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Peut-il Exister Des désirs Naturels ?

Note de Recherches : Peut-il Exister Des désirs Naturels ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Mai 2013  •  2 520 Mots (11 Pages)  •  1 235 Vues

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Peut-il exister des désirs naturels ?

CORRIGÉ

Introduction

Faire l’expérience du désir, c’est endurer la morsure du manque et traverser l’épreuve

de l’insatisfaction : tout désir est une tension vers un objet désiré, dont la possession

nous apparaît à chaque fois comme étant absolument nécessaire—en d’autres termes,

quoi qu’un désir commande, il le commandera toujours impérativement. Seulement,

il va de soi que les objets sur lesquels les désirs se portent ne sont pas uniformes, en

sorte que l’exigence de satisfaction ne revêt pas la même nécessité objective, quelque

également nécessaire qu’elle puisse sembler du point de vue subjectif : si mon désir

de gloire n’est pas moins impérieux que celui de manger à ma faim, s’il peut même

s’avérer plus impératif (le monde ne manque pas d’actrices que les exigences de la

célébrité auront contraint à rester affamées leur vie durant), il est bien évident qu’on

ne saurait mourir d’être un parfait inconnu, lors même que la famine peut facilement

vous ôter la vie, pour peu qu’on s’y obstine.

Mais alors, on peut à bon droit se demander s’il n’existe pas des désirs plus naturels

que d’autres : à l’évidence il y a des désirs dont la satisfaction, commandée par notre

propre nature, est indispensable à notre simple survie ; d’autres appétits en revanche

semblent pouvoir demeurer insatisfaits, à condition du moins que notre volonté ait

assez de fermeté, et de constance. Ainsi, le désir n’est pas un terme univoque : tous les

désirs ne sont pas naturels et nécessaire. Un tri devient alors non seulement possible,

mais même souhaitable : si je ne puis donner satisfaction à tous mes appétits, mieux

vaut savoir lesquels je dois combler absolument.

À supposer alors qu’on puisse distinguer les désirs entre eux suivant le type d’objet sur

lequel ils se portent (c’estàdire

suivant la nécessité objective de leur satisfaction), à

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Sujet 1

supposer même qu’il puisse y avoir des désirs contre nature, demeure toutefois intacte

la question de la naturalité du désir luimême

: car enfin, s’il peut fort bien nous

arriver de désirer quelque chose dont l’obtention n’a rien de vital, si autrement dit

nous pouvons avoir des désirs qui n’ont rien de naturel, n’estce

pas justement parce

que nous ne sommes pas des animaux tout entier livrés aux impératifs de la survie ?

La nature de l’homme, n’estce

pas d’avoir des désirs autres que simplement naturels ?

Mais en ce cas, peuton

encore parler de nature ? Ne faudratil

pas bien plutôt dire

que le désir est ce par quoi un être spirituel s’arrache de toute nature et se sépare sans

remède de l’animalité ?

I. Des désirs naturels à la naturalité du désir

1. La sensation est la seule norme absolue

Nous sommes des êtres de désir, telle est notre nature ; mais cela ne signifie justement

pas que tous les désirs soient euxmêmes

naturels : telle est la leçon qu’Épicure entend

nous transmettre. Comme tous les êtres vivants en effet, nous sommes soumis à

la polarité du plaisir et de la peine, qui viennent qualifier toute sensation (toute sensation

est plaisante ou déplaisante, à quelque degré que ce soit) ; et comme tout être

vivant, nous avons naturellement tendance à chercher le plaisir et à fuir le déplaisant.

Tout plaisir est un bien, toute douleur est un mal : la sensation, juge infaillible de ce

qui est agréable ou douloureux, est un guide qui ne saurait nous égarer et qu’il suffit

de suivre sans s’en écarter. De ce point de vue, les animaux sont nos modèles : ils

nous donnent à voir ce qu’est une vie orientée par la sensation immédiate du plaisant

et du déplaisant ; seulement, à la différence des animaux, les hommes possèdent

un esprit, et une imagination. L’esprit les rend capable d’avoir des notions abstraites,

qui doivent provenir des sensations pour être vraies. Par l’imagination en revanche,

l’homme devient capable de se projeter hors de l’instant présent, c’estàdire

hors du

temps de la sensation ; de là vient qu’il peut s’égarer, et poursuivre un bien tout sauf

véritable.

Parce qu’il n’écoute pas seulement ce que la sensation lui dit, l’homme est capable

de désirer quelque chose d’en fait déplaisant : alors que le plaisir est univoque pour

Épicure (il n’y a pas plusieurs genres de plaisirs), le désir devient avec l’homme qualitativement

différencié. Il y a d’un côté les désirs naturels, ceux qui

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