La Pensée Exclut-elle Le Rapport à L'autre
Mémoire : La Pensée Exclut-elle Le Rapport à L'autre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Miss160 • 25 Mai 2013 • 2 333 Mots (10 Pages) • 2 154 Vues
Le verbe « penser » vient du latin « pensare » qui signifie peser, juger. Actuellement la pensée est un mot polysémique. Tout d’abord, on peut la qualifier d’activité psychique de l’esprit par laquelle l’être humain élabore au contact de la réalité des concepts qu’il associe pour apprendre ce qui se traduit donc par ce qu’on appelle la pensée scientifique mais également pour créer ce qui correspond à la pensée artistique. Elle peut aussi être défini de manière dont l’activité de l’esprit s’exprime ou encore de regroupement d’idées et de doctrines d’un individu ce qui se rapporte à la pensée philosophique. Certains philosophes lui approprient une définition particulière. En effet, selon Platon1, il s’agit d’un dialogue invisible et silencieux de l’âme avec elle-même sur les objets qu’elle examine. La pensée possèderait donc une caractéristique essentielle d’après lui qui serait la réflexivité. Elle consisterait vraisemblablement en un dialogue avec soi supposant une mise à l’écart physique d’autrui car opaque à tous. Cette dissidence pourrait donc se traduire par une mise à l’écart du reste de la société.
Certains philosophes décident de s’exiler pour fuir toute communauté. C’est ce qu’a fait 2Henry David Thoreau dans son œuvre majeur Walden ou la vie dans les bois dans laquelle il délivre ses réflexions sur une vie simple menée loin de la société, dans les bois, suite à sa « révolte solitaire ». Dans cet écrit, il critique le monde occidental mais met également le lecteur au défi de se pencher sur sa vie et de la vivre dans l’authenticité. La description de la cabane construite lors de sa vie en autarcie de deux ans est une métaphore illustrant l’édification de l’âme. Thoreau veut donc se forger ses pensées et opinions lui-même sans pouvoir être influencé par quiconque. Il prône un véritable art de vivre fondé sur l’écoute de soi, ce qu’il nomme « matin intérieur ». Un autre philosophe s’est lui-même exilé à Amsterdam : 3René Descartes. Ayant suivi un enseignement scolastique durant toute son enfance, il sera le premier à en faire une critique globale. Jusqu'à lors, la logique qui prévalait de cette éducation était celle d’Aristote et en particulier la théorie des syllogismes. Ceux-ci ne nous apprenant rien qu’on ne sache déjà, sont considérés par Descartes comme inutiles. Il invente alors sa propre méthode qui se veut universelle. Son projet est de fonder l’ensemble du savoir humain sur des vérités absolument certaines et c’est à partir de ces certitudes qu’il veut reconstruire la totalité du savoir. La première règle de cette méthode est l’évidence : n’admettre comme vérité que ce dont il est impossible de douter. Une évidence doit donc être reconnue comme telle immédiatement par l’esprit. Soumettre les prétendues vérités à l’épreuve d’un doute systématique permettra de révéler celles dont il est impossible de douter. La première évidence résistant à toute incertitude est celle de l’existence du sujet pensant : « Je pense donc je suis ». Il s’agit d’une vérité absolument certaine puisqu’en douter prouve que nous pensons. Cette situation est nommée solipsisme car il s’agit de la tendance du sujet pensant à n’affirmer aucune autre réalité que lui-même. Cette théorie porte un nom : le Cogito Ergo Sum. Une autre célèbre citation de Descartes : « Par le mot de penser, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement par nous-mêmes » nous permet d’affirmer que celui-ci trouve bien, en effet, que la pensée est personnelle et donc qu’elle exclue forcément le rapport à autrui. Il restaure alors la valeur de certains principes logiques tels que celui de non contradiction (on ne peut jamais affirmer d’un même sujet, en même temps et sous le même rapport, un prédiqua et son contraire), de raison suffisante (il n’y a pas d’effets sans causes) et celui de proportion de la cause et de l’effet (les faits et la cause sont toujours proportionnés). Ces conditions vont lui permettre ainsi de garantir le bon fonctionnement de notre esprit et de placer le sujet au centre de la construction du savoir. Malgré l’apparent bon sens de cette théorie, de nombreuses critiques vont jaillir puisque l’expression « Je suis, donc j’existe » associe quelque chose de ponctuel avec le verbe être mais également quelque chose de durable dans le temps avec le verbe exister. Biologiquement, cette théorie n’est donc pas recevable puisque le corps change au fil du temps. L’utilisation du principe de la cause et de l’effet est également bien trop vague parce qu’une petite cause peut produire un très gros effet. On peut aussi remarquer que, contrairement à ce qu’il affirme, Descartes n’a rien oublié de son éducation comme en témoigne le vocabulaire employé dans ses œuvres ainsi que les idées qu’il manipule telle que celle de Dieu qui est culturellement héritée. Descartes démontre donc que l’on ne peut se défaire complètement de l’enseignement que nous avons reçu et donc que dès lors que l’on nous apprend quelque chose, il nous est complètement impossible de l’oublier entièrement. Il ne faut alors pas s’étonner que le totalitarisme, par exemple, ait empêché le retrait et la solitude puisqu’il s’agit d’une extraordinaire entreprise d’exploitation des faiblesses humaines. La théorie de « l’Etat total » a été développée par les fascismes mussolinien et hitlérien qui ont fait de l’Etat un absolu, objet d’un véritable culte. Le terme de « totalitarisme » a ensuite été donné par des penseurs tels que 4Hannah Arendt ou 5Raymond Aron pour désigner de façon critique les régimes nazi et stalinien. D’après Arendt, le totalitarisme est une perte d’appartenance au monde des hommes, une sorte de déracinement racial s’accomplissant comme inutilité de l’Homme. Ce déracinement produit par l’effondrement de la société des classes et de ses fonctions sociales prive les hommes d’un monde commun, mais aussi de la condition de pluralité constitutive de ce monde. Ainsi privés du monde et arrachés à leurs moi, les individus isolés et atomisés perdent toute forme d’intérêt et de conviction, non seulement pour ce qui les entourent mais jusqu’en eux-mêmes. Le but de l’éducation totalitaire est alors atteint, non dans la violence d’inculquer des convictions mais de détruire la faculté d’en former une. La façade institutionnelle de respectabilité et l’idéologie par la terreur des régimes totalitaires ont permis d’exclure toute culpabilité signant ainsi l’incompatibilité entre le totalitarisme et une démarche philosophique authentique. Les régimes totalitaires abolissent donc tout processus de réflexion
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