Peut-il Exister Des désirs Naturels ?
Note de Recherches : Peut-il Exister Des désirs Naturels ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 30 Mai 2013 • 2 520 Mots (11 Pages) • 1 218 Vues
Peut-il exister des désirs naturels ?
CORRIGÉ
Introduction
Faire l’expérience du désir, c’est endurer la morsure du manque et traverser l’épreuve
de l’insatisfaction : tout désir est une tension vers un objet désiré, dont la possession
nous apparaît à chaque fois comme étant absolument nécessaire—en d’autres termes,
quoi qu’un désir commande, il le commandera toujours impérativement. Seulement,
il va de soi que les objets sur lesquels les désirs se portent ne sont pas uniformes, en
sorte que l’exigence de satisfaction ne revêt pas la même nécessité objective, quelque
également nécessaire qu’elle puisse sembler du point de vue subjectif : si mon désir
de gloire n’est pas moins impérieux que celui de manger à ma faim, s’il peut même
s’avérer plus impératif (le monde ne manque pas d’actrices que les exigences de la
célébrité auront contraint à rester affamées leur vie durant), il est bien évident qu’on
ne saurait mourir d’être un parfait inconnu, lors même que la famine peut facilement
vous ôter la vie, pour peu qu’on s’y obstine.
Mais alors, on peut à bon droit se demander s’il n’existe pas des désirs plus naturels
que d’autres : à l’évidence il y a des désirs dont la satisfaction, commandée par notre
propre nature, est indispensable à notre simple survie ; d’autres appétits en revanche
semblent pouvoir demeurer insatisfaits, à condition du moins que notre volonté ait
assez de fermeté, et de constance. Ainsi, le désir n’est pas un terme univoque : tous les
désirs ne sont pas naturels et nécessaire. Un tri devient alors non seulement possible,
mais même souhaitable : si je ne puis donner satisfaction à tous mes appétits, mieux
vaut savoir lesquels je dois combler absolument.
À supposer alors qu’on puisse distinguer les désirs entre eux suivant le type d’objet sur
lequel ils se portent (c’estàdire
suivant la nécessité objective de leur satisfaction), à
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Sujet 1
supposer même qu’il puisse y avoir des désirs contre nature, demeure toutefois intacte
la question de la naturalité du désir luimême
: car enfin, s’il peut fort bien nous
arriver de désirer quelque chose dont l’obtention n’a rien de vital, si autrement dit
nous pouvons avoir des désirs qui n’ont rien de naturel, n’estce
pas justement parce
que nous ne sommes pas des animaux tout entier livrés aux impératifs de la survie ?
La nature de l’homme, n’estce
pas d’avoir des désirs autres que simplement naturels ?
Mais en ce cas, peuton
encore parler de nature ? Ne faudratil
pas bien plutôt dire
que le désir est ce par quoi un être spirituel s’arrache de toute nature et se sépare sans
remède de l’animalité ?
I. Des désirs naturels à la naturalité du désir
1. La sensation est la seule norme absolue
Nous sommes des êtres de désir, telle est notre nature ; mais cela ne signifie justement
pas que tous les désirs soient euxmêmes
naturels : telle est la leçon qu’Épicure entend
nous transmettre. Comme tous les êtres vivants en effet, nous sommes soumis à
la polarité du plaisir et de la peine, qui viennent qualifier toute sensation (toute sensation
est plaisante ou déplaisante, à quelque degré que ce soit) ; et comme tout être
vivant, nous avons naturellement tendance à chercher le plaisir et à fuir le déplaisant.
Tout plaisir est un bien, toute douleur est un mal : la sensation, juge infaillible de ce
qui est agréable ou douloureux, est un guide qui ne saurait nous égarer et qu’il suffit
de suivre sans s’en écarter. De ce point de vue, les animaux sont nos modèles : ils
nous donnent à voir ce qu’est une vie orientée par la sensation immédiate du plaisant
et du déplaisant ; seulement, à la différence des animaux, les hommes possèdent
un esprit, et une imagination. L’esprit les rend capable d’avoir des notions abstraites,
qui doivent provenir des sensations pour être vraies. Par l’imagination en revanche,
l’homme devient capable de se projeter hors de l’instant présent, c’estàdire
hors du
temps de la sensation ; de là vient qu’il peut s’égarer, et poursuivre un bien tout sauf
véritable.
Parce qu’il n’écoute pas seulement ce que la sensation lui dit, l’homme est capable
de désirer quelque chose d’en fait déplaisant : alors que le plaisir est univoque pour
Épicure (il n’y a pas plusieurs genres de plaisirs), le désir devient avec l’homme qualitativement
différencié. Il y a d’un côté les désirs naturels, ceux qui
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