Le Rapport Sujet — Objet Contre Le Rapport à Autrui

Le schéma classique de la psychologie, le rapport Sujet → Objet, décrit un sujet qui analyse et décrypte le monde, et en élabore une connaissance fondée sur ses perceptions et ses expériences. Quelle est la place de l’autre dans ce rapport direct du sujet à l’objet ?

2 Comme le montre fort bien Dupuy (1991) dans nombre de théories, le rapport d’influence qui signe non pas un rapport du sujet à l’objet, mais un rapport à l’autre, constitue un facteur de désagrégation de la société et d’aliénation ou de dissolution du sujet. Ainsi, l’influence d’autrui, l’imitation, la contagion… servent souvent à expliquer, dans ces théories, non pas comment la société tient, liant entre eux les individus, mais plutôt comment elle se désagrège dans la panique par exemple. L’influence est ainsi envisagée comme ce qui fait irruption et vient perturber la vie des individus et des sociétés. L’individu sous influence perd son libre arbitre, il passe sous l’emprise de l’autre et de ses intentions, il agit de manière irrationnelle et parfois contre son intérêt. Plus précisément, l’influence de l’autre est ce qui biaise le rapport de l’individu au monde, elle fausse la perception et par conséquent le jugement. L’influence, ce lien à l’autre, cette entrée de l’autre et de ses idées, de ses volontés dans le sujet, est donc très souvent considérée comme une intrusion, une dépossession, une aliénation désindividualisante.

3 On peut néanmoins adopter une conception opposée de ce rapport à autrui (Roustang, 1990, p. 75). Par exemple, pour Freud (1921), la société tient grâce aux liens sociaux interindividuels, grâce à l’identification et à l’influence de l’autre. Pour Freud, si la société se désagrège et disparaît avec la panique, cette dernière apparaît justement lorsque les liens entre les individus disparaissent et que chacun se trouve seul face au monde. Suivant cette conception fondamentale du rapport à l’autre et de l’influence, qui se retrouve aussi chez Tarde (1973), celle-ci serait première et c’est par elle que le rapport à l’autre et au monde s’établirait en nous et nous constituerait en tant que personne.

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