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Le Vivant

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Par   •  7 Janvier 2013  •  4 359 Mots (18 Pages)  •  964 Vues

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Le vivant

Les enjeux de la notion – une première définition

Le vivant peut être défini comme le règne des êtres qui possèdent les caractéristiques de la vie. Mais qu’est-ce que la vie ? De manière sommaire, on dira que c’est l’ensemble des fonctions d’un corps et des phénomènes qui s’y déroulent depuis la naissance jusqu’à la mort. Cependant, comment rendre compte de la diversité des organismes vivants ? Comment expliquer l’évolution des espèces ? Quelles sont les critères de distinction des être vivants et des choses inanimées ? Ces questions exigent de nous que nous pénétrions plus en avant dans les sciences du vivant. Nous pensons bien évidemment en premier lieu à la biologie, mais il est indispensable de ne pas oublier que cette discipline est récente ; on peut en effet en situer la date de naissance à la fin du 18ème siècle. Avant elle, se sont succédées de multiples conceptions du vivant : finaliste, mécaniste et vitaliste. Ces conceptions, que certains jugeront peut-être ascientifiques, n’en demeurent pas moins sources de riches enseignements. Il est cependant exact d’affirmer que c’est à partir du 18ème siècle que le concept de vie va jouer un rôle essentiel dans l’ordre du savoir, en dépassant le strict cadre des sciences naturelles ; se développent alors ce qu’on a appelé les philosophies de la vie, dans lesquelles la vie se donne comme fondement de l’expérience et de la connaissance, ébranlant les anciennes catégories philosophiques.

La conception aristotélicienne du vivant

« Il faut donc nécessairement que l’âme soit substance comme forme d’un corps naturel qui a potentiellement la vie. Or, cette substance est réalisation. Donc, elle est la réalisation d’un tel corps. (…) Et si l’on a besoin d’une formule qui s’applique en commun à toute âme, ce sera : la réalisation première d’un corps naturel pourvu d’organes. » Aristote, De l’âme.

Aristote a consacré une part très importante de son œuvre à la connaissance du vivant, compilant les multiples observations relatives aux différents animaux et établissant un système de classification des espèces qui demeure d’usage jusqu’au 18ème siècle. C’est dans De l’âme qu’il rend compte de la nature du vivant. En effet, selon lui, tout vivant possède une âme (anima) qui anime le corps. L’âme est la forme de cette matière qu’est le corps. En un sens, a lieu quelque chose d’équivalent à ce qui se passe dans le travail du sculpteur imposant une forme à la pierre dans la production d’une statue. Cependant, dans le cas de l’être vivant, la puissance de production et d’organisation est interne : l’organisme vivant se développe, croît de lui-même. Aristote distingue cependant plusieurs âmes au sein des vivants. Il y a tout d’abord l’âme végétative qui rend possible la génération, l’alimentation et la croissance ; vient ensuite l’âme sensitive, condition de la sensation et du mouvement (en quoi elle est aussi âme locomotrice) ; enfin, l’âme intellective qui préside à la pensée. Les plantes ne possèdent que l’âme végétative ; les animaux possèdent cette dernière ainsi que l’âme sensitive ; l’homme enfin possède les deux précédentes ainsi que l’âme intellective.

Aristote défend une conception finaliste des phénomènes du vivant. S’opposant à Empédocle, il nie toute présence du hasard dans l’ordre naturel. Selon lui, aux origines de la vie animale, une multiplicité d’organismes distincts dans leur forme seraient nées, certaines disparaissant presque immédiatement, les autres survivant jusqu’à nos jours (du moins ceux d’Aristote). Cette perpétuation des espèces ainsi que le fait que les animaux engendrent toujours des animaux de la même espèce suffit à démontrer que la nature obéit à un plan, celui-ci permettant notamment d’expliquer la hiérarchie des êtres en fonction de leur degré de complexité, l’homme occupant le sommet de cette hiérarchie. Nous allons voir dans quelques instants que cette conception sera profondément critiquée à l’âge classique mais il faut tout de même noter que des défenses du finalisme se développeront également, notamment chez Leibniz et Malebranche notamment, à partir d’arguments fondés sur la création du monde par Dieu.

Penser le vivant à l’âge classique

« ce qui ne semblera nullement étrange à ceux qui, sachant combien de divers automates, ou machines mouvantes, l'industrie des hommes peut faire, sans y employer que fort peu de pièces, à comparaison de la grande multitude des os, des muscles, des nerfs, des artères, des veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal, considéreront ce corps comme une machine, qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée et a en soi des mouvements plus admirables qu'aucune de celles qui peuvent être inventées par les hommes. » Descartes, Discours de la méthode.

Au 17ème siècle, notamment avec les travaux de Galilée et Descartes, se développe la pensée mécaniste, opposée au finalisme. Selon cette pensée, la nature s’explique en fonction de deux données : la matière et le mouvement. De ceux-ci sont dégagées les lois mécaniques qui expliquent les régularités des phénomènes naturels et rendent par conséquent compte de l’ordre du monde. La nature est ainsi conçue comme une gigantesque machine. Descartes étend cette conception aux êtres vivants (à l’exception de l’homme en tant qu’il n’est pas seulement substance matérielle, corps, mais aussi substance pensante, âme). Il propose ainsi la théorie de l’animal-machine supposant par là que les animaux n’ont ni conscience, ni sensations. Certes, les animaux sont des machines particulièrement complexes, mais il n’en demeure pas moins que ce qu’on interprète comme des douleurs de l’animal ne sont en réalité que des dysfonctionnements dans les rouages de l’automate. Pour illustrer cette idée, dont il faut signaler qu’elle ne repose sur aucune expérimentation de la part de Descartes, on peut se référer à cette anecdote concernant Malebranche : ce dernier battait son chien en affirmant que les cris de celui-ci n’étaient

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