Faut-il Faire Son Devoir ?
Mémoires Gratuits : Faut-il Faire Son Devoir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mamadoulele • 8 Mai 2014 • 2 560 Mots (11 Pages) • 4 691 Vues
Le devoir est l’acte moral par excellence, l’acte d’une volonté déterminée par la seule idée du bien et de la loi, c’est une obligation morale. L'obligation implique donc la volonté et la liberté de choix, en ce sens chaque sujet peut décider ou non de refuser de se soumettre à ses devoirs. Mais toute obligation n'est pas forcement devoir. Le vrai devoir ne rapporte donc rien et est indépendant de tout contexte particuliers, de ce fait il entre souvent (pour ne pas dire toujours) en contradiction avec nos propres désirs et sentiments: ce que je dois faire, ce n’est pas ce que j’ai envie de faire, la tentation de ne pas le faire apparaît donc grande : c’est pourquoi il est si difficile à réaliser.
Une question se pose alors : faut-il faire son devoir ?
Par « faire son devoir » nous désignerons donc le fait d’accomplir, du moins de faire en sorte d’accomplir cette obligation morale valant absolument et sans condition, susceptible d'être exigé de tout être raisonnable. Nous comprendrons donc le sujet ainsi : du point de vue de la morale, le devoir constitue-t-il une obligation ?
Maintenant, le devoir, comme nous l’avons vu est entièrement basé sur des principes moraux or cette action libre du devoir aussi parfaite qu’elle se prétende est-elle vraiment accessible dans une vie où il est totalement impossible de distinguer les réelles priorités qui ont poussé l’Homme à effectuer cette dite action morale. La réponse au sujet ne va donc pas de soi. La question ouvre un problème que l’on peut résumer ainsi : décider de ne pas faire son devoir, ne serait-ce pas une preuve de lâcheté ? Le devoir aurait-il une valeur par-delà le fait d’être accompli par obligation ?
Pour discuter ce problème et répondre au sujet, on pourrait tout d’abord se demander si le devoir ne serait au final que néfaste ? La morale sur laquelle il repose totalement est-elle vraiment fondée ? Se pose alors cette deuxième question : accomplir son devoir ne serait-il pas au final quelque chose de nécessaire, pour son propre bien et celui des autres ?
Enfin, cela nous amène à la dernière question : est-il possible d’accomplir totalement son devoir étant donné qu’il est souvent contraire à nos désirs et intérêts ? Cette suite de questions constituera donc le plan de cette étude afin de déterminer si oui ou non le désir constitue un obstacle au bonheur.
Le devoir, par le fait qu’il dicte à un individu sa conduite associé au fait que la morale ne fasse pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique ne suffirait-il pas pour affirmer qu’il ne vaut pas le coup d’être accompli ?
Une des premières choses qui vient à l’esprit lorsque que l’on songe au devoir est cette notion de contrainte : je dois faire cette dissertation avant d’aller m’amuser ; l’Homme doit travailler pour gagner sa vie ; le citoyen doit aller voter même si il a mieux à faire … La notion de devoir contient donc l’idée du désagrément et s’oppose donc au plaisir, on éprouve la sensation désagréable de ne pas avoir le choix, d’être « obligé », en latin « obliger » (obligare) se réfère au droit d’un créancier à exiger du débiteur le remboursement de sa dette et « devoir » (du latin debere) signifie « avoir une dette envers quelqu’un » ce qui illustre parfaitement cette camisole dans laquelle le devoir enferme. De surcroît, comme l’affirme Kant (18ème) « On ne peut nullement conclure avec certitude qu’aucun mobile secret n’ait été en fait la cause véritablement déterminante de la volonté », nous n’avons aucun moyen de vérifier si un acte est véritablement moral ou apparemment moral, ce qui met encore plus le doute sur la légitimité du devoir. Comme celui-ci est intégralement fondé sur la morale, le fait qu’il puisse constituer une source de servitude, va s’inscrire dans la ligne de pensée de certains philosophes qui vont vigoureusement dénoncé la source du problème : la morale. En effet, si celle-ci est infondée pourquoi devrait-on faire son devoir ? C’est par exemple le cas de Spinoza (17ème) qui va décrire la morale comme particulièrement dangereuse. Selon lui, comme l’Homme est incapable d’être parfait du point de vue de la morale, qu’il est « inconstant » et que de plus, il peut volontairement choisir le mal connaissant le bien, ce que Freud nommera la pulsion de mort, alors il comporterait en lui un « vice de la nature humaine » qui pourrait entraîner la « haine » des autres et de lui-même, la morale serait donc néfaste donc à condamner. Maintenant l’un des plus grands adversaires de la morale va être Nietzsche qui va parfaitement exploiter les faiblesses que la morale contient, il va donc réfuter le fait qu’un acte puisse être en lui-même moral, y croire ne serait qu’une illusion. Il va tenter de démontrer de manière encore plus profonde que Spinoza que la morale constitue un ensemble de règles dangereuses, cultivant la mauvaise conscience et la culpabilité, rendant esclave de soi-même. Selon lui, la morale peut non seulement entraîner la haine de l’autre mais peut aller jusqu’à amener la haine de la vie de par les valeurs et contenus la constituant.
De plus, la morale peut elle-même devenir un instrument de domination. En effet, les valeurs de bien comme « l’amour du prochain » et de mal comme « l’égoïsme » sont dénoncées par Nietzsche comme un mal, inventés par la religion, spécialement biblique pour opprimer les croyants. L’autorité religieuse injecte un sentiment de culpabilité à l’Homme. Par le biais de la religion ou de l’Etat, et cela a été le cas dans de nombreux régimes totalitaires comme celui d’Hitler ou de Mussolini, le devoir qui est une obligation peut être décrit dans l’accomplissement de choses qui ne suivent pas la morale : prôner la suprématie de telle ou telle catégorie de personnes par exemple
Ainsi, que le devoir soit dicté par des principes universels comme le bien et le mal, ou qu’il soit dicté par les lois de la société, il peut entrer en contradiction avec l’intérêt d’un individu, d’un groupe de personnes, voire d’une classe sociale opprimée et ainsi lui décrire comme son devoir une chose qu’il ne voudrait pas forcément faire, une définition parfaite de la domination.
Nous avons donc vu que le devoir était de façon directe, associé à la notion de contrainte, de désagrément et s’oppose par conséquent au plaisir. De plus, il repose sur la morale, une notion elle-même polémique et pointée du doigt par de nombreux philosophes pour sa dangerosité, un ensemble de caractéristiques pouvant laisser penser que faire son devoir ne serait pas une bonne chose. Maintenant, même faire son devoir
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