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Problème du rapport à autrui

Dissertation : Problème du rapport à autrui. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2013  •  Dissertation  •  495 Mots (2 Pages)  •  842 Vues

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Il est donc difficile pour l’individu de s’arracher tout seul à la minorité, [Nous retrouvons le problème du rapport à autrui : l’absence d’autrui dans une position différente de celle du guide est ici un obstacle à la conquête de l’autonomie] devenue pour lui presque un état naturel. [Cette remarque indique que la minorité des adultes n’est pas fondée en nature, mais risque toujours de devenir une seconde nature, comme l’esclavage évoqué par Rousseau dans sa reprise originale du thème de la servitude volontaire12. La sollicitude bienveillante des guides a donc une vertu performative, puisqu’elle transforme au bout du compte les mineurs supposés en mineurs réels.] Il s’y est même attaché (Er hat sie sogar liebgewonnen), [à nouveau le thème d’une servitude qui n’est pas naturelle mais habituelle, résultant de la fabrication d’un habitus] et il est pour le moment réellement (wirklich) incapable de se servir de son propre entendement, [Kant précise « réellement » pour indiquer qu’il n’est plus question d’une incapacité illusoire (celle que présupposent et exploitent les guides) mais d’une incapacité désormais réelle, résultant de l’être-guidé ou de l’être-dirigé] parce qu’on ne l’a jamais laissé s’y essayer (weil man ihn niemals den Versuch davon machen liess). [On ne l’a pas laissé expérimenter. Or dans le cas du jugement, comme application de l’entendement à des situations singulières, c’est seulement l’expérience tâtonnante qui crée peu à peu la faculté13. C’est pourquoi Kant poursuit en critiquant les préceptes et les formules toutes faites : quand bien même elles seraient rationnelles, ces formules sont une nouvelle manière d’empêcher l’apparition d’un usage autonome de l’entendement.] Préceptes et formules, ces instruments mécaniques d’un usage ou, plutôt, d’un mauvais usage raisonnable de ses dons naturels, sont les entraves qui perpétuent la minorité. Celui-là même qui s’en débarrasserait ne franchirait pour autant le fossé le plus étroit que d’un saut mal assuré, puisqu’il n’a pas l’habitude de pareille liberté de mouvement. [La conséquence de cette minorité réelle constituée, c’est en effet que la libération est désormais plus difficile que dans la situation initiale d’une minorité seulement supposée.] Aussi peu d’hommes ont-ils réussi, en exerçant eux-mêmes leur esprit (durch eigene Bearbeitung ihres Geistes), à se dégager de leur minorité et à avancer quand même d’un pas assuré. [Le thème sous-jacent à cette affirmation n’est pas celui d’une quelconque faiblesse humaine, mais celui des conditions sociales de l’émancipation : ce qui est ici en question, c’est à nouveau la difficulté de s’émanciper tout seul. La solitude ici visée est la solitude des guidés — aussi nombreux soient-ils sous la tutelle de leur guide14 — dans la mesure où ils ne disposent pas d’un espace public. Le milieu des dirigés et des guidés n’est en effet rien d’autre (puisque ces guidés sont des mineurs qui ont besoin d’un père ou d’un tuteur) qu’une sorte de milieu familial élargi15.]

En revanche, la possibilité qu’un public s’éclaire lui-même est plus réelle ; cela même est à peu près inévitable, pourvu qu’on lui en laisse la liberté

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