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Lettre à Ménécée, Epicure, Texte Intégral

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Par   •  3 Mars 2012  •  1 718 Mots (7 Pages)  •  7 000 Vues

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Lettre à Ménécée - Épicure

Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à philosopher, et quand on est vieux,

il ne faut pas se lasser de philosopher. Il n’est jamais ni trop tôt, ni trop tard

pour prendre soin de son âme. Celui qui dit qu’il n’est pas encore ou qu’il n’est

plus temps de philosopher, ressemble à celui qui dit qu’il n’est pas encore ou

qu’il n’est plus temps d’atteindre le bonheur. On doit donc philosopher quand on

est jeune et quand on est vieux, dans le second cas pour rajeunir au contact du

bien, par le souvenir des jours passés, et dans le premier cas, afin d’être,

quoique jeune, aussi ferme qu’un vieillard devant l’avenir. Il faut donc étudier

les moyens d’acquérir le bonheur, puisque quand il est là nous avons tout, et

quand il n’est pas là, nous faisons tout pour l’acquérir.

Observe donc et applique les principes que je t’ai continuellement donnés, en te

convaincant que ce sont les éléments nécessaires pour bien vivre.

Pense d’abord que le dieu est un être immortel et bienheureux, comme l’indique la

notion commune de divinité, et ne lui attribue jamais aucun caractère opposé à son

immortalité et à sa béatitude. Crois au contraire à tout ce qui peut lui conserver

cette béatitude et cette immortalité. Les dieux existent, nous en avons une

connaissance évidente. Mais leur nature n’est pas ce qu’un vain peuple pense.

Celui qui nie les dieux de la foule n’est pas impie. L’impie est celui qui

attribue aux dieux les caractères que leur prête la foule. Car ces opinions ne

sont pas des intuitions, mais des imaginations mensongères. De là viennent pour

les méchants les plus grands maux, et pour les bons, les plus grands biens.

La foule, habituée à la notion particulière qu’elle a de la vertu, n’accepte que

les dieux conformes à cette vertu, et croit faux tout ce qui en est différent.

Habitue-toi en second lieu à penser que la mort n’est rien pour nous, puisque le

bien et le mal n’existent que dans la sensation. D’où il suit qu’une connaissance

exacte de ce fait que la mort n’est rien pour nous permet de jouir de cette vie

mortelle, en nous évitant d’y ajouter une idée de durée éternelle et en nous

enlevant le regret de l’immortalité. Car il n’y a rien de redoutable dans la vie

pour qui a compris qu’il n’y a rien de redoutable dans le fait de ne plus vivre.

Celui qui déclare craindre la mort non pas parce qu’une fois venue elle est

redoutable, mais parce qu’il est redoutable de l’attendre est donc un sot.

C’est sottise de s’affliger parce qu’on attend la mort, puisque c’est quelque

chose qui, une fois venu, ne fait pas de mal. Ainsi donc, le plus effroyable de

tous les maux, la mort, n’est rien pour nous, puisque tant que nous vivons, la

mort n’existe pas. Et lorsque la mort est là, alors, nous ne sommes plus. La mort

n’existe donc ni pour les vivants, ni pour les morts puisque pour les uns elle

n’est pas, et que les autres ne sont plus. Mais la foule, tantôt craint la mort

comme le pire des maux, tantôt la désire comme le terme des maux de la vie. Le

sage ne craint pas la mort, la vie ne lui est pas un fardeau, et il ne croit pas

que ce soit un mal de ne plus exister. De même que ce n’est pas l’abondance des

mets, mais leur qualité qui nous plaît, de même, ce n’est pas la longueur de la

vie, mais son charme qui nous plaît. Quant à ceux qui conseillent au jeune homme

de bien vivre, et au vieillard de bien mourir, ce sont des naïfs, non seulement

parce que la vie a du charme, même pour le vieillard, mais parce que le souci de

bien vivre et le souci de bien mourir ne font qu’un. Bien plus naïf est encore

celui qui prétend que ne pas naître est un bien et que la vie est un mal. Par

exemple, celui qui dit : "Et quand on est né, franchir au plus tôt les portes de

l’Hadès."

Car si l’on dit cela avec conviction, pourquoi ne pas se suicider ? C’est une

solution toujours facile à prendre, si on la désire si violemment. Et si l’on dit

cela par plaisanterie, on se montre frivole sur une question qui ne l’est pas. Il

faut donc se rappeler que l’avenir n’est ni à nous, ni tout à fait étranger à

nous, en sorte que nous ne devons, ni l’attendre comme s’il devait arriver, ni

désespérer comme s’il ne devait en aucune façon se produire.

Il faut en troisième lieu comprendre que parmi les désirs, les uns sont naturels

et les autres vains, et que parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires,

et les autres seulement naturels. Enfin, parmi les désirs nécessaires, les uns

sont nécessaires au bonheur, les autres à la tranquillité du corps, et les autres

à la vie elle-même. Une théorie véridique

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