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Ethique Spinoza Philo

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Par   •  16 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  2 066 Mots (9 Pages)  •  5 152 Vues

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Philosophie

Commentaire de texte

Spinoza, l’Ethique, appendice du livre 1

Le texte dont nous proposons l’explication est un extrait de l’appendice du livre I de l’Ethique de Spinoza, philosophe hollandais du XVIIème siècle. Cette œuvre fut publiée seulement à la mort de l’auteur en 1677 et interdite l’année suivante. Dans cet extrait, l’auteur traite de la religion, du pouvoir, de la connaissance de la vérité et de la liberté de penser. Considéré comme un auteur athée et irréligieux, il fut considéré comme hérétique est exclu de la communauté juive. Sa thèse est une critique sévère de la conception finaliste de la nature défendue par les théologiens et les métaphysiciens qui leur permet de maintenir le peuple dans l’ignorance et d’assurer leur autorité.

Le texte comprend deux parties, l’une plus développée que l’autre.

Dans une longue première partie, Spinoza expose d’une manière critique la conception finaliste de la nature soutenue par les théologiens et les métaphysiciens ( l. 1 à 12 « jusqu’à ce que vous soyez dans la volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance »). Cette conception conduit pour lui à l’ignorance.

La seconde partie démontre alors de façon plus condensée que le savant qui cherche les vraies causes de la nature est persécuté ce qui permet aux théologiens de conserver et de renforcer leur autorité auprès du peuple (« le vulgaire »).

Autrement dit, pour Spinoza, non seulement la religion mais aussi la métaphysique et donc une certaine tradition philosophique sont sources d’ignorance, d’illusion et de manipulation afin de justifier leur autorité et le pouvoir, y compris politique, qu’elles représentent.

Notre explication nous interrogera donc sur le rapport entre la religion, le pouvoir politique et la science en nous demandant si la religion est nécessairement un obstacle à la connaissance de la vérité.

Spinoza imagine dans la première partie du texte une sorte de dialogue fictif avec un partisan de la doctrine finaliste. Ce dialogue a pour but de démontrer la vacuité d’un tel mode argumentatif utilisé, comme nous le verrons dans la seconde partie du texte, par ceux qui se prétendent « les interprètes de la nature et des Dieux » afin de manipuler les esprits des « croyants ».

Spinoza fait le choix d’un fait divers particulier accidentel et fatal : la chute d’une pierre tuant un homme « Si, par exemple, une pierre est tombée d’un toit sur la tête de quelqu’un et l’a tué ». Cet exemple n’est pas pris au hasard : il montre bien le côté précaire de l’existence humaine et la crainte, la fragilité, l’incertitude des gens face à leur vie qui les conduit à se réfugier dans la religion et la croyance, situation largement exploitée par les « interprètes » dont parle l’auteur. Spinoza fait alors se succéder une série de questions commençant par « pourquoi ? ». Ces « pourquoi » pourraient être ceux de personnes curieuses, soucieuses d’en apprendre davantage, d’aller au fond des choses. Or, notre philosophe en fait une mauvaise question. En effet, celui qui pose ce genre de question sait quelque chose qu’il veut nous faire dire. Le petit enfant qui demande constamment pourquoi à ses parents veut vérifier que ces derniers n’ont pas la réponse à tout. Il a une idée derrière la tête et n’attend pas forcément la réponse aux « pourquoi ? ». Ces questions à répétition finissent souvent par un « tais-toi » ou un simple « parce que » sans pourquoi possible et qui témoigne du fait que l’on n’a pas réponse à tout. Spinoza veut montrer dès le début de ce texte que ce questionnement est conduit par des gens qui veulent vous faire dire que cet évènement a été produit par Dieu « Si elle n’est pas tombée pour cette fin par la volonté de Dieu ». Tous les raisonnements proposés à la chute de la pierre sont rationnels et montrent une réflexion logique et pleine de bon sens. « le vent soufflait », « l’homme passait par là », « le vent s’est levé parce que la mer, le jour avant, par un temps encore calme, avait commencé à s’agiter ». Ces déductions viennent logiquement expliquer l’enchainement des actions.

« Comment tant de circonstances ont-elles pu se trouver par chance réunies ? » : coïncidence ou signe du destin ? Les théologiens, auteurs de toutes ses questions, diront que tant de hasards n’est peut-être plus le hasard. Ils s’efforceront alors de vous faire admettre une intervention divine. En effet, pour eux, sans Dieu, toutes les circonstances, « et en effet, il y en a souvent un grand concours », n’auraient pas pu être réunies par le simple hasard. La pierre est tombée dans un but voulu par Dieu. La stratégie utilisée est alors de vous embarrasser jusqu’à ce que, harcelé de pourquoi, vous répondiez « par la volonté de Dieu ». Le vocabulaire utilisé par l’auteur est révélateur : « insisteront-ils », « ils insisteront de nouveau », « ils n’en finissent pas de poser des questions », « ils continueront ainsi de vous interroger sans relâche ». Il s’agit d’un véritable harcèlement vous amenant à vous réfugier dans l’ignorance.

Spinoza ne remet pas en cause le principe de causalité strictement nécessaire ni que l’ensemble des causes soit infini mais il s’oppose à ce que ce caractère interminable puisse aboutir à une intervention extérieure appelée Providence ou « volonté de Dieu ». Le fait divers fortuit, ordinaire devient alors miraculeux, extra-ordinaire, sur-naturel.

Spinoza critique ainsi le principe de la causalité finale, l’idée que les choses fonctionnent en vertu d’un plan divin. Ce préjugé finaliste consiste à expliquer les choses non pas par leurs causes mais par de prétendues fins qui en donnent une représentation déformée et même inversée. Cette théorie des causes finales a été formulée par Aristote. Selon lui, un esclave, par exemple, a le dos voûté et les mains résistantes pour pouvoir effectuer des travaux de force. Son corps manifeste une adaptation naturelle à sa fonction. Spinoza y voit l’expression du rapport que l’individu entretient avec le monde. Notre vie repose sur des buts, des intentions qui sont les nôtres. Nous avons tous des intentions mais l’erreur pour lui consiste à nous prendre pour le centre du monde et donc juger le monde de la même manière. Le préjugé finaliste nous fait tout ramener

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