L'artiste travaille-t-il ?

L’artiste travail-t-il ?

        Dans la société actuelle, nous sommes conditionnés depuis l’enfance à penser qu’avoir un travail est indispensable ; nos choix scolaires se font dans la finalité de pouvoir trouver un travail. Nous sommes pourtant souvent pris dans l’idée de l’artiste en marge, qui vit d’un art et paas d’un travail.

        Le travail doit alors être défini pour être assimilé : Dans notre société, il désigne l’activité productive d’une personne, l’ensemble des activités humaines organisées et coordonnées. En ce sens, on peut rapprocher l’activité d’artiste du travail, car elle est productive, et son fruit reconnu.

1.         Cependant, là où le travail semble rébarbatif et aliénation, l’artiste au contraire semble libre de ses actions. L’artiste est-il alors vraiment libre des ses activités ou dépend-t-il du cadre contraignant du travail inhérent à la société ?

        Afin de répondre le plus objectivement possible, nous établirons dans un premier temps les similitudes entre l’activité d’artiste et la définition actuelle du travail pour montrer qu’on peut voir l’artiste comme un travailleur.

Nous verrons par la suite que malgré le rapprochement tentant des termes « artiste » et « travailleur », la libre activité de l’artiste n’est pas assimilable à un travail si ce dernier est une entrave à l’épanouissement et à la liberté, et pour finir nous étudierons ce qui fait la limite de la séparation entre les deux, et les abus possibles de cette séparation.

        Aujourd’hui, l’artiste est souvent présenté comme un professionnel de la production d’art, son revenu principal dépend de son activité, être artiste serait donc un métier, et l’exercice de l’art un travail. Cela ne prend pas en compte les petites œuvres occasionnelles que nous pouvons tous produire. Nous partons ici du principe que artiste désigne un professionnel, une personne ayant fait le choix de se reconnaître artiste et qui en a le statut.

        Il faut reprendre ici la définition de travail. Il est assez connu que le travail indique étymologiquement la souffrance, mais il faut aussi le voir comme un dépassement de soi. Un effort qui permet la satisfaction finale de l’accomplissement . En ce sens l’activité de travail se rapproche de l’activité d’artiste.

        L’artiste, tout comme le travailleur, doit produire sa réalisation finale. Le travailleur est contraint de faire ce qu’on lui demande, et l’artiste peut aussi se voir influencé par cette contrainte. On peut lui demander une œuvre avec des critères, comme le temps. A défaut d’être contraint par un critère externe, l’oeuvre subit les contraintes imposées par l’esprit de l’artiste.

        L’artiste doit au même titre que le travailleur savoir rejeter ce qu’il produit de médiocre, et recommencer jusqu’à ce que la production finale soit conforme aux attentes, comme l’explique Nietzsche dans Humain, trop humain.

        Nietzsche nous montre aussi dans ce texte que les travailleurs comme les artistes sont infatigables à inventer, et capable de rejeter ou modifier une production. Les deux ont besoin de réfléchir. Nietzsche disait « tout les grands hommes sont de grands travailleurs ». Ce qui sous-entend que les improvisateurs ne travaillent pas autant, et ne peuvent produire aussi bien.

Il est vrai que malgré tout le génie de Jimi Hendrix, il n’a pas écrit « All Along the Watchtower » en  un jour et encore moins improvisé le solo. Par le fait de son temps passé pour son œuvre, Jimi Hendrix serai un travailleur.

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