Sciences sans conscience
Dissertation : Sciences sans conscience. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cforet • 16 Décembre 2017 • Dissertation • 3 035 Mots (13 Pages) • 3 588 Vues
SCIENCES SANS CONSCIENCE
Dans son usage le plus large, l'humanisme est une philosophie qui se donne pour fin l'épanouissement de l'homme.
Créé au 19° siècle, le terme est formé à partir de la racine latine « humanitas » qui d’une part exprime l’idée que l’homme se fait de lui-même dans son plus grand accomplissement intellectuel, moral, religieux, voire physique ou esthétique et d’autre part définit les humanités comme synthèse de l’érudition et de la vertu c’est à dire les sciences qui nous rendent plus humains.
Les biotechnologies, dont la définition est large, sont l’ensemble des méthodes basées sur les données et les techniques mettant en oeuvre des organismes vivants ou certains de leurs constituants. Recherche sur le génome, production d’ogm, clonage ou encore fécondation in vitro relèvent de ce domaine où la science intervient sur le vivant et qui cristallise aujourd’hui les peurs et les angoisses de nos sociétés face à leur avenir.
Problématique ancienne puisque Rabelais au 16° siecle affirmait que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». En d’autres termes, les avancées scientifiques et leur application, n’ayant pas pour pendant une intégration rationnelle et réflechie au sein de la société, mènerait à la destruction de l’essence même de l’homme, c’est à dire au fond, de l’humanisme.
Phrase d’une étonnante actualité face à une science incarnée dans les biotechnologies et qui ouvre la possibilité d’une manipulation du vivant en général et de l’homme en particulier.
Mais en quoi les biotechnologies seraient-elles une menace pour l’humanisme en ce début de XXI° siècle, au-delà des peurs irrationnelles relevant du fantasme ?
On verra tout d’abord comment les biotechnologies représente un danger, non pas d’un point de vue strictement biologique, mais pour l’humanisme comme idée visant à préserver les etres humains en tant qu’individus sociaux. Mais au-delà, nous verrons dans un second temps, comment les biotechnologies, en instrumentalisant l’humain, mettent en péril l’humanisme au sens de principe de compréhension que la personne a d’elle-même en abolissant la frontière entre l’objectif et le-subjectif, rendant ainsi urgente la définition d’un nouvel humanisme basé sur l’éthique de la nature humaine.
Conscience = idée de « prendre avec soi »
- L’humain moins menacé en tant qu’être biologique qu’en tant qu’être social
- Les biotechnologies perçues comme déshumanisantes et aboutissant à des « hommes robot prédeterminés » relève davantage de la dystopie que de la réalité…
- L’émergence de fantasmes entretenus par la structure même de nos sociétés…
Intuition ancienne que l’homme qui se rend « maitre et possesseur de la nature » doit en même temps, en faisant intervenir sa raison, prendre la mesure de cette science et du pouvoir d’action sur son environnement qui en découle. A défaut, l’homme risque la destruction de son âme, qui peut être comprise dans un sens œcuménique comme la destruction de ce qui le constitue en tant qu’être humain.
La science détachée de toute considération morale signifierait à terme une déshumanisation de l’homme et son instrumentalisation.
Le XX siècle a cristallisé cette peur face à la science et à la technique. Le progrès y est apparu dual, à la fois porteur de grands espoir mais aussi de grandes peurs. Peurs dont le bien fondé a été brutalement confirmé par les pratiques eugénistes du nazisme et du communisme ainsi que par l’utilisitation de la bombe atomique.
Après guerre, l’accélération des découvertes scientifiques et plus spécifiquement biotechnologiques, découverte de l’ADN en 1968, de la structure des gènes, déchiffrage du génome animal, aussitôt experimentées et appliquées dans de multiples domaines, ne s’est précisément pas accompagnée d’une prise de conscience.
Dans un contexte économique de plus en plus mondialisé, tourné vers le profit et la concurrence avant tout, parallèlement à la mutation de nos société caractérisées par une individualisation croissante où la satisfaction et le bonheur individuel priment sur la préservation de la collectivité, où la transcendance relève plus du souvenir que de la réalité, le regard porté sur la science, la technique et les biotechnologies, ultime stade de l’application de la technique au vivant, a, lui aussi, évolué.
Ni les scientifiques, ni les pouvoirs politiques ni à fortiori et surtout la société civile n’ont eu le temps et la possibilité de s’approprier ces innovations, dans le cadre d’un débat rationnel, éclairé et réfléchi.
Les biotechnologies se sont imposées dans notre vie quotidienne sans que nous en prenions conscience, insidieusement, jusqu’aux différentes « affaires » qui ont subitement révélé le possible danger résultant de leur utilisation : de la vache folle, aux risques environnementaux liés aux OGM en passant par la grippe aviaire.+ rôle des médias qui diffuse l’information en temps réel sans toujours mesurer les conséquences que cela peut avoir
Un pas supplémentaire a été franchi avec la naissance de la brebis Dolly, premier animal produit par clonage cellulaire.
Pas vite franchi du clonage animal au clonage humain dans l’imaginaire collectif.
Construction de fantasmes =société de clones, eugénisme généralisé, homme-robot pré-programmé
Concrétisation du mythe de Frankeinstein, du Meilleur des Mondes
NB : en même temps, forme d’exorcisme : en parler, l’exagérer pour ne pas prendre conscience que possibilité ENVISAGEABLE
Mais dans quelle mesure les biotechnologies représentent-elles aujourd’hui un danger d’un point de vue strictement pragmatique et biologique ?
- …Et qui d’un point de vue strictement biologique doivent être nuancés
L’éventualité du clonage humain relève encore techniquement, quoi qu’on en dise, de l’irréalisable. Le clonage animal n’est en effet que tâtonnant et l’obtention de clones comme Dolly a montré ses limites : dégénérescence précoce des cellules, augmentation du risque malformatif notamment.
Qui plus est, le fantasme d’une humanité standardisée à terme par la mise en application d’un clonage à l’échelle planétaire a été largement démenti par les découvertes récentes.
Il est vrai qu’ une pratique massive du clonage aurait pour conséquence une diminution dramatique de la diversité génétique garante des capacités d’adaptation évolutives à des modifications environementales.
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