Pascal – Pensées
Commentaire de texte : Pascal – Pensées. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar christiane10 • 7 Avril 2015 • Commentaire de texte • 2 049 Mots (9 Pages) • 708 Vues
B. Pascal – Pensées)
Cette phrase que l’on doit à Pascal vient conclure une réflexion de l’auteur sur les rapports existant entre le monde du rêve et celui de l’éveil. Un artisan qui rêverait chaque nuit qu’il est roi ne serait-il pas aussi heureux qu’un roi qui chaque nuit rêverait qu’il est artisan ? En effet, la frontière entre l’éveil et le songe semble difficile à déterminer, et ce d’autant plus que nous sommes rarement capables de savoir que nous rêvons en plein songe. De plus, lorsque nous sommes éveillés, il nous arrive de dire spontanément « Je crois rêver », comme pour souligner que ce que nous percevons comme étant la réalité nous trompe au point que l'on peut s'interroger si la vie réelle n’est pas moins inconstante que le rêve. Ainsi il convient de se demander de quelle manière pouvons-nous savoir que nous ne rêvons pas ? Qu’est-ce qui permet de s’assurer que nous soyons éveillés, qu’il existe une réalité ?
Ce qui nous apparaît en rêve n’est jamais totalement faux. Ce dont nous rêvons est le miroir de ce que nous considérons comme réel. Si je peux rêver de quelque chose, c’est que j’ai conscience de l’existence de cette chose. Ainsi comme le dit Descartes dans ses Méditations Métaphysiques, le rêve est comme l’oeuvre d’un peintre : s’il peint des sirènes où d’autres créatures chimériques, c’est qu’elles ressemblent à des choses existant dans la nature (les sirènes sont ainsi faites avec des yeux, une tête, des bras, une queue de poisson, … autant de choses qui sont issues de la nature). Il en va de même pour les rêves qui présentent des éléments que nous tirons de la période de veille, car sinon nous ne pourrions en avoir conscience. Ce que nous rêvons n’est donc pas une pure fiction (au sens où parmi ce qui nous apparaîtrait à l’esprit, il y aurait des éléments qui ne correspondrait à rien d'équivalent durant l'éveil).
Putnam prolonge cette hypothèse en imaginant l’expérience du cerveau dans une cuve. Elle s’apparente à une version modernisée du malin génie de Descartes. Putnam imagine ainsi un savant fou qui kidnappe des personnes endormies afin de leur retirer le cerveau. Celui-ci est alors mis dans une cuve où il reçoit par l’intermédiaire d’électrodes, des stimuli qui suscitent chez les cobayes toutes sortes d’états mentaux, recréant ainsi pour chacun une véritable réalité virtuelle. Les patients ont ainsi la sensation de vivre la réalité, alors qu’ils ne se doutent pas que leur cerveau se trouve dans une cuve. Ainsi, les individus victimes du savant ont la conviction de vivre dans le réel, alors qu’ils ne connaissent qu’un songe artificiel, et rien ne leur permet de savoir la réalité.
Aussi, il est tentant de réfuter qu’un rêve se distingue de la réalité par son caractère beaucoup plus inconstant. Nous faisons souvent l’expérience de rêve sans aucune logique ou cohérence, de telle sorte qu’au réveil, nous nous rendons compte de l’absurdité de notre songe. Pourtant, nous faisons également l’expérience du caractère incohérent, illogique du monde qui nous entoure et que nous considérons comme la veille. Aussi, cette inconstance est repérable dans la façon dont nous apparaissent les choses. Lorsque j’observe une table, sa couleur varie selon les endroits (notamment sous l’effet de la lumière) ; en l’absence de lumière, la couleur de la table disparaît. L’argument de la constance ne permet donc pas objectivement de différencier la « vie » du « songe ». Aussi, dans la pièce La vie est un songe de Calderon, Sigismond ne peut faire le partage entre le rêve et la réalité : ce qu’il voit n’a plus de consistance puisqu’il passe de la servitude et de la misère à la royauté et la puissance. Mais seulement cette apparence est entretenue : elle n’est ni spontanée, ni naturelle. Des serviteurs entretiennent les apparences dont est victime Sigismond. En tuant un homme, Sigismond ne peut éviter les représailles ; s’il rêvait réellement il aurait pu tuer en toute impunité. La réalité semble donc toujours là, même cachée derrière les apparences.
Le rêve n’est pas une pure fiction, il tire ses images de la nature. Il est donc légitime de se demander si la veille n’est pas autant un rêve que le songe, et que tout n’est qu’apparences. Seulement, n’existe-t-il pas une réalité cachée derrière ces apparences ?
L’état de veille semble se différencier de l’état de rêve par une différence de vivacité des impressions sensibles : quand je suis éveillé, j’ai l’impression de ressentir davantage que dans un songe. Pourtant celles-ci ne sont pas nulles dans un rêve, ce qui semble expliquer le fait que le songe soit pris pour une expérience véritable pendant le sommeil. Descartes fait ainsi la même remarque : « Combien de fois m'est-il arrivé de songer la nuit que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit? ». Or, comme l’affirme Kant dans Essai sur les maladies de la tête, les impressions des sens, parce qu’elles existent, rendent plus pour véritable le rêve qu’un raisonnement rationnel. Quand nous rêvons, nous avons la sensation d’être dans le réel, autrement dit, ce n’est que par l’action de nos sens que nous pensons vivre des événements réels. Au contraire, même si dans le réel nous vivons des expériences sensorielles, nous faisons également appel à notre raison : face à une situation que nous ne comprenons pas, nous nous efforçons de trouver une raison logique à cet évènement, chose qui ne semble pas être possible durant le sommeil. Ainsi, lors du sommeil nous faisons plus preuve de passivité que lors de l’éveil où nous pouvons faire un effort de réflexion supérieur.
Pourtant il nous arrive de rêver et de
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