moi-même reviendrait à me cacher une chose que pourtant je sais. C'est justement pour cette raison que nous allons nous demander si on peut se mentir à soi-même, s'il est possible d'être victime d'une manipulation dont on est soi-même l'auteur. En effet, le mensonge à soi n'est-il pas plutôt une forme d'illusion ou de mauvaise foi? Car il paraît impossible de ne pas être conscient d'une vérité que l'on connaît puisque la conscience ne me rend-elle pas entièrement maître de mes pensées? Tout d'abord, nous verrons que l'Homme est un être de conscience libre de ses décisions, pouvant donc décider de se mentir à lui-même. Mais aussi que cette conscience ne peut justement pas laisser l'Homme se mentir à lui-même sans qu'il ne s'en rende compte, sans qu'il ne connaisse la vérité, puisque grâce à celle-ci, il a connaissance de la réalité des choses. Le mensonge à soi n'est donc ici plus véritablement un mensonge mais une forme d'illusion ou de mauvaise foi.

Sachant que l'Homme est un être doté de conscience, et de ce fait, libre de ses décisions, a priori, il est capable de se mentir délibérément. Commençons d'abord par définir les termes essentiels, notamment l'acte de mentir. Mentir, c'est nier le vrai, affirmer une chose que l'on sait être fausse. Mentir à quelqu'un signifie qu'on le trompe volontairement, qu'on lui cache une vérité qu'on connaît. Mais se mentir à soi-même serait très contradictoire puisque cela reviendrait à me cacher une chose que pourtant je sais. Car en effet, la conscience permet de me rendre compte de mes pensées. La conscience n'est pas facile à définir comme le remarquait Freud : il semble que tout le monde sache ce que c'est sans que l'on puisse pourtant l'expliquer à quelqu'un qui ne le saurait pas. La conscience repose surtout sur la connaissance, la réflexion et la perception, elle est en quelque sorte la capacité de s'identifier, se percevoir, de penser et de se comporter de manière adaptée. Elle est ce que l'on sent et ce que l'on sait de soi, d'autrui et du monde et nous donne la capacité d'agir sur nous même pour nous transformer. En fait, elle englobe l'appréhension subjective de nos expériences et la perception objective de la réalité et surtout, elle est infaillible et ne peut se tromper. Nous allons donc voir que l'Homme peut se mentir à lui-même, ce qu'il fait d'ailleurs très souvent.

En effet tout au long de sa vie, l'Homme recherche le bonheur et la recherche de la vérité et de la connaissance en fait bien souvent parti (notamment pour éviter l'ignorance et se sentir plus dominant). Celui-ci étant doté de conscience, elle va lui permettre de choisir, de se détourner de la vérité, de se persuader du contraire. Il est vrai que l'Homme agit en fonction de sa volonté (et de la raison), il choisit donc volontairement de s'induire en erreur, il est responsable de ses actes par sa volonté raisonnée. Alors, l'Homme disposant d'un jugement libre semble donc capable de se mentir à lui-même, notamment s'il n'accepte pas une vérité, si celle-ci ne lui convient pas ou le blesse. Si la réalité à laquelle il fait face n'est pas celle qu'il espérait, il n'est pas impossible qu'il la travestisse volontairement afin qu'elle le devienne. Par exemple, imaginons qu'un homme marié, en rentrant chez lui, aperçoit sa femme dans la rue enlaçant et embrassant un autre homme. Sa femme ne sait pas qu'elle a été vue. Il fait comme si de rien n’était tout le reste de sa vie, comme s'il n'avait rien vu, en tentant de se persuader que ce n’était pas elle avec un autre homme, ou que ce n’était qu'une forme d'amitié. En fait, il se ment à lui même, il doute d'une chose dont il est pourtant certain, dont il a été témoin. Et ce, pour la simple raison qu'il n'accepte pas le fait d'avoir été trompé, que cette vérité le blesse, ne lui convient pas. Il en va de même pour une personne ayant commis un délit. Si elle n'accepte pas ce qu'elle a fait, par culpabilité, elle peut se persuader de son innocence, qui lui sera plus bénéfique. L'Homme, grâce à sa conscience et parce qu'il est libre de choisir, est capable de maquiller la réalité, il peut choisir de se tromper lui-même volontairement pour des causes multiples. Le mensonge à soi peut permettre de se rassurer, de se protéger, de se dissuader etc... Pourtant, n'est-ce pas une chose impensable que de se tromper soi-même? De plus, le mensonge à soi est une chose fréquente, un acte du quotidien mais dont on ne se rend pas forcément compte grâce à l'hypothèse de l'inconscient.

En effet, le mensonge à soi est possible mais impensable grâce à l'inconscient qui masquerait la vérité. La notion d'inconscient recouvre globalement tous les processus et activités psychiques qui, pour des raisons diverses, ne peuvent être ni perçus ni contrôlés par la conscience. L'inconscient s’exprimerait dans les rêves, les pulsions, les fantasmes... Le mensonge à soi est un mensonge intérieur dont on connaît la vérité censée nous être cachée. On se traite soi-même comme autrui c'est à dire qu'il suppose que l'on puisse être à la fois soi-même et autre que soi, ce qui semble contradictoire puisqu'un être humain ne peut se dédoubler. A moins qu'on admette l'existence d'un inconscient. Dans ce cas, celui-ci masquerait la vérité. En effet, il y a une opposition entre Descartes qui affirme dans les Réponses aux sixièmes objections qu'iI «n'y

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