Toute prise de conscience est-elle vraiment libératrice ?
Dissertation : Toute prise de conscience est-elle vraiment libératrice ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mathieu Jourdain • 5 Avril 2018 • Dissertation • 1 613 Mots (7 Pages) • 1 423 Vues
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Emmanuel Kant, philosophe reconnu, définissait la conscience de « tribunal de l’homme ». Lors d’une prise de conscience, un individu se jugerait, et se rendrait ainsi compte de ses erreurs. D’une manière plus globale, la prise de conscience serait une invitation à la réflexion intérieure, à douter, et ainsi à remettre en question des points de vue établis. Elle nous permet d’apprendre sur nous-même et d’avancer. Dès lors, nous pouvons considérer qu’une prise de conscience est, le plus souvent révélatrice. Cependant, porte-t-elle forcément une doctrine émancipatrice ? Ainsi, de manière plus simpliste : Toute prise de conscience est-elle vraiment libératrice ? Tout d’abord, nous verrons que la prise de conscience peut être libératrice, puis nous nous demanderons si l’illusion n’est-elle pas une meilleure alternative à la liberté. Finalement, nous verrons que la prise de conscience va au-delà de la liberté, en influençant le moi intérieur et profond de l’Homme.
Premièrement, la prise de conscience génère un sentiment de liberté. En effet, l’individu doit prendre conscience des choses et de soi pour se sentir libre. Tout d’abord parce que la prise de conscience développe l’esprit critique. L’esprit critique, c’est, en quelque sorte, savoir porter un avis objectif et personnel : c’est adopter une démarche ou l’on est libre de faire ses propres choix. C’est grâce à la conscience des choses qu’on est capable d’agir sur les causes qui nous déterminent, et donc d’opérer un esprit critique qui permet de nous libérer des chaines dans lesquelles nous nous trouvons. Descartes a appuyé cette idée en développant l’idée du cogito (« Je pense donc je suis »). Selon Descartes, celui qui pense est sûr d’exister, et par conséquent d’être une chose pensante. En d’autres termes, le fait qu’on pense justifie que l’on existe. Descartes part de ce constat : La représentation que l’on se fait des choses extérieures est toujours incertaine, étant donné qu’elle ne pourrait être qu’une illusion. En effet, nous pourrions avoir des doutes et remettre en question l’existence des choses. Descartes va alors montrer que le cogito est la seule chose qui résiste au doute car dès que l’on pense, on ne peut pas oublier de se rappeler que c’est nous qui pensons et donc que le moi ne peut être une illusion. En prenant conscience de notre individualité, l’on acquiert la capacité de penser par soi-même, d’avoir sa propre opinion, et ainsi d’être libre. Deuxièmement, d'après Kant, la prise de conscience représente l’acquisition de la liberté tant de penser que d'agir. La prise de conscience est, selon lui, libératrice des préjugés et de l'état de minorité, mais elle est aussi à l'origine même de la liberté. Cette dernière permettrait d’agir plutôt que de subir, bien que la phase de transition soit douloureuse. Par exemple, dans Le père Goriot de Balzac, Eugène de Rastignac se rend compte de tous les mauvais penchants de la haute société parisienne : il en prend conscience, et se décide donc à essayer de la changer. De même, dans Cinna de Corneille, Auguste prend conscience des atrocités qu'il a commises : cela lui permet d'évoluer et de devenir meilleur. Ces deux prises de consciences, bien qu’elles aient été douloureuses au début, sont en fait libératrices : Eugène de Rastignac n'est plus déçu par la bonne société et Auguste n'est plus submergé par la culpabilité, ils ne subissent plus, ils agissent : ils sont dits libres.
Il paraît donc indéniable de penser que la prise de conscience fasse figure de libération pour l’homme. Mais si la prise de conscience peut être libératrice, nous pouvons nous demander si c’est toujours le cas, et même s’il n’existe pas une tendance inverse qui ferait de la conscience un fardeau pour l’homme.
La prise de conscience n’est pas systématiquement libératrice. Tout d’abord car celle-ci impose à l’individu la vérité sur le monde extérieur. En effet, la prise de conscience nous fait passer, de manière souvent brutale, de l’illusion au savoir. Cependant, cette transition entre ignorance et connaissance ne se fait pas sans difficulté, puisqu’elle nous force à renoncer à ce que nous croyons vrai et à ce qui nous satisfaisait. Par exemple, lorsqu’on prend conscience que nous allons mourir un jour, un sentiment de malheur émerge en nous. En tant qu’êtres humains, nous sommes capables de concevoir que nous avons une fin dans le temps et que notre vie n’est pas éternelle. Ainsi, la conscience peut être malheureuse, parce que quand elle nous fait découvrir que nous sommes finit, quand elle nous fait découvrir la vocation de l’humain, nous éprouvons de la tristesse. On peut s’appuyer sur d’autres prises de conscience de la réalité pour montrer qu’une prise de conscience n’est pas toujours libératrice. Par exemple, prendre conscience d'une réalité ou d'une vérité
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