Pourquoi Socrate rejette-t-il la comparaison proposée par Simmias entre l’âme humaine et l’harmonie par une lyre dans le Phédon?
Commentaire d'oeuvre : Pourquoi Socrate rejette-t-il la comparaison proposée par Simmias entre l’âme humaine et l’harmonie par une lyre dans le Phédon?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ryan Hamadeh • 1 Décembre 2017 • Commentaire d'oeuvre • 2 443 Mots (10 Pages) • 1 396 Vues
Travail maison sur le Phédon de Platon.
PHI-2800: Platon
Sujet de travail
Pourquoi Socrate rejette-t-il la comparaison proposée par Simmias entre l’âme humaine et l’harmonie par une lyre en 85e-86d?
Rédigé par Ryan Hamadeh (20112594)
Date de remise le 30/11/17
Université de Montréal
La théorie de Simmias est un exemple donné par celui-ci pour faire allusion à une conception divergente de l’âme. L’exemple suppose que l’âme est en effet une harmonie produit par une lyre ; la lyre étant l’objet corporel qu’est le corps, et l’âme telle que l’harmonie est chose ‘‘invisible, incorporelle, absolument belle, divine enfin’’[1]. Ayant donné cette illustration qui fait de l’âme une harmonie, on est conduit à la supposition que le corps, qui, étant l’instrument, est nécessaire pour féconder l’âme. De manière que l’harmonie ne prend existence qu’à partir de la main d’ouvre demandé par l’instrument. D’autre part la théorie stipule que l’âme comme l’harmonie nécessite une certaine tension qui existe dans les cordes de l’instrument afin de conduire à une harmonie, le corps existe en lui une certaine tension qui donne possibilité à l’âme. Cette tension est le résultat d’une unité maintenue par les éléments opposés qui se trouve dans le corps telle que ‘‘le chaud et le froid, le sec et l’humide’’[2] .
La théorie de Simmias porte en elle trois suppositions que rejet Socrate :
- La première ; l’âme étant une harmonie ne peut précéder le corps. Comme l’harmonie qui dépend de son instrument.
- La deuxième ; l’âme est chose composée comme l’est l’harmonie.
- La troisième ; l’âme étant une harmonie ne peut posséder le vice.
Je parlerai des trois arguments de manière successive, en empruntant les théories principales du Phédon afin de rejeter l’analogie de Simmias. Chaque argument présenté prendra comme base une des trois théories:
- L’argument qui établit l’antériorité de l’âme au corps, se retire de la théorie de la réminiscence.
- L’argument qui établit l’unité de l’âme et sa nature non-composé, se retire des théories des idées.
- L’argument du Vice et de la Vertu, prend pour fondement la théorie des opposés.
L’âme est antérieure aux corps :
La thèse de Simmias nous offre une analogie pour mieux établir une position qui rend clair une perspective sur la relation que pourrait avoir l’âme et le corps dans le point de vue de Simmias, cette thèse avance une supposition qui est innée à l’analogie étant celle de l’antériorité du corps par rapport à l’âme. Pour réfuter cette supposition et établir au contraire, l’antériorité de l’âme par rapport au corps, Socrate fait allusion à sa théorie de la réminiscence.
La réminiscence est un ressouvenir, le ressouvenir en tant que souvenir implique que le savoir d’une chose est une découverte qui dans un temps antérieur était la nôtre. L’importance du ressouvenir comme manière d’acquisition du savoir est la façon dont elle situe le savoir même. Le savoir dans un souvenir se situe dans l’âme de l’homme et non dans l’objet existentiel du monde ; au contraire, la thèse de Simmias stipule que tout savoir que peut avoir l’âme, vient de la nécessité corporelle de l’instrument. Afin de faire le lien entre la théorie de la réminiscence chez Socrate et le lien que cela pose envers l’antériorité de l’âme, il faut comprendre que ce n’est pas la réminiscence même qui conduit à la conclusion de l’antériorité de l’âme mais l’existence des idées en soi qui sont éternelle ; la réminiscence, pour elle, démontre simplement que les idées sont préalables aux corps. L’idée de l’antériorité de l’âme est introduite par une analogie que fait Socrate.
Socrate introduit la théorie de la réminiscence à partir du souvenir qu’on éprouve lorsqu’on voit une chose qui est semblable ou dissemblable. La réminiscence à partir des choses semblables est tel qu’en voyant une image ‘x’ dans un portrait, elle nous fait souvenir de la personne ‘y’ dont se portrait fait allusion. De l’autre côté, la réminiscence qu’on éprouve des choses dissemblables est telle qu’en voyant un objet ‘x’, elle nous fait souvenir à l’entité ‘y’, de manière que ‘x’ n’éprouve aucune semblance ou relation avec ‘y’.
L’importance de cet exemple est deux ; premièrement, en voyant l’objet du monde, la personne retourne en lui-même pour saisir l’idée que l’objet fait surgir en lui. Il ne procède pas immédiatement envers l’objet pour la décomposer croyant voir la vérité dans ses parties. Deux, faire compréhension de l’idée que suscite en lui l’objet du monde, est un procès de questionnement et de comparaison que cette personne entame avec lui-même. La personne, après avoir été entamée dans le procès de questionnement, entre la similitude et la dissimilitude dans le corporel et l’idée, peut ensuite décider d’examiner l’objet du monde et la décomposer. Mais cela est toujours entamé sous la tutelle de la raison, qui pour elle a suscité le débat initial qui réside toujours en lui, où le rôle de objet corporel est d’avancer le débat en soi. Le savoir est donc chose qui réside en nous et demande de se révéler à partir de sa propre demeure, par un procès unique à l’homme.
En voyant deux objet qui apparaissent identique, on fait souvenir à l’idée de l’égale. À partir de la connaissance qu’on se procure de l’idée même, on est conduit à la vérité que ces deux objets que nous avons auparavant cru être égales mais qui ne le sont pas. C’est dans l’esprit que « afin de saisir que la chose impure est impure, il faut d’abord saisir la chose pure, tel que la saisie de la norme précède la saisie du défaut, en cela on comprend l’infériorité de l’une envers l’autre »[3].
Nos sensations ont donc pour effet, de nous faire penser à ces réalités dont l’âme a nécessairement acquis au préalable la connaissance. Or, aussitôt nés, nous avons commencé à exercer nos facultés sensorielles. C’est par conséquent, avant notre naissance que notre âme a dû faire siennes ces réalités, dont nos sensations évoquent maintenant en notre esprit le ressouvenir.
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