L'intelligence réciproque de la guerre et de la paix
Commentaire de texte : L'intelligence réciproque de la guerre et de la paix. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 3 Novembre 2014 • Commentaire de texte • 674 Mots (3 Pages) • 734 Vues
Guerre et Paix
1. La paix, absence de guerre ?
1.1. L'intelligence réciproque de la guerre et de la paix
Les études proprement sociologiques consacrées à la paix sont en nombre extrêmement réduit, surtout si on les compare à toutes celles qui ont trait à la guerre. Il n'en faudrait pas conclure à une préférence marquée de la part des auteurs pour la situation la plus souvent décrite, ou à une infirmité des méthodes d'approche à l'égard de la paix, qui est, indiscutablement, la forme d'existence normale des sociétés, même si l'on admet que les guerres sont inévitables. Les travaux sur la vie sociale en général, sur les institutions, les coutumes, les mœurs portent ordinairement sur ce qui se passe en temps de paix, sans qu'on éprouve le besoin de le spécifier. C'est le cas par exemple pour la plupart des monographies consacrées à tel ou tel peuple. La pauvreté de la littérature sociologique sur l'état de paix n'est donc qu'une apparence. Par contre, quand on décrit la vie des sociétés dans la guerre, c'est-à-dire les transformations que celle-ci apporte à leur existence normale, la cause de ce changement est mise en évidence et se trouve étudiée en elle-même. D'autre part, de même que la psychopathologie fournit des points d'observation privilégiés qui enrichissent la psychologie normale, de même les sociologues ont intérêt à porter leur attention sur ce phénomène social qu'est la guerre : par le fait même qu'il est exceptionnel, il rend en effet perceptibles des mécanismes importants qui, dans la paix, passent inaperçus ou sont à l'état latent. Enfin, la guerre intensifie la fusion des individus au sein de la société et crée une sorte de paroxysme de l'emprise sociale.
Cependant, ici encore, on n'a affaire qu'à une apparence, car en révélant les unités sociales dans leur opposition la guerre renvoie à une explication qui doit être cherchée dans la paix, dans l'état social qui précède les hostilités. Quant aux relations sociales, elles n'arrivent au point de rupture que pour des raisons qu'il faut pressentir dans les conditions de la paix.
Le paradoxe de ces apparences et de ces réalités, qui font s'éclipser réciproquement la paix et la guerre, donne à celle-ci une sorte de priorité dans les définitions, puisqu'elle s'annonce sans conteste dans le fracas des armes, et que la paix se montre, par contraste, quand les combats ne viennent pas troubler la vie des collectivités. On aboutit donc à préciser d'abord le concept de guerre pour définir ensuite celui de la paix comme l'absence de guerre, donc d'une manière purement négative. D'ailleurs le mot « paix » désigne l'acte qui met fin aux hostilités, comme par exemple dans l'expression « paix de Tilsit ». On peut le prendre aussi dans un sens positif, qui lui confère une autre valeur ; c'est ainsi que, selon saint Augustin, la véritable paix ne consiste pas seulement dans l'absence de lutte armée, mais dans l'ordre pacifique (tranquillitas ordinis). Inversement, absence de guerre ne signifie pas nécessairement absence de conflit.
Outre
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