Cours sur l'Esthétique de Hegel
Cours : Cours sur l'Esthétique de Hegel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar adelet • 14 Novembre 2018 • Cours • 9 463 Mots (38 Pages) • 780 Vues
CM : ESTHETIQUE
Introduction :
Qu'est-ce qui est beau aujourd'hui ? Comment une expérience de la beauté peut-elle être supportée, assumée ? Qu'est ce qui est beau en temps de guerre ? En temps de guerre, ce qui est beau, c'est la guerre.
Il s'agira de chercher dans la beauté une forme de conciliation qui préserve les corps et l’intégrité des âmes, des sujets. Il reste la beauté parce qu'il n'y a plus d'espoir. Mais il est difficile aujourd'hui de faire marcher la beauté et l'espérance. Peut-on trouver une réciprocité, un accord entre la beauté et l'espérance ?
Ernst Bloch, dans Le Principe d’espérance cherche des signes d’espérance. L'espérance ne se donne pas comme une foi dans l'avenir mais le rayonnement de la beauté est le signe qu'une conciliation est possible entre les parties en guerre du réel. On peut y apporter une question d'artiste ou de poète, qui y répond comme Baudelaire, "vous m'avez donné de la boue, et j'en ai fait de l'or", ainsi la seule réponse c'est de devenir artiste et de créer des objets beaux.
Mais est-ce que le beau n'est qu'une activité ? Un faire ? Un acte de création ? Il y a une prépondérance de l'agir. Est-ce que le beau rayonne depuis un faire ? Et est-ce que faire doit être cerné, par un prix, une collection, un investissement ? La réponse de l'artiste a une sorte de splendeur propre, qui est l'héroïsme de l'artiste, une noblesse éthique, mais son témoignage est lié aux qualités mais aussi aux limites de ce qu'est un agir et à la capacité de réalisation de ce qu'est un agir. Dès lors, l'artiste contemporain est pris dans une alternative difficile à conduire : il veut rivaliser avec les plus grands, se situe dans l'histoire de l'art et se réfère à la capacité à produire des "faits de créations" (Malraux). Malraux pensait au musée imaginaire, un espace où toute création artistique vient à siéger.
L'artiste contemporain qui se révolte contre cet agencement de l'œuvre d'art dans le musée et qui ne fait des œuvres que pour dénoncer le culte des objets fabriqués, pour engendrer un espace critique au sein du musée. Il va dire non au culte de l'agitation qui est intrinsèque à l'œuvre d'art.
Du coup, on ne peut plus aujourd'hui se contenter d'être Baudelaire. Un très beau poème ne fait plus le poids face à la déferlance de violence dans monde. (L.V.Trier Melancholia) Les hommes chantent avec Wagner un hymne à l'amour qui se résout dans une annulation totale de la beauté, et la beauté à notre porté sera la beauté de l'annulation de la beauté.
La position qui tient à muséifier l'art, est concevable et exponentielle, mais il reste que dans la modernité, la question de la capture exclusive du beau par le faire, la créativité humaine certes admirable, mais que l'on situe le beau intégralement dans l'horizon de l'œuvre d'art est discutable et énigmatique.
Apologie de l'artiste : chez Platon, le beau est transcendantal et ne procède pas de l'œuvre d'art mais du beau corps. Élévation, érotisme, conjonction intellectuelle à l'idée du Beau. Il n'y a pas de culte de l'agir, du faire chez Platon, et quand il se tourne vers les faiseurs, les poètes, il les traîne dans la boue, (Rep III, X). Le privilège d'un agir comme foyer de la beauté n'est pas au centre de la société antique, en tout cas chez Platon. Le platonisme est anti productiviste à toutes les époques ( Néo platonisme Marcile Ficin tout ça... )
Chez Heidegger, La lettre sur l'humanisme : "Nous n'avons pas encore assez pensé l'essence de l'agir". Agir c'est produire, mais savons-nous ce que veut dire produire et savons-nous quelle est la part du produire dans l'œuvre d'art ? Peut-être que l'œuvre d'art est un accident, un choc, une entaille, plutôt qu'un produire ? Il n'y a pas de pensée du beau chez Heidegger, mais plutôt une pensée de l'œuvre d'art. Il cherche à se libérer d'une technique de l'œuvre d'art et il congédie pour cela le beau. Ce qui peut-être existe c'est le beau dans la nature, comme une sorte d'expérience du beau naturelle qui est encore à pratiquer comme au fond Platon nous en fait le rappel.
Au fond, je vois la nature, et j'approuve en disant c'est beau, mais à l'instant où je dis cela, je vois aussi les constructions humaines, les ponts, tout ça. Est ce que je ne fabrique pas un objet artistique que parce que je souhaite oublier/ découper par ma volonté et ma capacité d'abstraction, ce qui se trouve autour de moi et privilégier la nature ?
Est-ce qu'il y a des expériences de beauté naturelle dans un contexte où la souffrance, la laideur, s'emparent de toute les parts de la nature ? Il y avait promesse de beauté naturelle mais il y a en vérité une œuvre d'art à l'occasion de la beauté naturelle.
Interroger le monde à partir du beau c'est interroger le monde à partir de l'homme et contenir l'expérience au sein d'un produire. Et plus on veut sortir de l'art, plus on y revient. La promesse d'une beauté naturelle à été saisie par l'artiste, mais même moi en tant qu'homme, et que je traverse l'expérience de la beauté, je me comporte en artiste de ma propre vie.
Est-ce qu'il existe un beau naturel ? Est ce que cette promesse ne suppose pas toujours un regard, et ce même regard qui va produire une construction opérative à l'égard du don de la nature.
L'idée que la nature va me guérir du malheur de mon enfermement dans la conception artiste de l'art n'est pas une assurance car plus je me tourne vers la nature, plus je comprends que forger des images est l'acte le plus caractéristique de l'humanité : l'homme est artiste.
A la Renaissance, Pic de la Mirandolle essaie de définir la nature humaine et distingue les fonctions des animaux et leurs lignes instinctives, mais quand il s'agit de l'homme, il n'a pas de programme, il peut être tout ou rien. Nous sommes les artistes de nous même. L'homme est un animal artiste, et tellement artiste qu'il est l'artiste de lui même. Cela suppose un homme libre et donc du coup que la guerre contraint cet homme.
Il s'agira de reprendre ces questions à partir de Hegel, et la fin de l'art. : Est ce qu'il y a une autonomie de l'art ? Est ce que l'art est séparable des autres activités humaines ? L'enseignement majeur que donne Hegel, c'est que oui il existe une expérience esthétique, mais qui n’est pas hermétiquement close sur elle-même mais qui entre en relation permanente avec 2 autres principes : l'art est très proche du concept et par conséquent entre dans une relation inévitable au concept, déjà sous la forme de la philosophie ; mais Hegel va plus loin, le concept a exactement le même contenu que l'œuvre d'art et inversement, ce sont deux modes d'exposition différents de la mêmechose. Il y a un contenu commun et une forme différemment déclinée.
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