La Technique échappe-t-elle à La Raison ?
Commentaires Composés : La Technique échappe-t-elle à La Raison ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Weirdskylines • 12 Avril 2012 • 890 Mots (4 Pages) • 2 338 Vues
La technique peut-elle tenir lieu de sagesse ?
TECHNIQUE Comme le mot grec technê, "art", "habileté", "technique", dont il est dérivé, le mot technique est d'abord synonyme d'art*, au sens de savoir-faire dont la mise en oeuvre permet d'obtenir volontairement un résultat déterminé. Ce savoir-faire peut dériver soit de l'expérience* ordinaire et de l'imitation, soit de la connaissance de règles d'action codifiées, soit d'un savoir* scientifique. À la différence de l'activité artistique proprement dite, dont la finalité esthétique* est désintéressée, la technique vise l'utilité et l'efficacité. Source et condition de la maîtrise de la nature par l'homme, la technique fait pourtant, et de plus en plus, l'objet de nombreuses critiques: ses conséquences sur la vie et la nature inquiètent, sa puissance s'exercerait au détriment de celle de l'homme et de sa pensée, l'irréversibilité de ses progrès* menacerait ses concepteurs eux-mêmes, qui pourraient en perdre la maîtrise.
-Technique et humanité
À la suite des nombreux philosophes qui, depuis Aristote*, ont analysé la dépendance étroite et réciproque entre l'intelligence de l'homme et la fabrication d'outils pour transformer la matière à son profit, les spécialistes de la préhistoire (en particulier André Leroi-Gourhan, dans _Le Geste et la parole_) font de l'aptitude à l'activité technique un critère essentiel d'humanité. La fabrication d'outils suppose en effet que l'on se représente mentalement l'action à accomplir, la forme de l'outil la mieux appropriée à la nature de cette action, le choix des matériaux les mieux adaptés, etc. La technique, comme le langage*, est indissociable de la pensée, donc de l'humanité. Si l'homme fait partie de la nature, ses relations avec elle sont ainsi, dès l'origine, médiatisées par un troisième terme, l'outil. Le seul usage de ses forces physiques, très inférieures à celles des autres animaux, le condamnait à une mort certaine: l'invention de ces prolongements de son corps que sont les outils fait bien plus qu'assurer sa survie, elle contribue à le rendre "comme maître et possesseur de la nature" (Descartes*).
-Des discours contradictoires?
Presque toujours associée au progrès de l'humanité, condition peu contestée de sa supériorité sur l'ensemble de la nature, la technique est pourtant volontiers, et depuis longtemps, dévalorisée au profit de l'activité intellectuelle désintéressée, de la culture esthétique ou littéraire, de la science* pure. Racontant la vie d'Archimède (savant grec du III^e siècle avant J.-C.), Plutarque le présente comme un mathématicien génial qui méprisait plus que tout les activités techniques, "choses sans noblesse et vils métiers". Il aurait été "entraîné malgré lui au bain" (dans lequel aurait été prononcé le célèbre "Eurêka!" consécutif à la découverte du principe dit d'Archimède). Il n'aurait conçu les machines de guerre extraordinaires qui ont failli valoir aux Grecs une victoire décisive sur les Romains que pour s'amuser
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