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La Liberté

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Par   •  19 Avril 2014  •  4 843 Mots (20 Pages)  •  600 Vues

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La Liberté

La liberté désigne habituellement l’état de ce qui n’est pas soumis à une contrainte. Agir librement, c’est agir sans contrainte. Il n’y a que les êtres vivants qui peuvent être libres dans la mesure où ce sont les seuls qui sont susceptibles d’agir spontanément, autrement dit sans y être déterminé par quelque chose d’extérieur, par une autorité humaine ou par des causes physiques. Au sein même des êtres vivants, une distinction s’impose. En effet, la « liberté » des animaux est très imparfaite car ils ne font que suivent leurs tendances naturelles ou leurs désirs. Certes, ils agissent en fonction de « raisons » qui leurs sont « intérieures » ou immanentes mais ils n’en demeurent pas moins soumis aux lois de la nature. L’animal n’a pas le pouvoir de choisir de suivre ou de ne pas suivre ses instincts ; c’est pourquoi on dit souvent qu’il agit par instinct. Pour être véritablement libre, il faut disposer d’une volonté qui nous permet d’effectuer des choix, de prendre des décisions en renonçant parfois s’il le faut à nos tendances naturelles. Plus généralement, l’action libre peut être considérée comme étant celle qui suit un processus qui implique notamment la réflexion et la délibération. Deux précisions sont ici nécessaires. Premièrement, la liberté peut être mise en œuvre sans que s'ensuivent des effets dans le monde ; en effet, des circonstances extérieures peuvent nous empêcher d’accomplir des actions que nous avions pourtant décidé volontairement d’accomplir. Deuxièmement, dire que les hommes disposent d’une volonté, ce n’est pas encore dire qu’ils mettent en œuvre celles-ci : en effet, ce sont bien souvent les passions et les désirs qui gouvernent les hommes. Pour conclure, remarquons ceci que nous expérimentons et connaissons notre liberté par sentiment. Nous avons un sentiment de notre liberté. Mais pouvons-nous être sûr que ce sentiment renvoie bien à une réalité ? Ne se pourrait-il pas qu’il ne soit qu’une illusion ?

Liberté politique et liberté individuelle

« La liberté individuelle, je le répète, voilà la véritable liberté moderne. La liberté politique en est la garantie ; la liberté politique est par conséquent indispensable. Mais demander aux peuples de nos jours de sacrifier comme ceux d’autrefois leur liberté individuelle à la liberté politique, c’est le plus sûr moyen de les détacher de l’une, et quand on y serait parvenu, on ne tarderait pas à leur ravir l’autre » Rousseau, Du contrat social.

Chez les Grecs, la liberté (eleutheria) désigne avant tout ce que l’on appelle aujourd’hui liberté politique. C’est la liberté du citoyen en tant qu’il participe à la vie politique et qu’il n’est pas soumis à un pouvoir despotique, tyrannique. Le citoyen grec se définissait par opposition à l’esclave comme l’homme accompli à l’homme n’ayant pas développé les possibilités de la nature humaine. L’esclave, parce qu’il ne possède pas de droits politiques n’est pas proprement humain. Le citoyen, au contraire, est proprement humain en tant que l’homme est un animal politique et que le citoyen est celui qui participe au gouvernement de la cité. La liberté se définit donc à la fois par un pouvoir, celui de participer aux délibérations et décisions concernant la vie en commun et la justice, et un ensemble de droits sans lesquels cette liberté ne saurait subsister.

Cette liberté a, plus tard, été étendue à l’ensemble des hommes. La Boétie affirme que pour avoir la liberté, il suffit de la désirer ; il se pose alors la question de savoir pourquoi les hommes choisissent l’asservissement, ce qu’il appelle la servitude volontaire. Quant à Rousseau, il défend l’idée que l’homme est de manière fondamentale un être libre ; la liberté politique doit viser à garantir la liberté individuelle. En ce sens, aucune forme d’esclavage ou d’oppression ne peut être légitimée. Dans cette nouvelle configuration, la liberté (qui ne concerne donc plus seulement le citoyen) va renvoyer de plus en plus exclusivement aux intérêts privés des individus.

La liberté du vouloir

« L’autonomie de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs qui y sont conformes ; au contraire toute hétéronomie du libre choix, non seulement n’est la base d’aucune obligation, mais elle est plutôt opposée au principe de l’obligation et à la moralité de la volonté. Kant, Critique de la raison pratique.

La liberté, est-ce faire tout ce que l’on veut ? C’est à cette question que tente de répondre Platon, dans un dialogue qui oppose Socrate et Polos, lorsqu’il se demande si les tyrans, disposant d’un très grand pouvoir sur les autres hommes, sont libres. Dans ce dialogue, Socrate affirme que les tyrans ont une puissance très limitée et ce, bien qu’ils soient « sans contraintes » et puissent faire périr et chasser qui bon leur semblent. Le tyran, dit Socrate, fait ce qui lui paraît le meilleur (n’oublions pas que pour Socrate, « nul ne fait le mal volontairement ») mais ne fait pas pour autant ce qu’il veut. Il fait ce qui lui plaît mais cela sans discernement. Comme l’homme qui absorbe une drogue non parce qu’il veut cet acte même mais veut ce pour quoi il accomplit cet acte (être en bonne santé), le tyran ne veut pas ses actes eux-mêmes mais le but dans lequel il les fait. En ce sens, il succombe entièrement à ses désirs, n’a plus aucune maîtrise sur eux.

La réflexion de Kant est proche sur ce point de celle de Platon. Pour Kant, la liberté ne signifie pas indépendance mais autonomie, c’est-à-dire capacité à se donner à soi-même (autos) ses propres lois (nomos). La liberté n’est indépendance que dans le sens où elle se détache de toute détermination sensible, autrement dit de toute détermination par le désir, c’est-à-dire de toute hétéronomie : c’est la liberté au sens négatif. La liberté au sens positif n’est rien d’autre que la législation de la raison pure (source de la loi morale et des devoirs) en tant qu’elle se donne des maximes d’actions universalisables : « Agis de telle sorte que la maxime de la volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d’une législation universelle. »

On peut citer Aristote qui s’est posé la question de savoir quand est-ce qu’une action pouvait

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